Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Point de mire du 22 octobre 2019

La multiplication des affrontements d'ampleur est à l'ordre du jour !

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

Cette semaine dans Presse-toi à gauche, nous dressons un premier bilan à chaud des élections fédérales. Ainsi, Yves Bergeron revient sur les résultats et les perspectives que trace cette élections, Bernard Rioux commente les prises de positions et les actions menées par les groupes sociaux pendant cette campagne, Christian Morin et Pierre Jasmin craint que les grands gagnants de ce scrutin soit le complexe militaro-industriel canadien, Pierre Beaudet et Richard Fidler évalue les rapports de force entre les différents partis politique suite à cette élection alors que des enseignantes de l’Université Concordia jettent un regard sur les revendications féministes durant cette campagne.

« Aucun gagnant » croit l’auteur de l’analyse des résultats du scrutin de ces élections fédérales qui en ont laissé plusieurs sur leur faim. Les libéraux qui forment un gouvernement minoritaire, les conservateurs qui ne peuvent profiter des faiblesses des libéraux, la social-démocratie qui connaît un important recul et les Verts qui ne réussissent pas à profiter d’une conjoncture favorable. Cette élection a montré tous les travers de la politique fédérale et une réflexion sérieuse doit dorénavant s’orienter vers la construction d’une alternative politique à gauche du NPD et des Verts à l’échelle pan-canadienne.

Les jeunes ont réussi un tour de force en imposant la lutte aux changements climatiques durant cette campagne. Cependant, il est porteur d’illusions sur les rapports qu’il entretient avec le pouvoir. Tout comme les autres mouvements sociaux qui se positionne trop souvent en marge, en position de « faire pression » sur le politique plutôt qu’imposer l’agenda, la mobilisation des jeunes a montré que « la démocratie de la majorité, ça s’impose ».

Par ailleurs, Yvan Perrier poursuit la publication de son analyse des enjeux des négociations du secteur public (ici et ici), Xavier Cavard répond aux prétention du gouvernement de la CAQ à savoir que la coupe systématique d’arbres contribue à lutter contre les GES et Normand Beaudet livre ses impressions à propos d’Extinction Rebellion et du blocage du pont Jacques-Cartier tout récemment.

Sur la scène internationale

Les crises sociales se multiplient dans le monde : Chili, Équateur, Haîti, Liban. Leur source commune est le rejet des inégalités et de la perte de contrôle démocratique aux mains d’oligarchies corrompues et profiteuses. Romaric Godin souligne que le moteur de la contestation pourrait bien être la crise du néolibéralisme qui ouvre à la mulitplication des affrontements.

Trois analyses de la situation économiques combleront la page internationale combinées avec trois exemples de luttes où les femmes ont joué un rôle important.

Concernant les analyses de fonds

Pourquoi ’Banque mondiale’ et ’agroécologie’ ne font pas bon ménage ?

Nous avons retenu cet article car en plus d’expliquer la structure de la Banque Mondiale, il fait le lien avec les politiques néolibérales des plus destructrices des tissus sociaux. L’article débute par expliquer que la Banque Mondiale se structure autour de cinq branches « à travers l’action des cinq institutions qui la composent [3]. Loin de n’être qu’un bailleur de fonds, la BM est donc un groupe constitué de cinq branches : la BIRD, l’AID, la SFI, l’AMGI et le CIRDI » Ensuite, l’auteur situe l’action de cette institution dans le temps. Nous avons retenu 3 moments.

Le premier moment expose la destruction des agricultures paysannes « La solution unique proposée par la BM aux PED, pour se connecter au marché mondial et rembourser leurs dettes, était alors d’exporter leurs ressources naturelles (dont certains produits agricoles) vers les pays industrialisés qui en ont besoin. Ainsi, chaque pays s’est spécialisé dans quelques produits d’exportation au détriment des cultures vivrières » La dépendance agricole a ainsi été crée alourdissant davantage les dettes et l’appauvrissement des pays en développement.

