Édition du 26 mars 2024

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Solidarité internationale

Mumia Abu-Jamal : l'espoir

Après 26 années de détention dans le couloir de la mort, une éclaircie. La cour d’appel fédérale américaine a annulé la condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal, figure de la lutte internationale contre la peine capitale.

La cour a toutefois confirmé sa condamnation dans le meurtre d’un policier survenu en 1981. Par 2 voix contre 1, la cour d’appel de Philadelphie a refusé la demande de Mumia Abu-Jamal, aujourd’hui âgé de 53 ans, qui clame son innocence et souhaite un nouveau procès.

La décision de la cour signifie que l’accusation doit se présenter une nouvelle fois devant un jury pour obtenir une condamnation à mort, sinon la peine sera automatiquement commuée en réclusion criminelle à perpétuité. Les juges ont en effet estimé que lors du procès de 1982, les instructions données aux jurés ont pu leur faire croire qu’ils devaient s’accorder à l’unanimité sur des circonstances atténuantes pouvant épargner au condamné la peine capitale, alors que la procédure est en fait moins restrictive.

Journaliste et militant des « Black Panthers », il a été condamné en 1982 pour le meurtre de Daniel Faulkner, un policier de Philadelphie. Dénonçant un procès truqué et raciste, il a recueilli un large soutien international pour sa libération.

Après 26 ans passés dans le couloir de la mort, cette annulation est une importante avancée pour Mumia Abu Jamal et ses nombreux soutiens dans le monde.

En France, un collectif de plus de 70 associations a été créé en 1995 rassemblants des syndicats, partis politiques et associations contre la peine de mort et pour les droits de l’homme. Le journal l’Humanité s’est également engagé pour sa libération. En 2001, la Ville de Parisen en a fait un « citoyen d’honneur », titre qu’elle avait décerné pour la dernière fois à Pablo Picasso, en 1971. Mais aussi des dizaines de villes en France (Bagneux, Clermont-Ferrand, Ivry, Bobigny, Sète, etc.) et dans le monde (Montréal, San Francisco, Venise, etc.).


Source :
http://www.humanite.fr/


Qui est Mumia ?

Mumia Abu-Jamal est né le 24 avril 1954. Né Wesley Cook, Mumia choisira ce prénom swahili au lycée, sous l’influence d’un enseignant d’origine kenyane. Il y ajoutera “Abu-Jamal” à la naissance de son premier fils, Jamal. A l’âge de 14 ans, Mumia est arrêté et battu pour avoir protesté contre un meeting du candidat ultraraciste George Wallace, à Philadelphie. Peu après, il est fiché par le FBI pour avoir voulu rebaptiser son lycée “Malcolm X”.

En 1969, le jeune homme est chargé de l’information à la section de Philadelphie du Black Panther Party. Le FBI le considère comme l’une des personnes “à surveiller et interner en cas d’alerte nationale”.

Il est l’une des cibles du Cointelpro (programme d’infiltration et de contre-espionnage) dont seront victimes Leonard Peltier et d’autres membres de l’Américan Indian Movement et des Black Panthers.

Devenu journaliste de radio apprécié, lauréat de plusieurs prix, Mumia est surnommé “la voix des sans-voix” pour sa critique de la corruption de la police et des dirigeants politiques locaux. Depuis 1978, il dénonce la violente répression qui frappe la communauté MOVE et, en 1981 suit le procès de son fondateur, John Africa, qui sera acquitté des charges fabriquées contre lui. Le soutien de Mumia à MOVE exaspère les politiques et la police de Philadelphie et lui vaut le renvoi d’une des stations de radio où il exerce. Pour faire vivre sa famille, Mumia est contraint de travailler comme taxi de nuit

Aux premières heures du 9 décembre 1981, Mumia Abu-Jamal est grièvement blessé lors d’une fusillade dans le quartier sud de la ville, où il vient de déposer un client. Arrêté, il est accusé du meurtre d’un policier, Daniel Faulkner, tué dans cette fusillade. Malgré ses dénégations, malgré son absence d’antécédents judiciaires, une enquête inéquitable (expertises balistiques inexistantes, balles non identifiables, absence de relevé d’empreintes, zone des faits non sécurisée, tests non effectués, etc.) conclut à la culpabilité de Mumia. Témoins menacés, subornés, écartés, rapports de police contradictoires, violations de ses droits, mèneront, en juillet 1982, à la condamnation à mort de cet opposant politique gênant sous la pression d’un juge recordman de la sentence... Mumia est “le coupable idéal”

En juin 1999, un ancien tueur à gages, Arnold Beverly, avoue à l’une des avocates de Mumia avoir tué l’officier Faulkner dans le cadre d’un contrat mêlant police et mafia. Corroborés par un faisceau d’éléments et de témoignages concordants, les aveux de Beverly n’ont jamais été entendus par la justice au prétexte qu’ils sont “hors des délais de la procédure”.

Le 18 décembre 2001, la sentence de mort de Mumia a été provisoirement écartée, mais il est toujours considéré coupable et menacé de voir cette sentence à nouveau prononcée. Mumia Abu-Jamal lutte toujours depuis le couloir de la mort, enfermé 23h/24h dans une cellule grande comme une salle de bains et dans un isolement sensoriel inhumain. La mobilisation internationale a empêché par deux fois son exécution, en 1995 et 1999.


Source : http://www.mumiabujamal.net/mumia.html

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