Après quatre longues années d’attente, la Ville de Longueuil vient enfin de nous gratifier de son « Plan Climat 2030 ». Résultat ? Un document de marketing vert de 45 pages, dont seulement 16 pages (p. 27 à p. 42) contiennent des mesures et des objectifs, mais qui relèvent plus d’une opération de communication que d’une véritable planification sérieuse et cohérente.
Ce "plan" est un chef-d’œuvre de langue de bois, une célébration de mots creux tels que « résilience », « sobriété carbone », « transition socioécologique », et autres expressions à la mode, sauce écoblanchiment. Les coûts des mesures sont indiqués de manière floue avec des sigles « $ », « $$ » ou « $$$ », sans aucune planification budgétaire détaillée.
Premier constat : la Ville de Longueuil se base sur les chiffres obsolètes de 2019 pour établir son plan climat avec pour cible une baisse de 48 % des émissions de gaz à effet de serre. Mais en six ans, les données et la dynamique ont beaucoup changé : les émissions sont en hausse constante depuis la fin de la pandémie sur Montréalet l’on se doute que Longueuil n’échappe pas à la tendance. Le plan proposé n’est donc aucunement réaliste.
Deuxième constat : ce plan dissimule les émissions dues à l’aviation. Dans son bilan des émissions de GES, la Ville évalue l’aviation à seulement 4 % des émissions liées au transport de la collectivité, sans donner la méthodologie de cette évaluation. L’expansion massive de l’aéroport de Saint-Hubert – avec le nouveau terminal Porter pour 2025, les terminaux de jets privés, les réservoirs de 3,2 millions de litres de carburant en construction – est purement et simplement ignorée : le plan climat n’aborde pas ce sujet fondamental qui va complètement changer le bilan climatique de la Ville !
Les activités de l’aéroport Saint-Hubert émettront entre 250 000 et 500 000 de tonnes de CO₂ par an1, selon le volume de passagers. À comparer aux réductions visées par le plan climat : environ 552 000 tonnes, un chiffre grossièrement surestimé qui ne sera jamais atteint. Autrement dit : le trafic aérien à lui seul va annuler l’intégralité des “efforts”
climat de l’agglomération de Longueuil.
1On pourra consulter notre étude des émissions de CO2 à cette adresse.
Et le plus cynique ? Cette expansion hautement polluante se fait avec l’appui actif de la Ville de Longueuil, qui finance des infrastructures routières autour de l’aéroport au profit de Porter Airlines, tout en prétendant lutter contre les changements climatiques et “contribuer à la décarbonation de l’industrie aérospatiale”.
Troisième constat : le plan climat ne donne pas le bilan climatique des politiques mises en œuvre par l’équipe Fournier entre 2021 et fin 2024, puisque, comme nous l’avons déjà dit, les chiffres sont ceux de 2019. Il aurait été particulièrement intéressant d’obtenir ce bilan en vue des prochaines élections municipales.
En introduction du fameux plan, la mairesse Catherine Fournier nous ordonne, à quelques mois de la fin de son mandat : « Mettons-nous au travail ! ». Une question essentielle se pose alors : les élus de la Ville ne devraient-ils pas commencer par arrêter d’agir contre le climat au lieu de prétendre le sauver… ?
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