Le deuxième moment est celui de la stratégie envers le secteur privé « Cette nouvelle conditionnalité apparue dans les années 1990 et souvent utilisée comme synonyme de « bonne gouvernance » signifie que les gouvernements doivent changer leurs lois afin de protéger les intérêts du secteur privé. » Les transnationales, l’agrobusiness et les grandes entreprises sont ainsi privilégiées dans les pays en dette. Et de cela découle une politique sur les investissement foncier « La BM recommande, d’abord, aux États de formaliser les droits de propriété sur les terres afin de prévenir les « empiètements ». Or, cette vision nie les réalités locales et met en danger la vie de populations entières au Sud. En effet, la BM fait semblant d’ignorer que majorité de ces « empiètements » dans les PED est, en réalité, l’utilisation de terres du domaine public par les paysan.ne.s, les pasteurs et les peuples autochtones pour leur subsistance. Cette vision néolibérale qui affirme la primauté des droits de propriété privée individuels sur les droits collectifs écrase les traditions de ces pays où la terre est gérée de manière collective sur base de droits coutumiers ».L’auteur conclut son texte en offrant des options pour changer l’exploitatin de la Banque mondiale.

Retour sur la panique à la Réserve fédérale en septembre 2019 et les solutions à la crise

Ce deuxième texte est aussi un exercice pédagogique pour nous faire comprendre l’imminence d’une crise économique en nous expliquant le crash financier que connaissent les banques depuis septembre. « A partir du 16 septembre, une situation de crise s’est présentée : les banques pour se financer sur le marché repo ont été confrontées à des taux anormalement élevés, le marché interbancaire était quasiment asséché, d’où l’expression credit crunch, c’est-à-dire que les banques ne souhaitaient pas se prêter du cash les unes aux autres même pour 24 heures. Les autres prêteurs (par exemple, les Money Market Funds) ont profité de la situation pour exiger une rémunération très élevée. Alors que le taux normal est de l’ordre de 2 %, les prêteurs exigeaient jusqu’à 10 %. En conséquence, les grandes banques ont frappé à la porte de la Fed et lui ont demandé de jouer le prêteur de remplacement et cela au taux qu’elles considèrent comme normal, c’est-à-dire autour de 2 %. La Fed a hésité un moment, puis est intervenue massivement dans un climat de fortes incertitudes, voire de panique, en injectant le 17 septembre 2019 pour plus de 50 milliards de dollars de liquidités. La Fed s’est donc substituée aux marchés. »

L’auteur poursuit son raisonnement en mentionnant que les banques ne manquent pas de liquidités. Elle en ont mais les dépensent dans l’achat de dettes pour faire rapidement du profit. Pas d’argent qui dort dans les tiroirs, juste de l’argent qui travaillent !!! Le comportement des banques répond à une logique capitaliste : faire un maximum de profits dans le temps le plus court. En conséquence leurs dirigeants cherchent à garder en réserve le moins de cash possible dans leur trésorerie car cet argent qui « dort dans le tiroir-caisse » (ce n’est qu’une image) de la banque ne produit pas de profit. Dès lors, les banques achètent un maximum de titres.

La deuxième partie de l’article porte sur les solutions à apporter pour que le système bancaire soit au service de la population. L’auteur insiste sur le lien avec les citoyens et citoyennes et sur les pouvoirs publics. Il définit très précisément ce que voudrait dire une socialisation du système bancaire. Il conclut ainsi « La socialisation du secteur bancaire et des assurances est un point fondamental d’un projet bien plus vaste comportant d’autres mesures permettant d’enclencher une transition vers un modèle post-capitaliste et post-productiviste ».

Le FMI met le feu aux poudres

Ce dernier article à saveur économique, dénonce les politiques néolibérales du Fonds Monétaire Internationale à partir de deux mouvements de masse : celui en Équateur et celui en Argentine. « L’organisation internationale poursuit son travail de gendarme économique, quel qu’en soit le prix à payer par les populations concernées, afin qu’aucun de ses 189 États membres ne s’écarte du chemin néolibéral qui leur est tracé. L’Équateur et l’Argentine où ont émergé les slogans « que se vayan todos », (qu’ils s’en aillent tous) à l’égard de la classe politique sur fond d’accords avec le FMI, en illustrent l’actualité. » L’auteur relate la luttes des Équatoriens et Équatoriennes qui se sont massivement mobiliséEs et qui ont fait reculer le gouvernement de Moreno quant à l’application de mesures néolibérales exigées par le FMI.

