Édition du 29 octobre 2024

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Syndicalisme

Legault, LeBel et le patient : l’autre histoire des négociations

Malgré le chantier sur la réussite et les millions annoncés dans le dernier budget pour l’enseignement supérieur, il n’y a aucune ressource substantielle pour les profs à la table de négociation. Monsieur Legault, madame LeBel, les patients contribuables et employé.es que nous sommes vous invitons à une sortie de crise reposant sur une entente négociée qui permettra une rentrée automnale offrant des conditions d’enseignement bonifiées.

Lucie Piché est présidente de la FEC-CSQ.

« Personne ne pourra m’accuser de ne pas avoir été patient  », a déclaré le premier ministre Legault ce dimanche lors d’une conférence de presse spectacle au lendemain du 1er mai. La patience, cette capacité de quelqu’un qui supporte avec constance et résignation les désagréments, est en effet une belle qualité. Les profs de cégep et l’ensemble du personnel du secteur public en conviennent sans aucun doute.

D’ailleurs, depuis le début de la pandémie, le personnel enseignant a aussi fait preuve d’une grande patience, ayant fait face à de nombreux « désagréments » en devant s’adapter en deux semaines à l’enseignement en ligne, puis aux changements fréquents des consignes sanitaires. À la table de négociation depuis trop de mois, nous nous efforçons par ailleurs de résoudre les principaux « désagréments » énoncés par nos membres lors des consultations réalisées en 2019… Précarité, alourdissement de notre travail provoqué par la multiplication des étudiant.es en difficultés ou en situation de handicap et remise en question de notre autonomie professionnelle. À cette courte liste de « nos impatiences » s’ajoute l’enseignement à distance qui en fait désormais partie intégrante en raison de la pandémie, et de la révolution numérique qui imposent au personnel enseignant un nécessaire perfectionnement. Pourtant, à la table de négociation, les échanges ne progressent pas, de quoi mettre à mal notre résignation face aux « désagréments » que nous vivons depuis trop longtemps, ce qui nous a incités à exercer une première journée de grève le 30 mars dernier.

Mais revenons à notre premier ministre qui, dans le même exercice de communication, s’est livré avec la responsable du Conseil du Trésor, madame LeBel, à un improbable exercice de calcul permettant d’affirmer que 1,75 % + 1,75 % + 1,5 % donnent 8 % d’augmentation salariale ! Même Pierre-Yves McSween le reconnait : « Pour une fois, je suis d’accord avec les chefs syndicaux pour leur argumentation mathématique », car on ne peut pas inclure les montants forfaitaires dans les offres salariales. Dans leur même numéro d’équilibriste, François Legault et Sonia Lebel nous ont également « invités » à conclure les négociations d’ici deux ou trois semaines, et ce, sans ressources supplémentaires, alors que les besoins en matière d’organisation du travail sont criants. 

Le refus du gouvernement Legault de négocier de bonne foi nous incite à poursuivre notre mobilisation. C’est donc à contrecœur que nous exercerons la grève, comme prévu, le 13 mai prochain, conscient.es que la pandémie nous a poussés dans nos derniers retranchements et que toutes et tous aspirent surtout à la fin de la session pour un temps d’arrêt bien mérité. Les journées de grèves annoncées notamment dans le réseau scolaire (personnel de soutien de la CSQ le 4 mai), puis dans le réseau collégial (13 mai pour les profs, le personnel de soutien et les professionnels de la CSQ) ainsi que dans de nombreux secteurs des services publics, démontrent toutefois que cette patience a des limites. Malgré le chantier sur la réussite et les millions annoncés dans le dernier budget pour l’enseignement supérieur, il n’y a aucune ressource substantielle pour les profs à la table de négociation. Monsieur Legault, madame LeBel, les patients contribuables et employé.es que nous sommes vous invitons à une sortie de crise reposant sur une entente négociée qui permettra une rentrée automnale offrant des conditions d’enseignement bonifiées. 

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