S’il y a bien une journée que l’on peut marquer d’une pierre blanche,
c’est bien celle de ce jeudi 12 février 2015. Pour la première fois, plus de
1000 participants provenant de tous les secteurs du mouvement social du
Québec (syndical, populaire, écologiste, féministe, étudiant, etc.) se
donnaient rendez-vous, à l’appel du collectif « Refusons l’austérité »
pendant toute une journée au Palais des congrès de Québec. Et cela, non
seulement pour faire ensemble le bilan des politiques d’austérité du
gouvernement Couillard, mais encore pour préparer de nouvelles pistes
d’actions. Joignant le geste à la parole, ils allaient d’ailleurs dans
le grand froid de la fin de cette journée manifester devant le
parlement.
Jusqu’à présent —et mise à part la grande manif du 29 novembre dernier—
chacun y était allé de ses récriminations et dénonciations, à son tour
et en ordre dispersé : dans la santé, dans l’éducation, au niveau des
garderies, à propos de retraites, du soutien aux régions, mais sans que
se dessine une voix commune et surtout une même stratégie de lutte.
À plusieurs, tout devient possible.
C’est là le nouveau, ce qui permet de ne pas complètement désespérer
face à la stratégie du choc et de la démolition mise en œuvre par le
gouvernement Couillard depuis plus de 8 mois. Voilà qu’on se met
ensemble et qu’on se regroupe, qu’on se parle et s’écoute, voilà qu’on
prend collectivement la mesure de l’ampleur de ces politiques
d’austérité.
Et qu’on le fait avec sérieux, en faisant appel à l’expertise
d’intellectuels chevronnés et ou engagés aux côtés du mouvement social
(Philippe Hurteau (Iris), Rober Laplante (Irec)), et en donnant
largement la parole à tous ceux et celles, qui sur le terrain, commencent
déjà à expérimenter les effets de l’austérité. Retour ligne automatique
Résultat : tout le monde présent a pu le constater, voilà que pendant
quelques heures les découragements, cynismes et attentismes si présents
dans le mouvement social, ont été balayés par un vent de révolte et de
solidarité et par le sentiment revigorant, enthousiasmant, même, qu’à
plusieurs tout devient possible.
Le printemps à venir
Sans doute, il reste bien du chemin à parcourir. Ne serait-ce que parce
que cette unité reste bien fragile et parce que tout le monde n’a pas la
même vision du sens de cette lutte à l’austérité, et surtout des réelles
intentions du gouvernement Couillard. À l’instar, par exemple, de ceux
qui imaginent que cette mobilisation contre l’austérité devrait pouvoir
déboucher sur un nouveau dialogue social constructif avec le
gouvernement !
Sans parler du fait qu’on n’a pu se mettre d’accord sur une action
d’envergure qui aurait rassemblé tout le monde, par exemple à travers la
préparation d’une grève sociale pour le printemps. Il n’en demeure pas
moins qu’un premier élan a été donné, et qu’à la manière d’une simple
boule de neige qui grossit et se transforme finalement en avalanche, il
pourrait bien bousculer au Québec toute la donne sociale de ce printemps
2015.
Discours de clôture de Jacques Létourneau, président de la CSN :
https://vimeo.com/119504100
Discours de clôture de Jacques Létourneau, président de la CSN : https://vimeo.com/119504100