Tiré de la Revue Afrique.
Les tragédies se suivent et se ressemblent mais leur acuité est toujours aussi grande. Hier, une embarcation de fortune a pris l’eau à 10 kilomètres seulement au large de Tripoli, la capitale libyenne, entraînant la mort d’au moins 97 migrants originaires d’Afrique subsaharienne – dont 15 femmes et 5 enfants. Selon les informations rapportées par le porte-parole de la marine libyenne, ont survécu 23 hommes, de différentes nationalités.
Ce nouveau bilan dramatique traduit la bonne santé d’une industrie mafieuse de trafic de migrants, dont la Libye est l’un des maillons décisifs du fait du chaos et de l’absence d’autorité légitime unanimement approuvée à la tête de l’état. Ni le gouvernement d’union nationale à Tripoli, ni le gouvernement de Tobruk, à l’est du pays, ne parviennent à étendre leur autorité au-delà de leur fief, tandis que diverses milices concurrentes se partagent de fait le pouvoir et le trafic très lucratif de l’émigration illégale.
Entre 200 et 400 dollars l’esclave
Une mafia qui prend même des allures – et des pratiques – d’un âge que l’on pensait révolu : l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a assuré cette semaine avoir rassemblé des témoignages édifiants sur l’existence d’un « marché aux esclaves », où les malheureux candidats à l’émigration clandestine sont achetés et vendus entre 200 et 400 dollars l’un. Les marchands profitant de la précarité de leur situation, ces esclaves séquestrés sont contraints de travailler dans des conditions pénibles pour racheter leur liberté. Quand ils ne sont pas battus ou ne meurent pas de malnutrition.
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