Édition du 12 mars 2024

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Résistances

Succès sur toute la ligne pour le Festival des solidarités 2012

Le Festival des solidarités s’est tenu le 9 juin dernier à Montréal, au 3700 Calixa Lavallée, en plein cœur du Parc Lafontaine. Le programme s’est ouvert en force dès 11h00 le matin avec un débat essentiel sur les suites de ce printemps québécois. Le co-porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois en a d’ailleurs profité pour lancer un vaste appel à un front commun à l’automne pour continuer de critiquer les politiques néolibérales du gouvernement québécois. Tous les panélistes de ce premier débat, Louis Roy, Brigette Depape, Raul Burbano et Patrick Bonin ont été applaudi à tout rompre. Le DG d’Alternatives, Michel Lambert, en a profité pour annoncé à l’automne la tenue de l’Assemblée de fondation du Forum Social Québec/Canada/Premières Nations. Le Forum lui-même est prévu pour 2014.

À 14h00, Nous faisions salle comble à l’auditorium de l’école Le Plateau avec la présentation de l’écrivain Hervé Kempf qui justement en a profité pour faire d’importants liens entre les luttes étudiantes et les questions environnementales. À quelques jours de l’ouverture du Sommet de la terre de Rio, les liens entre les questions et les luttes sociales et environnementales ne pouvaient être mieux défendus.

Plusieurs autres ateliers ont aussi faits salle comble comme celui sur la mission Bienvenue Palestine.

Initiatrice du projet, Alternatives tient à remercier le millier de participants et participantes ; les intervenants et intervenantes ; les organisations partenaires des mouvements syndical, environnemental, étudiant et social ; et les groupes musicaux qui se sont impliqués dans le projet.

Voyez la conférence d’ouverture retransmise par CUTV : http://cutvmontreal.ca/broadcasts/2012/6/9/1439

Festival des solidarités : une première édition réussie

Ce devait être la 18e édition des journées Alternatives, traditionnellement tenues en région et au cours desquelles se succèdent activités et panels. Toutefois, cette année, pour souligner la « majorité » de l’initiative et inspirés du Printemps Érable ainsi que de la lutte étudiante, les organisateurs ont plutôt opté pour la métropole comme lieu de tenue de l’évènement.

La création de solidarités

C’est sous le thème de la convergence des luttes que s’est ouvert le Festival des solidarités en fin d’avant-midi avec un panel qui regroupait Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la CLASSE, Louis Roy,président de la CSN, Patrick Bonin du comité organisateur du 22 avril, Brigette DePape, du mouvement Power Shift et Raul Burbano de Common Frontiers.

L’évènement a été le théâtre de tentatives de rapprochement alors que Gabriel Nadeau-Dubois interpelait dans ce sens la CSN. Le porte-parole de la CLASSE a appelé à une grève sociale en septembre, soulignant que la conjoncture y était présentement favorable et qu’il faudrait peut-être attendre 20 ans avant de voir une telle fenêtre d’opportunité se représenter de nouveau. « Le mouvement étudiant ne peut demander au mouvement syndical d’être en grève sociale sur la base de revendication étudiantes », a-t-il toutefois mis en garde, « il faut viser plus large ! ».

Si un consensus semblait émerger du panel matinal, c’est justement l’importance de réunir les différentes luttes actuelles. « C’est quand nos luttes s’unissent que nous pouvons arrêter cet agenda d’austérité », s’est exclamée Brigette DePape. « All movements for social issues must partake in what is happening today », a renchéri Raul Burbano.

Les luttes environnementales ont également occupé une place de choix dans ce contexte pré Rio+20. Dans son allocution, Jacques Létourneau a déclaré qu’il fallait « créer un front commun collectif, […] mais élargir ce lieu-là au mouvement environnemental parce qu’il y a dans ce mouvement un fil conducteur vers l’avenir qui nous sort d’un volet “corporatiste” ».

