Édition du 15 octobre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Environnement

Lettre ouverte adressée à M. Dave Boulet, vice-président exploitation de la Sépaq

Lettre ouverte adressée à M. Dave Boulet, vice-président exploitation de la Sépaq à Mme Nathalie Julien Boucher, directrice Sépaq pour l’Aquarium du Québec ; à M. Christophe Zamuner, Directeur général, établissements touristiques Sépaq, à M. Jacques Caron, PDG de la Sépaq ; au conseil d’administration de la Sépaq ; à M. Bruno Marchand, maire de Québec ; à Mme Joëlle Boutin, députée de Jean-Talon à l’Assemblée nationale ; à M. Benoit Charette, ministre de l’Environnement du Québec.

La Sépaq vit-elle sous une roche ?

Le GIEC publie son énième rapport catastrophe. L’UNESCO annonce le risque imminent d’une crise mondiale de l’eau. La Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale émet son rapport coup-de-poing sur la piètre qualité de l’air à Québec. Il faudrait vivre sous une roche pour ne pas être un tantinet préoccupé de l’avenir de nos enfants. Pourtant, la Sépaq s’apprête à déboiser une partie du terrain de l’Aquarium du Québec. Ironique, pour une organisation dont l’orientation première, dans son plan stratégique, est de poser « des actions afin de veiller à la conservation du patrimoine qui lui est confié, et ce, dans le respect des principes de développement durable et en concertation avec les communautés locales et régionales. »[1] La Sépaq reconnaît elle-même, dans sa mission, qu’elle doit « assurer la pérennité du territoire au bénéfice des générations futures. »[2] Nous, Mères au front de Québec, demandons à la Sépaq de prendre ses responsabilités et d’abandonner ce projet d’un autre siècle.

Quelle scène désolante lorsqu’on s’imagine, à notre prochaine sortie familiale à l’aquarium, expliquer ce massacre à la tronçonneuse aux enfants en quête d’un peu de verdure, au milieu de l’îlot de chaleur qui se dégage du parking bétonné flambant neuf…

Le rôle des boisés urbains n’est plus à démontrer.[3] Rappelons que ceux de l’aquarium sont inscrits au Répertoire des milieux naturels d’intérêt de la Ville de Québec et que la valeur des milieux humides qui seront enclavés par les nouveaux stationnements est aussi reconnue. Le modus operandi de la Sépaq choque : abattre un boisé urbain– une décision irrémédiable et lourde de conséquences – sans consultation publique, en défendant son plan[4] à coup d’affirmations trompeuses pour lui donner l’allure d’un projet écologique. Non, il ne suffit pas de planter de nouveaux arbres isolés pour compenser l’abattage d’un boisé mature.[5] Quelle insulte à l’intelligence des citoyens, qui financent une partie de son importante mission avec leurs impôts ! Il en va de la crédibilité de l’institution, que l’on souhaite pourtant être une précieuse alliée dans la lutte aux changements climatiques et la préservation de la biodiversité. Les explications sommaires de la Sépaq[6] ne permettent pas de croire qu’une véritable démarche ait été menée pour trouver des pistes de solution alternatives et écologiques à l’enjeu du stationnement. Si la Sépaq ne se préoccupe pas de nos arbres, qui s’en souciera ?

Nous, Mères au front de la ville de Québec, demandons à la Sépaq de refaire ses devoirs : l’acceptabilité sociale n’est pas au rendez-vous pour ce projet. Nous interpellons aussi nos élus municipaux et provinciaux pour qu’ils interviennent et restent fermes dans ce dossier. Le maire Marchand expliquait d’ailleurs récemment l’importance de la qualité de l’air pour son administration[7]. Au palier provincial, la Direction régionale de santé publique recommande « d’augmenter les efforts de déminéralisation à Québec ».[8] Voici une belle opportunité pour réfléchir collectivement à des alternatives plus ambitieuses qu’une solution pigée dans les années 1960. Alors qu’il y a beaucoup d’espace inutilisé sous les échangeurs et les ponts, à deux pas de l’Aquarium, l’option de navettes a-t-elle été sérieusement considérée ? Quels sont les incitatifs au transport actif et collectif, alors que le stationnement est entièrement gratuit ? Il est temps de « penser en dehors de la boîte » et d’entamer, en pratique, la nécessaire transition écologique qui est sur toutes les lèvres.

