Édition du 16 avril 2024

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Gaz de schiste

Les gaz de schiste : sacrifier la terre

Presse-toi à gauche vous présente une analyse des enjeux reliés à l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste en France et en Europe. Les lectrices et lecteurs aviséEs y remarqueront d’étranges similitudes avec la situation québécoise.

Le sous-sol européen et français possède des gaz de schiste et les prospecteurs sont envoyés  ! Peu importe que ce soit une source d’énergie épuisable et polluante si cela permet aux puissants de garder leur place et de ne pas remettre en cause le modèle économique, capitaliste, énergivore.

Depuis mars 2010, en grand silence, le ministre de l’Écologie (alors Borloo) accorde des permis d’exploration de gaz à Total, GDF-Suez, aux texans Schepbach Energy dans l’Hérault, l’Aveyron, le Gard, l’Ardèche. Il s’agit du permis de Nant (4 414 km² – presque la taille de la Lozère en superficie – n’hésitant pas à manger le parc national des Cévennes), du permis de Montélimar (4 327 km²), du permis de Villeneuve-de-Berg (931 km²). Mais il en existe aussi dans le Nord-Pas-de-Calais, en Lorraine, dans le Jura, la Loire et le Bassin parisien (Château-Thierry). Il va sans dire que la population n’a jamais été consultée. Que le chapitre I du code de l’environnement s’intitule  : «  Participation du public à l’élaboration des projets d’aménagement ou d’équipement ayant une incidence importante sur l’environnement et l’aménagement du territoire  » n’est pas bien grave…

Les procédés d’extraction du gaz schisteux sont très polluants  : il s’agit de nombreux forages à plus de 2 000 mètres de profondeur (avec tout le trafic qui va autour, usines, camions…) utilisant la technique américaine de la fracturation hydraulique, c’est-à-dire l’injection dans le sol d’un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques (poly acrylamide, iso propanol, xylène sulfonate de sodium… [1]…), la qualité de l’air n’est pas épargnée.

Ce ne sont pas des pollutions supposées mais réelles, telles qu’on a pu les constater aux États-Unis (où le gaz de schiste est devenu la seconde source d’énergie) et au Québec.

Aux USA, Josh Fox qui a réalisé un film (Gasland) sur la pollution due à l’extraction de gaz schisteux, a été ajouté à la Terror Watch List du ministère de l’Intérieur américain. Après visionnage du film par des membres de l’Assemblée de l’État de New-York, celui-ci a toutefois voté un moratoire sur la fracturation hydraulique. Au Québec, après les résultats d’inspection de 31 puits, le gouvernement a reconnu que 19 d’entre eux fuyaient et laissaient échapper du gaz naturel. Mais le directeur du bureau des hydrocarbures, philosophe, déclare qu’«  on est pas inquiets de la situation pour la santé des gens, étant donné que le gaz est naturellement présent dans le sol  » [2]…

En France, contestations et résistances s’organisent. En décembre, José Bové a demandé le gel des prospections, à Saint-Jean-du-Bruel, dans l’Aveyron, un comité de vigilance s’est formé avec 300 personnes, et la commune de Sainte-Eulalie-de-Cernon a voté une demande de moratoire. Le maire du Vigan s’est indigné auprès de la nouvelle ministre directement par courrier. [3]

Sur le plan économique, les régions concernées par l’extraction risqueraient de devenir dépendantes de l’unique matière première gaz, délaissant alors tous les autres secteurs comme l’agriculture, les petites industries locales, le tourisme et bien sûr détruisant complètement et le paysage et le mode de vie des habitants. Bienvenue en démocratie  ! Qu’apportera au final cette énergie et cette illusoire indépendance énergétique du pays  ? Des millions, toujours pour les mêmes (il suffit de regarder qui a les permis d’exploration), de l’esclavage et de la soumission pour les autres. Ni le bien-être, ni l’évolution, ni le progrès n’ont besoin de détruire la terre, seul un mode de vie capitaliste, basé sur le profit, en a besoin.

L’énergie doit faire partie du domaine public et doit être l’affaire des citoyens. Pour l’heure, on veut leur imposer par force et violence des projets dont ils n’ont pas besoin, qui ne leur bénéficient pas, mais bien au contraire qui vont détruire leur région. Il s’agit, avec eux, de rester vigilants et mobilisés pour faire échouer ces projets destructeurs et autoritaires d’extraction des gaz de schiste.

Notes

[1] Liste fournie par la compagnie albertaine Questerre au Québec.) à très haute pression, peu importe s’il y a de nombreuses nappes phréatique dans le site (comme c’est le cas dans le Larzac), n’hésitant pas, entre autres, à s’asseoir sur l’article 27 du Grenelle de l’environnement qui parle de «  garantir l’approvisionnement durable en eau de bonne qualité, propre à satisfaire les besoin essentiels des citoyens  ». De plus, via certains composants émis (oxydes d’azote, monoxyde de carbone, dioxyde de soufre [[Source : AQLPA

[2] Terra Eco. 6 janvier 2011 – Gaz de schiste : des fuites dans les puits québécois.

[3] Midi libre du 7 janvier 2011.

Julien Hochart

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