Édition du 16 avril 2024

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Asie/Proche-Orient

Les groupes palestiniens de défense des droits disent que l’étiquette « terroriste » donnée par Israël ne les arrêtera pas

Le directeur d’Al-Haq, une des six organisations et le groupe de défense des droits humains palestinien le plus important dans les territoires, a dit que les groupes réfléchissaient à leur prochaine action juridique et qu’ils n’arrêteraient pas leur travail.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Les six organisations de la société civile palestinienne en Cisjordanie que le ministre de la Défense Benny Gantz a désignées comme groupes terroristes vendredi dernier ont dit dans des communiqués samedi qu’elles ne seront pas dissuadées par ce qu’elles ont appelé des efforts pour les réduire au silence.

Al-Haq, l’une des six, est le groupe de défense des droits humains palestinien le plus important dans les territoires et il a un statut consultatif spécial pour le Conseil économique et social des Nations Unis. Le service de sécurité du Shin Bet a dans le passé empêché plusieurs fois son directeur, Shawan Jabarin, de quitter la Cisjordanie pour se rendre à l’étranger.

Fondée en 1979, Al-Haq compile des rapports sur les violations des droits humains dans les territoires, tant par Israël que par l’Autorité palestinienne. L’année passée, Al-Haq a publié des rapports sur les travailleurs palestiniens dans les colonies et la dépendance de l’économie palestinienne par rapport à eux, sur la torture dans les prisons de l’Autorité palestinienne et sur l’annexion de facto de la Cisjordanie par Israël.

Al-Haq est aussi l’une des forces qui ont amené Israël devant la Cour pénale internationale à La Haye.

Jabarin a dit qu’Al-Haq n’avait reçu aucune notification préalable de l’ordre [de Gantz] et mettait Israël au défi de présenter la preuve de ses affirmations. Parlant à une conférence de presse commune à Ramallah ce samedi, Jabarin a dit que les groupes réfléchissaient à leur prochaine action juridique et qu’ils n’arrêteraient pas leur travail. « Gantz dit que nous sommes une organisation terroriste, alors qu’il est lui-même un criminel de guerre », a déclaré Jabarin.

Une autre organisation sur cette liste israélienne des organisations terroristes est Addameer, fondée en 1991, qui offre une assistance juridique aux Palestiniens dans les prisons israéliennes, publient des données sur eux, et font pression contre le système de justice militaire d’Israël, la détention administrative, le confinement à l’isolement et le refus d’aide médicale correcte pour les prisonniers. Addameer a défendu l’ancienne députée au Parlement palestinien Khalida Jarrar et Samer Arbid, accusé du meurtre de Rina Shnerb et considéré comme chef d’une cellule terroriste, en mettant à jour l’usage de la violence pendant son interrogatoire.

Addameer dit qu’il essaie de «  construire une société palestinienne libre et démocratique basée sur la justice, l’égalité, les règles de droit et le respect pour les droits humains dans le cadre plus vaste du droit à l’auto-détermination ».

L’armée israélienne a perquisitionné plusieurs fois les bureaux de l’organisation, la dernière fois en 2019, saisissant les ordinateurs, l’équipement vidéo et des documents contenant de l’information sur les prisonniers des affaires desquels Addameer s’occupait. Rien que la semaine dernière, Addameer annonçait qu’Israël avait révoqué le statut de résidence à Jérusalem de l’un de ses avocats, Salah Hammouri. Addameer a dit que la raison invoquée était l’implication de Hammouri dans une « activité terroriste ou une association avec une entité terroriste », sur la base d’une information confidentielle.

Saher Francis, la directrice d’Addameer, a dit aux journalistes samedi que l’ordre de Gantz était le poiint culminant de mesures prises au fil des années pour mettre à mal les organisations. « Particulièrement à la lumière de la décision de la Cour pénale de La Haye de lancer une investigation et du changement dans ce que le monde a commencé à dire à propos du colonialisme et de l’apartheid – cela inquiète l’occupation et nous pensons que c’est une nouvelle tentative pour nous réduire au silence  », a-t-elle dit.

