Édition du 1er octobre 2024

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Afrique

Soudan : refuser la guerre des généraux

L’absence de trêve dans la guerre que se livrent les deux généraux pour s’emparer du pouvoir, accentue la crise humanitaire. Ce conflit dû en partie aux conséquences des politiques occidentales, risque aussi de déstabiliser une région fragile.

Tiré d’Afrique en lutte.

Plus les combats continuent entre l’armée régulière, dirigée par Burhan et les troupes paramilitaires de la Rapid Support Forces (RSF), emmenée par Hemidti, plus les conditions de vie se dégradent pour les populations. Les réserves d’eau, de nourriture et de carburant pour la plupart des habitantEs sont épuisées.

Déjà, des centaines de civils sont décédéEs, et leur nombre risque d’augmenter au vu de l’impossibilité de soigner la plupart des milliers de blesséEs.

Les populations victimes de la guerre

Sur les cinquante-neuf hôpitaux que compte Khartoum, trente-neuf ont été mis hors d’usage. Les autres sont dépourvus de médicaments et de matériel de premiers secours. Malgré les accords entre les deux parties, aucun cessez-le feu n’est respecté, au mieux il ne s’agit que d’accalmies utilisées par les deux camps pour convoyer des troupes. Cette incapacité d’obtenir une trêve et la mise en place de corridors humanitaires, oblige les civils à tenter de fuir les quartiers les plus exposés aux tirs d’artillerie. Les principales chancelleries occidentales ont positionné des forces militaires, notamment à Djibouti, et ont commencé à procéder à l’exfiltration de leurs ressortissants. Des témoignages font état de pillages et d’agressions de la part des combattants contre les civils. Si l’attention en Occident est focalisée sur la capitale Khartoum, les autres grandes villes du pays sont elles aussi touchées par les combats.

Risque de déstabilisation

Dans certaines parties du Soudan, où les antagonismes entre communautés sont souvent nourris par les élites au pouvoir, les conflits peuvent s’aggraver. Les différentes milices pourraient profiter ainsi du chaos pour tenter de conforter leur position, notamment celles proches des RSF au Darfour.

Une déstabilisation qui risque de s’étendre aussi aux autres pays de la région. Le Soudan, troisième plus grand État d’Afrique par sa superficie, est bordé de sept pays. À l’exception de l’Égypte, qui paraît le plus stable, les autres, Tchad, Éthiopie, Érythrée, Sud Soudan, Centrafrique ou Libye, sont frappés par des conflits larvés ou en cours. Ainsi au Tchad, l’inquiétude de la dictature du fils Déby est palpable. Ce dernier, s’appuyant sur son clan des Zaghawa, est régulièrement menacé par les communautés arabes dans lesquelles Hemidti peut compter de nombreux appuis.

Dans le cas où il perdrait la bataille dans la capitale, Hemidti serait tenté de se réfugier dans son fief au Darfour. Ce qui lui permettrait de continuer la guerre et d’assurer sa mainmise sur les principales mines d’or du pays. Ses troupes pourraient aussi servir comme mercenaires dans les différents conflits qui agitent la région.

Renforcer la résistance

Les principales capitales occidentales, si elles déplorent la situation, se tirent à bon compte des conséquences de leur politique. Rappelons que l’Union européenne a financé les RSF dans le cadre de la lutte contre l’émigration. Le FMI et la Banque mondiale ont imposé au régime civil d’Hamdok une politique d’austérité draconienne, facilitant le putsch des deux généraux Burhan et Hemidti. Quant aux Nations unies et aux USA, ils ont quasiment imposé aux organisations de la société civile de négocier avec les généraux, contre l’avis de ceux qui continuent la lutte notamment les comités de résistance. Ils ont ainsi fourvoyé une partie des Forces de la liberté et du changement (FFC) dans des négociations qui n’ont que légitimé les auteurs du coup de force, ceux-là même qui précipitent le pays dans un abîme sanglant.

Du coté de la résistance, les organisations politiques, syndicales et associatives refusent de choisir entre la peste et le choléra et tracent une voie alternative : « Nous devons nous mobiliser et appelons à une lutte politique globale et à la désobéissance civile, telle est la tâche de l’heure qui doit nous rassembler, et nous refusons les discours de sédition, de division et les rhétoriques de haine visant à déchirer notre pays et à saper son unité, sa souveraineté, sa sécurité et la dignité de son peuple. » Notre solidarité leur est acquise.

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