Sous sa gouvernance d’une durée de 14 ans, Hugo Chavez aura réellement tenté d’implanter un régime socialiste dans un pays trop longtemps assujetti à des intérêts strictement oligarchiques. Dès 1999, il fait voter une nouvelle constitution et renomme le pays République bolivarienne du Venezuela. Fort de son appui populaire, il procèdera rapidement à une réforme agraire et à la nationalisation des grandes entreprises, à l’attribution de microcrédit et à l’implantation de programmes sociaux pour l’alphabétisation [2]. Mais Chavez, par ses prises de position belliqueuses envers les États-Unis, et son opposition remarquée au plan international à l’impérialisme américain et au néolibéralisme, aura aussi servi à alimenter la controverse à l’intérieur comme à l’extérieur de son pays.
L’après Chavez
Les détracteurs de la révolution bolivarienne sont donc nombreux et très motivés à vouloir renverser le successeur de cette icône de la révolution. Les menaces contre l’actuel président de la République, Nicolas Maduro, affluent de toute part. Depuis la mort de Chavez, l’opposition accentue la pression, notamment par le soutien d’une guerre économique ayant pour effet de diminuer l’offre et de maintenir les prix des denrées alimentaires inaccessibles pour le peuple. [3] La conjoncture économique défavorable au Venezuela permet par ailleurs à l’opposition de discréditer plus facilement les réformes économiques initiées par Chavez. L’inflation galopante et la corruption endémique à la frontière colombienne [4] combinées à un taux de criminalité élevé dans le pays permettent de renforcer le sentiment d’incertitude sur lequel l’opposition capitalise. À ce sentiment d’incertitude s’ajoutent les positions moins que rassurantes des alliés étrangers tels les États-Unis – empressés de déclarer que le Venezuela constitue une menace à la sécurité nationale américaine – et le Canada de Harper, inquiet par la soudaine « hostilité manifeste » du Venezuela. Rien pour aider la cause de la révolution bolivarienne.
Le capital d’abord !
La mondialisation et les avancées de l’idéologie néolibérale sur le plan international ne sauraient être freinées par une poignée de révolutionnaires latino-américains nostalgiques d’un passé héroïque. Le spectre de Chavez continuera-t-il encore très longtemps à hanter les intérêts capitalistes du Nord ?
Les élections législatives de décembre nous permettrons de le déterminer. Souhaitons néanmoins que le peuple vénézuélien puisse continuer de bénéficier des acquis de la révolution socialiste et qu’il puisse pour le moins être exempté de toute forme d’ingérence étrangère.
Benoit Taillefer Comité solidarité internationale STT CSSS Bordeaux-Cartierville–Saint-Laurent (CSN)