Édition du 26 mars 2024

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Opinion

Les régions : à vendre ou à donner ?

Avec la mondialisation et par ricochet la centralisation, les régions pourtant nourricières et sources de matières premières importantes à notre survie sont traitées avec une indifférence totale. Seules et oubliés à leur triste sort. Tout peut leur arriver sans émouvoir personne, et sa population y est trop souvent prise en otage.

L’exemple le plus probant pour moi est le futur projet de port méthanier de Cacouna. Projet peu médiatisé, passé sous silence et ignoré de tous. Pourtant ce projet détruira l’environnement, contribuera à augmenter les gaz à effets de serre, augmentera l’asthme au sein de la population la plus vulnérable, détruira la faune et la flore... Et poutant le BAPE de Cacouna s’est déroulé dans l’indifférence la plus totale. Pas un seul chef de parti ne s’est levé pour dire NON au projet de Cacouna. Il est vrai qu’en terme électoral un petit village comme Cacouna rapporte peu et est situé si loin des grands centres que tout peut s’y passer sans que l’on n’en sache rien, dans l’indifférence et l’ignorance la plus totale. Ce projet ne va bénéficier qu’aux promoteurs et aux multinationales, Pour les citoyens, ce projet sera en fait synonyme de destructions environnementales, de pertes touristiques, d’exodes de la population locale, soit la mort lente et totale d’une région.

Les régions, de vastes poubelles ?
Les régions vont devenir, au fil des projets plus invraisemblables les uns que les autres, de vastes poubelles. Elles n’ont pas les ressources suffisantes en nombre et en argent pour se battre et gagner contre Goliath. Il est vrai que le Québec de par sa géographie et son immense superficie, fait que certaines choses qui se passent chez nous, nous donnent parfois l’impression qu’elles sont si éloignées de nos vies qu’elles ne nous concernent pas et se passent presqu’en pays étranger. Les régions éloignées, où parfois la vie se déroule en vase clos, se retrouvent ainsi fragilisées dans leur lutte. En effet dans un système inter-relié et inter-dépendant où tous se connaissent et s’y reconnaissent, il est parfois difficile d’y défendre publiquement ses idées sans blesser un proche, un confrère de travail, un ami ou parfois même un patron… Plusieurs choisissent même de se taire de peur de représailles. Et pourtant, des pans entiers de notre patrimoine naturel extraordinaire vont disparaître à cause de ces projets.

Le Mont Orford aurait-il eu autant d’appuis s’il se trouvait en Gaspésie ? Oui, les régions sont complètement oubliées de tous au profit des grands centres. Et pourtant, elles sont dans une situation extrêmement dangereuse car convoitées par d’innombrables promoteurs et multinationales qui n’ont que l’appât du gain comme préocupation. Ces multinationales sont prêtes à tout pour s’enrichir : à acheter les gens, les terrains, les politiciens, les hommes d’affaires… Les régions se font vider de leur sang et de leur âme. Bientôt le Québec ne nous appartiendra plus mais sera aux mains de Wall Street. Les régions sont devenues le nouveau Klondike pour les gens d’affaires.

Où irons-nous en vacances dans quelques années ? Visiter les sites d’enfouissement de matières radioactives qui proviennent d’on ne sait trop où, les ports méthaniers qui jalonneront le fleuve, les incinérateurs géants, les tracés de gazoducs qui empiètreront sur nos terres agricoles, les éoliennes qui poussent comme des champignons en dehors de tout bon sens.....

Rester maîtres de nos avoirs

Nous devons rester maîtres de nos avoirs. Il est grand temps que nos richesses restent chez nous, soient transformées chez nous, profitent aux régions et soient nationalisées dans le cas de l’éolien notamment. Aidons nos régions à se prendre en main afin de garder leurs écoles ouvertes, leurs bureaux de poste, créer des loisirs, des parcs, des services… À perte peut-être au début mais combien payant à long terme pour contrer l’exode des jeunes et redonner le goût aux jeunes familles de venir s’y établir. Il faut qu’elles redeviennent un milieu de vie dynamique et intéressant d’abord pour qu’ensuite le charme opère tout naturellement. Pour rester forts les grands centres ont besoin des régions et vice-versa.

Laissons faire la mondialisation qui par sa concurrence féroce fait en sorte de saccager l’environnement, d’appauvrir les gens, d’appauvrir les pays en voie de développement, de faire mourir nos industries... Conduisons différemment en mettant la pédale douce, en nous réappropriant nos ressources, nos milieux de vie. Choisissons une vie à échelle humaine où le dieu suprême n’est plus uniquement le bénéfice et l’argent. Mais surtout, gardons nos richesses chez nous et pour nous. Refusons de les laisser s’envoler aux mains étrangères pour presque rien.

Je lève mon chapeau à tous ceux et celles qui vivent en région et choisissent malgré tout de s’y battre et d’y rester. Nous leur devons tous une fière chandelle et je leur en suis très reconnaissante pour les générations futures.

Mots-clés : Opinion

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