Édition du 16 avril 2024

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Laïcité

Laïcité, crise climatique et diversion

Le Québec est plongé dans la controverse depuis le dépôt du projet de loi sur la laïcité. Attitude autoritaire mais souriante du premier ministre, montée aux barricades de certaines commissions scolaires et associations, critique vigoureuse des partis d’opposition, analyse nuancée mais néanmoins négative de certains intellectuels, la polémique occupe le devant de la scène et suscite une polarisation de plus en plus toxique.

N’aurions-nous pas pu aborder cette importante question de la laïcité avec un peu plus de bon sens et de retenue ? Nous sommes tous d’accord sur la séparation de l’Église et de l’État, n’est-ce pas ? La neutralité religieuse des fonctionnaires, tout comme la neutralité politique qui leur est imposée depuis longtemps, devrait être un paramètre de base.

Au lieu de déclarations empestant la malhonnêteté intellectuelle, du genre : « Personne ne devrait avoir à choisir entre son emploi et sa religion », ne pourrions-nous pas faire appel, d’une part aux personnes qui portent des signes religieux, d’autre part aux chefs religieux, pour trouver un accommodement raisonnable permettant aux croyants de retirer les objets du litige pendant leurs heures de travail sans pour cela que les portes de l’enfer leur soient ouvertes ?

Oserai-je parler de mon expérience personnelle ? Élevée en France dans une famille croyante et pratiquante, fille d’instituteurs de l’école publique, je n’ai jamais perçu le moindre malaise : j’allais à l’école la semaine et au cours d’enseignement religieux la fin de semaine. Laïcité et respect des croyances vont de pair.

Cette polémique qui occupe les Québécois joue un autre rôle, encore plus toxique selon moi : pendant que nous nous chicanons pour savoir si les enseignants peuvent porter un hidjab, une croix, une kippa ou un turban, nous ignorons l’éléphant qui est dans la pièce. La crise climatique est là, et nous ne faisons rien, ou si peu !

Alors que tous les voyants sont au rouge, que nous pouvons encore limiter les dégâts si nous agissons fermement, que les jeunes sont dans la rue pour clamer leur droit à un avenir, le dossier de la laïcité fait ici diversion (tout comme l’affaire SNC Lavalin au niveau fédéral). Pourquoi ?

De grâce, revenons sur terre. Faisons appel à la bonne volonté de tous. Finalement, il m’importe peu que les enseignants portent ou non des signes religieux. J’aimerais qu’ils soient conscients de leur rôle dans l’éducation des enfants à l’écocitoyenneté et qu’ils descendent dans la rue avec tous ces jeunes qui demandent aux gouvernements d’ouvrir les yeux et de s’occuper des vraies affaires : leur avenir !

Denise Campillo
ROXTON FALLS
Le 7 avril 2019

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