Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

États-Unis

Le retour en force du discours de l’extrême droite

« Il faut les bombarder et les irradier de la terre »

« Ceux qui ne sont pas des véritables Américains, il faut les déporter »

« En solidarité avec les Français, il faut aller en guerre »

Ce sont des propos entendus venant des candidates républicains et de l’extrême droite ces derniers jours dans la campagne à l’investiture. Même le Président Obama a déclaré que les États-Unis étaient dans « une guerre de civilisation », ce qui faisait référence au livre de Samuel Huntington « Le choc des civilisations » qui avait tant inspiré Bush. Lors de l’avant-match des Packers de Green Bay, au moment de la minute de silence, un partisan a crié : « Tous les musulmans sont des tueurs ». 
 
Bref, les attentats de Paris font resurgir le discours de l’extrême droite, qui vise en particulier la population musulmane, mais qui démontre aussi cette attitude profonde qui persiste aux États-Unis : « nous sommes « the best and the brighest » et le reste du monde, c’est la canaille ».
 
Entre-temps, il faut noter certains faits. Les milices d’extrême droite et néo-fascistes ont quadruplé depuis la venue au pouvoir d’Obama. L’« Ayrien Nation », groupe néo nazi voué à la suprématie blanche et à la famille chrétienne ont étendu leurs tentacules dans le nord-ouest, particulièrement au Montana et dans l’Idaho. Les « Survivalist », qui prêchent une éventuelle guerre apocalyptique entre les blancs et le reste du monde, sont en pleine expansion. (Voir à ce sujet le roman poste apocalyptique de Cormac McCarthy, « La Route » (en anglais The Road), où nous voyons les États-Unis divisés entre les blancs devenus chasseurs et le reste devenu les proies). Mais le pire est que ce discours fascisant a pénétré la culture et la pensée américaine. 
 
Les organisations qui lutte contre le libre choix pour l’avortement, comme « Focus on Family », affirment que, si vous être pour le libre choix, vous êtes contre les vraies valeurs américaines. Cette allusion aux « vraies valeurs américaines » est devenue l’enveloppe identitaire pour les groupes de l’extrême droite. Dans l’histoire américaine, c’est une tradition : le tristement célèbre Klu Klux Klan (KKK), les Know Nothings (un parti contre l’immigration), l’American Nazi Party de George Lincoln Rockwell, le John Birch Society (farouchement anti communiste et anti sémite) et j’en passe. Plus récemment, l’État de l’Arizona a aboli la journée Martin Luther King et déclaré que la langue anglaise est la seule langue officielle, alors qu’au moins 40% de la population est latino. En passant, le PQ à l’époque avait salué cette décision sur la langue.
 
Par chance, il y en a beaucoup qui luttent contre cela. Le 7 novembre dernier, Kshama Sawant, une candidate socialiste, a été réélue sur le conseil municipal de la ville de Seattle. Soutenu par 600 bénévoles, 30 syndicats et une douzaine d’organisations progressistes, elle a battu le candidat néolibéral de la Chambre de commerce. Soutenu aussi par Jeremy Prickett du syndicat des machistes de Boeing et également socialiste, Kshama rejoint ceux et celles qui ont été élues sur des plateformes progressistes à Oakland (Californie) et Madison (Wisconsin). Ces modestes percées socialistes semblent être une conséquence de l’« effet » Bernard Sanders, qui catalyse les mouvements progressistes sans avoir peur de dire le mot socialiste, et ainsi confronter l’extrême droite qui aspire, rien de moins, à prendre le pouvoir aux États-Unis.

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