Défense internationale des enfants – Palestine (DCI-Palestine) a été fondée en 1991 en tant que branche de l’organisation internationale Défense des enfants, dont la siège est à Genève, en Suisse. DCI-Palestine fournit une assistance juridique aux enfants dans les tribunaux militaires d’Israël et conduit des recherches sur les enfants emprisonnés par Israël, ainsi que sur l’impact de l’occupation sur les droits des enfants, dont le droit à l’éducation et à un abri. L’organisation documente les occasions où des mineurs palestiniens sont tués par Israël, dont une vidéo montrant l’assassinat mortel de Nadim Nawara, 17 ans, pendant une manifestation pour la Journée de la Nakba à Bitunya en 2016.

En juillet, l’armée israélienne a perquisitionné les principaux bureaux de DCI-Palestine à El Bireh près de Ramallah. Selon le rapport de l’organisation, les soldats ont fracassé la porte et confisqué six ordinateurs de bureau, deux ordinateurs portables et des dossiers de mineurs emprisonnés par Israël qui sont représentés par l’association.

L’Union des comités de travail agricole, fondée en 1996, a établi des comités agricoles dans toute la Cisjordanie et à Gaza. L’objectif de l’organisation, selon son site web, est de contribuer au secteur agricole en favorisant « la détermination des fermiers et des moyens d’existence durables pour eux ». Selon le rapport annuel de l’organisation pour 2019, elle a aidé à restaurer des terres cultivables, a pavé des routes agricoles et a construit des citernes d’eau de pluie. L’organisation a investi des ressources importantes dans la Zone C de la Cisjordanie (sous complet contrôle militaire et civil israélien).

Deux des membres de l’organisation sont des membres du Front populaire pour la libération de la Palestine : Samer Arbid et Abed el-Razeq Faraj, qui a été accusé d’être complice dans le meurtre de Shnerb, et d’occuper une position dans une organisation non-reconnue. En juillet, l’armée israélienne a perquisitionné les bureaux de l’organisation à El Bireh et y a laissé un ordre de fermeture pour six mois.

Le Centre Bisan est un think tank établi en 1989. Selon sa déclaration de mission, il oeuvre à faire avancer les valeurs démocratiques et progressistes. Bisan épouse une vision du monde de gauche et critique le rôle de l’occupation israélienne dans la pauvreté en Cisjordanie ainsi que les politiques néolibérales de l’Autorité palestinienne. En mars, Bisan a publié un périodique intitulé Le Progressiste avec des articles sur le désengagement économique par rapport à Israël. Samedi, Bisan a rendu publique une déclaration disant : « Cet ordonnance de l’état d’apartheid confirme la nature criminelle de l’occupation israélienne. La décision accompagne des efforts ciblés du ministère des Affaires étrangères israélien pour noircir les organisations et couper les liens entre elles et leurs partenaires à l’étranger ». Fin juillet, l’armée israélienne a perquisitionné les bureaux du Centre Bisan.

En septembre 2019, Israël a arrêté l’ancien directeur de Bisan, Eteraf al-Rimawi, alors qu’il était directeur du Conservatoire de musique Edward Said. Dans une négociation de plaidoyer en 2020, il a été jugé coupable d’occuper une position dans une organisation interdite et d’en être membre, ainsi que d’activités dans le Front populaire (principalement dans son bras étudiant, selon la sentence). Il a été condamné à 42 mois d’emprisonnement.

L’Union des comités de femmes palestiniennes, un autre groupe sur la liste de Gantz, a été fondée en 1980. Sa mission selon son site web est de promouvoir une société palestinienne avancée, libre de toute discrimination. L’organisation entraîne les femmes à participer à la politique, les aide dans l’établissement de coopératives et préserve les artisanats traditionnels palestiniens. L’organisation offre aussi une aide juridique et psychologique aux femmes.

La directrice de l’Union, Khitam Saafin, a été arrêtée par Israël en 2020 et placée en détention administrative pendant six mois. En mai, alors qu’elle était en détention administrative, elle a été inculpée pour détention d’une position dans une organisation illégale. L’organisation a publié une déclaration samedi, disant qu’elle considérait diffamante l’ordonnance de Gantz et qu’elle avait pour objectif d’entraver le droit des Palestiniennes à « défendre leurs droits nationaux, sociaux, culturels et juridiques ».

Hagar Shezaf pour Haaretz

Traduction CG pour l’AURDIP

https://www.aurdip.org/les-groupes-palestiniens-de.html

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