Collectivement, nous avons le pouvoir d’agir sur le sort de nos enfants et petits-enfants. Tout n’est pas joué, soyons créatifs, c’est notre devoir.

Les Mères au front de la Ville de Québec, pour nos enfants et petits-enfants

Ariane Leduc, Mère au front pour Ève, Éloi et tous les enfants
Anne Duchesne, Mère au front pour Rose, Arnaud, Simone, Camille et tous les enfants
Maryse Mayer, Mère au front pour Megan, Raphaël et tous les enfants
Anne-Sophie Denault, Mère au front pour Stella, Lili et Arthur
Marie-Hélène Joannette Cartier, Mère au front pour Céleste
Edith Chabot-Laflamme, Mère au front pour tous les enfants
Geneviève Lavallée, Mère au front pour tous les enfants petits et grands
Meryam Oubou, Mère au front pour Imrane et Yaacoub
Louise Goupil, Mère au front pour Clara, Léonie, Raphaëlle, Alexis et tous les enfants
Elsa Moreau, Mère au front pour Ophélie, Héloïse et Florent
Marie-Hélène Felt, Mère au front pour Jeanne et Élie
Mireille Tanguay, Mère au front pour Adèle et Samuel
Angela Marsh, Mère au front pour Ernest, Madeleine et tous les enfants,
Jade St-Georges, Mère au front pour Milo et tout le vivant
Séverine Boehler, Mère au front pour Anna, Emily et tous les enfants de la Terre Mère
Jenny Kaeding, Mère au front pour Mathis, Yohan et tous les enfants
Catherine Rouleau, Mère au front pour tous les enfants
Michèle Tilmant, Grand-mère au front pour tous les enfants
Hélène Pélissier, Mère au front pour Cédric, Hugo, Élo et tous les enfants
Brigitte Hannequin, Mère au front pour Catherine, Gabriel et Geneviève et tous les enfants
Vicky Croteau, Mère au front pour Dominic, Kate et James
Isabelle Chabot, Mère au front pour Simone et Antoine
Valérie Racine, Mère au front pour Lou
Marie-Eve Brassard, Mère au front pour Agathe et Lily
Josée Roy, Mère au front pour Émilie

https://www.facebook.com/MeresAuFrontQc
www.meresaufront.org

[1] D’après son plan stratégique 2022-2025, la Sépaq vise même certains taux précis de réduction de son empreinte carbone : https://www.sepaq.com/resources/docs/org/org_plan_strategique_2022_2025.pdf
[2] https://www.sepaq.com/organisation/
[3] Par exemple : https://www.thelancet.com/journals/lanam/article/PIIS2667-193X(23)00036-4/fulltext ?fbclid=IwAR3fJtWcx0kOu8q1aHqfMmIWUC950FW59uEv3iIUzi43E2Bp3l6NXoM52kc.
[4] https://www.sepaq.com/ct/paq/reamenagement-stationnements.dot
[5] Voir par exemple cet épisode de La semaine verte sur les microforêts en ville : https://www.youtube.com/watch?v=pgqatThRKqI,
[6] https://www.sepaq.com/ct/paq/reamenagement-stationnements.dot
[7] https://www.journaldequebec.com/2023/02/25/mauvaise-qualite-de-lair-a-quebec--on-ne-peut-pas-tolerer-ca--dit-le-maire-bruno-marchand
[8] Recommandation no.3, https://www.ciusss-capitalenationale.gouv.qc.ca/sites/d8/files/docs/SantePublique/Recommandations-2023.pdf?fbclid=IwAR1aU8TtyfMb5IrjOQiZpQ2XwS1fjNCqBCPkE9ltPXnfQxvQYQLYanHYa9w

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