Cette année, les syndicats du Canada appellent à des mesures urgentes pour éliminer non seulement les dangers visibles en milieu de travail, mais aussi ceux qui ne peuvent pas être vus. Les environnements de travail dangereux, sous-financés ou stressants ont des effets bien réels sur la santé mentale. L’exposition à des substances dangereuses et la mauvaise qualité de l’air intérieur peuvent également causer des séquelles permanentes. Ce n’est pas parce qu’une blessure ou une condition ne laisse pas de cicatrices physiques qu’elles ne changent pas la qualité de vie.
Pendant la seule année 2023, il y a eu au Canada 1 057 décès en milieu de travail et plus de 274 000 réclamations pour blessures entraînant une perte de temps. Ce ne sont pas seulement des chiffres : il s’agit de personnes dont la vie a été écourtée ou modifiée de façon permanente. Et ces chiffres ne représentent que la partie visible de l’iceberg. De nombreuses autres blessures et maladies ne sont jamais signalées, reconnues ni prises en charge, surtout lorsqu’elles sont invisibles.
« Ce n’est pas uniquement la question des accidents — mais des défaillances systémiques », déclare Bea Bruske, présidente du CTC. « Quand on tourne les coins ronds, quand on ignore ou qu’on n’applique pas la réglementation et quand les profits passent avant les personnes, les travailleuses et travailleurs en paient le prix. La loi Westray a pour but de tenir les employeurs criminellement responsables des décès en milieu de travail causés par la négligence. Mais sans application cohérente, le pouvoir de la loi est limité. La vie d’un travailleur n’est pas une dépense d’affaires. »
Les jeunes travailleurs sont particulièrement vulnérables. Un grand nombre d’entre eux intègrent le marché du travail sans connaître les risques qui ne sont pas évidents ; des risques qui peuvent mener à des séquelles durables. Chaque travailleuse et travailleur a le droit de savoir à quoi il est exposé, et chaque employeur a le devoir de fournir un milieu de travail sécuritaire et sain, notamment en protégeant les travailleurs contre les risques invisibles et en reconnaissant que les blessures liées à la santé mentale sont valides et indemnisables.
Le Jour de deuil national de cette année tombe le même jour que les élections fédérales. Les syndicats du Canada exhortent les électeurs à garder à l’esprit le bien-être des travailleurs lorsqu’ils se rendront aux urnes.
« Il est possible de prévenir les blessures et les maladies en milieu de travail ; elles ne font pas partie du travail. Chaque travailleuse ou travailleur mérite de rentrer à la maison en santé et en sécurité à la fin de son quart de travail », indique madame Bruske. « Alors aujourd’hui, nous pleurons, mais nous luttons aussi. Nous luttons pour les vivants. Nous luttons pour la justice. Et nous luttons pour un avenir où aucune personne ne doit risquer sa vie ou son bien-être pour un chèque de paie. »
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