Cette défaite a eu des impacts à Washington et les personnes représentant le FMI souligne vivre des périodes difficiles. « Nous soutenons les autorités. Nous traversons une période difficile et nous voudrions que des réformes soient menées à bien et qu’elles soient couronnées de succès ». [4] Car en effet, même s’il est incité à assouplir ses conditions, le FMI compte bien renégocier le calendrier des réformes dont dépend le déboursement des fonds promis. » En Argentine le gouvernement Macri applique aussi des politiques d’austérité qui entraînent pauvreté et malnutrition. Des milliers de manifestantES ont campé dans le centre de Buenos Aires et 200,000 femmes se sont mobilisées pour leurs revendications:avortement, fin des violences, éducations et droits des minorités. Le FMI voit là aussi ses politiques remises en cause. Le prochain gouvernement argentin pourra-t-il affronter ces institutions toutes puissantes au nom des droits de leur population ?

À suivre.

Concernant des luttes de femmes

Les femmes se mobilisent de plus en plus partout dans le monde. Il faut en parler et éviter que ces luttes passent sous silence. Nous en avons retenu trois : une sur la solidarité avec les Femmes Kurdes, une autre avec les femmes à Buenos Aires et une déclaration en solidarité avec l’Équateur de la Marche Mondiale des Femmes

Déclaration des femmes : Stopper immédiatement l’occupation et la guerre turques dans le nord-est de la Syrie !

« Les femmes du Rojava l’ont toujours souligné : « Nous avons défendu la révolution des femmes avec nos sacrifices. Nous menons notre combat au nom des femmes du monde entier. » La guerre turque contre les femmes et les peuples du nord-est de la Syrie sont une agression contre nous toutes et tous. Elle vise les acquis et les valeurs de nos combats pour les droits des femmes, la liberté et la justice, où que ce soit dans le monde. Avec la campagne internationale Les femmes défendent le Rojava (Women Defend Rojava), nous nous unissions contre le fascisme, l’occupation et le patriarcat. Nous levons nos voix pour la reconnaissance de l’administration autonome du nord-est de la Syrie, pour la paix et la justice en Syrie. »

Buenos Aires : Les femmes indigènes occupent le ministère de l’intérieur. « Dites au ministre que les femmes autochtones disent : ça suffit »

« Les femmes autochtones auto-convoquées des territoires en conflit attendons depuis près de 6 heures le ministre de l’Intérieur Rogelio Frigerio afin de présenter nos dénonciations et revendications. Il y a eu un triste défilé de fonctionnaires de rang très inférieur qui essaient de nous convaincre de quitter le bâtiment pour avoir des réunions stériles avec eux. Nous ne partirons pas. Nous en avons assez de la répression, des expulsions, des morts, de la destruction et de la contamination de nos territoires. Nous ne partirons pas tant qu’un État, et non un gouvernement, ne nous donnera pas de réponses concrètes et définitives à nos demandes. Nous ne sommes pas effrayés, nous n’avons pas peur, nous sommes juste très indignées et dignes de rage. Nous ne venons pas seules, la terre que nous habitons et les énergies qui nous habitent nous accompagnent. Ici, nous sommes fermes et sur nos pieds. Nous exprimons notre solidarité avec les peuples qui résistent, comme le peuple équatorien. Nous continuerons à vous attendre, Monsieur le Ministre. »

Toute notre solidarité avec le peuple équatorien !

« Nous de la Marche mondiale des femmes exprimons notre solidarité avec la lutte du peuple équatorien contre le néolibéralisme, en particulier avec les femmes de l’Équateur. En Amérique et dans le monde entier, nous continuons à marcher contre le néolibéralisme et l’autoritarisme jusqu’à ce que nous soyons tous et toutes libres !
Femmes libres et peuples souverains ! Sortez du FMI ! »

Bonne lecture

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