Édition du 30 avril 2024

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États-Unis

Une crise fabriquée : le « précipice fiscal » (américain) démystifié

Alan Barber, directeur des communications au Center for Economic and Policy Research, pour les questions de politiques internes.

Counterpunch.org, 16 novembre 2012,

Traduction, Alexandra Cyr

Le « précipice fiscal » est simple à comprendre. Plus de 500 milliards de dollars de hausse d’impôts vont prendre effet le premier janvier 2013. Ceci comprend la fin des baisses d’impôts décrétées par l’ex-président Bush, (220 milliards), la fin des baisses de taxes sur la masse salariale (130 milliards), et la fin de l’’Alternative Tax’ et de quelques autres impôts et taxes (130 milliards). Vont aussi s’appliquer (automatiquement), des coupes de 110 milliards au département de la défense et à d’autres dépenses. Ceux et celles qui redoute le « précipice fiscal » disent que si les impôts et les taxes augmentent et que les dépenses gouvernementales diminuent, nous serons de nouveau en récession à la fin de l’année. Le problème c’est qu’une grande part de ce raisonnement est fausse. Il n’y aura pas de menace de crise le premier janvier si nous ne faisons rien maintenant.

Il faudrait que ces augmentations et coupes durent toute l’année pour qu’elles mènent à une autre récession. Mais la récession ne commencera pas le premier janvier. Les coupes dans les budgets non militaires touchent des sommes mises de côté pour des dépenses futures, peut-être dans plusieurs années. Les hausses d’impôts ne toucheront pas tous les chèques de payes dès le Jour de l’An. Les défenseurs de la possible récession prennent pour acquis que les hausses et les coupes vont durer toute l’année ; personne ne croit cela. Par exemple si nous arrivons à arrêter le mécanisme après dix jours l’impact économique sera mineur.

Il est intéressant de constater que les championNEs de l’action immédiate sont aussi ceux et celles qui militent pour une « grande entente » qui ferait, pour le cas, des coupes sauvages dans les dépenses gouvernementales et singulièrement dans les programmes sociaux à droits intégrés que sont Social Security et Medicare, au nom de la réforme recherchée. Cela nous ferait sortir de nos désastreux déficits. Mais le haut niveau de déficit qui nous touche en ce moment, n’a rien à voir avec la récession. En 2007 le déficit budgétaire n’était qu’à 1% du PIB et on s’attendait à ce qu’il reste à peu près à ce niveau durant plusieurs années avant la grande récession. Il n’y a pas lieu de faire des coupes immédiates dans ces programmes d’assurance sociale sur lesquels des millions doivent compter (pour vivre un peu correctement) et alors qu’ils ont voté pour leur protection début novembre.

Ce sont les déficits à long terme qui sont préoccupants ; donc il n’y a pas lieu d’agir avant le premier janvier. Il faut que le Président et le Congrès négocient un budget intelligent dans les prochains mois. Il est probable qu’ils en arriveront à un accord qui soutiendra la croissance et qui, peut-être, assurera une baisse de coûts des soins médicaux à long terme. C’est le facteur dominant dans le creusement du déficit. Mais couper maintenant dans des programmes vitaux ne feraient que donner un coup de plus à notre fragile économie qui n’a pas besoin de cela.

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