Sur la thématique de l’environnement, Patrick Bonin, du comité organisateur du 22 avril, en a profité pour souligner l’inaction des gouvernements notamment en ce qui a trait à la protection de la biodiversité et à la lutte contre la désertification. Il entretient d’ailleurs peu d’attente face à la Conférence de Rio+20. « Devant un problème éléphantesque, on accouche d’une souris ! », s’exclame-t-il au sujet des conférences internationales chapeautées par l’ONU et basées sur le consensus.

De son côté, Brigette DePape racontait la genèse de l’affiche « Stop Harper » présentée à la Chambre des Communes. « Quand j’étais page dans le Parlement au Sénat, j’avais vraiment peur, raconte-t-elle. Je savais que le gouvernement était en train d’attaquer les femmes, les travailleurs, les étudiants et j’avais vraiment peur de dire quelque chose et de désobéir et puis, j’ai montré un signe “Stop Harper” parce que je savais que c’est seulement en désobéissant à ce gouvernement qu’on peut arrêter cet agenda d’austérité ».

Si les gouvernements tentent de nous effrayer, Raul Burbano, de Common Frontiers, a proposé par la suite une autre lecture de la situation. « This wave of participative democracy in many part of Quebec […] scares the power because it questions their privileges ».

« La solidarité, c’est plus fort que la peur », avait répété Brigette DePape avec conviction. Seul le temps nous dira si tous ces appels à la solidarité des mouvements oeuvrant présentement au pays auront fait mouche.

Hervé Kempf : la présentation d’une utopie

« Le lieu Québec devient un élément important de la cartographie d’une émancipation planétaire », a déclaré Hervé Kempf, journaliste et auteur du livre Comment les riches détruisent la planète, alors qu’il lançait le deuxième volet du Festival des solidarités.

Pendant l’heure qui a suivie, il a présenté ce qu’il décrit lui-même comme l’utopie d’un projet pour le 22e siècle. Faisant le lien entre les luttes étudiantes au Québec et au Chili, le Printemps arabe et le Mouvement Occupy, il dépeint le bouleversement auquel le capitalisme fait face et comment celui-ci résiste crânement aux changements, même sous l’imminence d’une crise causée par les changements climatiques. Il déplore d’ailleurs la sourde oreille collective devant le rapport Géo-5 du PNUE paru il y a de cela près de deux semaines et qui dresse un constat inquiétant de l’état de l’environnement.

Selon lui, un des principaux problèmes diluant cette contestation est la fusion entre les sphères financière, politique et médiatique qui « empêche que des revendications populaires […] soient portées ». Il pointe également du doigt les partis sociaux-démocrates qui ont accepté « la discipline capitaliste » depuis les 30 dernières années.

Hervé Kempf a également traité de la grève étudiante. Selon lui, la hausse des frais de scolarité est une « attaque à la jeunesse ». Il s’agit « de faire en sorte que les jeunes soient endettés ». « Si un jeune commence […] avec 50 000 ou 100 000 dollars de dettes, sa liberté est mise en cage, il restera obéissant, explique-t-il. Il ne faut pas oublier qu’il y a un enjeu d’assujettissement dans cette question de frais d’inscription et d’augmentation des frais éducatifs ».

Un bilan positif

Le Festival s’est poursuivi avec deux ateliers participatifs simultanés, l’un animé par des membres de la délégation québécoise prenant part au Sommet des Peuples et l’autre traitant de la question palestinienne. Les participants ont alors pu échanger avec les conférenciers.

L’évènement s’est clos avec la prestation en plein air de Mr Parker Québec et d’Acalanto. Ils ont été suivis par les rythmes brésilianisés de Bombolessé et la musique cosmopolite de Syncop.

Roger Rashi, responsable de l’organisation du Festival, se dit satisfait des résultats. Lorsqu’il est question de savoir si Alternatives récidivera l’an prochain avec ce nouveau format « festival », il répond : « Il faudra faire un bilan complet de l’évènement, mais c’est ça l’idée ». Une deuxième édition du Festival des solidarités est donc à prévoir à l’horizon 2013.

Sara E. Levac

Journal des alternatives

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