Aussi longtemps que la conscience collective demeure éveillée, le pan ombragé de l’évidence finira par émerger.
Les coups doctement prémédités dans les angles morts des « grandes » Démocraties, ont tendance à brouiller les pistes sans générer la moindre ornière. Quel que soit le ravalement rédactionnel historique, la liquidation physique d’un symbole du peuple laisse toujours derrière elle les dégoulinades du crime presque parfait.
Janvier 2011, une correspondance contenant des révélations poignantes, rédigée par l’ancien policier américain Raymond Wood (décédé) qui opérait sous anonymat, a été exhumée par les 6 filles du tribun et porte-parole de Nation of Islam, Malcolm X, le samedi 20 février 2021. Un document d’une importance capitale vient donc s’ajouter, après 56 ans d’infructueux espoirs, aux éléments du dossier de son assassinat. L’acte aurait été attribué, selon le nouveau témoignage relayé par les canaux français, au FBI et à la police de New-York qui auraient fait tuer celui qui fut le disciple d’Elijah Muhammad, le dirigeant de Nation of Islam.
Ce choc en retour, a d’emblée donné lieu à la réouverture de l’enquête et une effervescence médiatique bouillonnante.
Faut-il y voir un tsunami procédural éminent dans cette Amérique souffreteuse des crises identitaires ? Car jusqu’à présent, le ou les auteurs du crime perpétré le 25 février 1965 à l’Audubon Ballroom de Harlem à New-York, contre l’irréductible orateur, n’ont toujours pas été identifiés.
Est-ce le fruit du hasard d’assister aujourd’hui à cet élan outre-Atlantique visant à inscrire la vérité dans la continuité d’un processus de résistance et de révolte nationaliste pour la réhabilitation de la Justice et des Droits de l’Homme ?
La revendication de disposer de soi-même, se veut dès lors, inéluctable. S’accommoder d’un statut d’infériorité et des vérités fardées, n’est plus tenable !
Dans ce contexte, le bureau du district de Manhattan a annoncé à la chaîne américaine CNN « qu’il allait réexaminer le cas d’assassinat de Malcolm X, après que de nouvelles informations sont sorties ». Dans la même convergence, l’ONG américaine Innocence Project est aussi partie prenante de l’enquête qui tente d’innocenter les personnes condamnées à tort.
Après avoir reconnu que l’enquête sur l’exécution de Malcolm X, avait été bâclée, le procureur de New-York a donné son accord pour diligenter des investigations plus approfondies sur l’homicide de celui qui martelait avec force : « Il n’existe pas de Révolution pacifique » ou encore : « Les prisons ne sont pas faites pour réhabiliter les nègres. Elles sont conçues pour perpétuer les tendances criminelles des nègres ».
Il faut savoir que l’élément déclencheur de l’enquête a été la série documentaire de Netflix dans laquelle l’historien Abdu - Rahman Muhammed apporte de nouvelles informations affligeantes sur la force publique.
Dans ses déclarations consignées dans ladite missive, le policier Raymond Wood affirme s’être rapproché, à la demande de ses supérieurs, des protagonistes de l’entourage de Macolm X et avoir tendu un subterfuge, destiné à piéger les gardes du corps du leader, en les exposant à un scénario qui, in fine, aboutirait à leur arrestation quelques jours avant son assassinat.
Wood fait état, dans cette lettre à densité post mortem, de son obligation d’infiltrer en 1964 - en tant que nouvelle recrue- les différentes organisations luttant pour les Droits civiques et de dénicher des preuves d’actes criminels, en vue de discréditer ses leaders, quitte à les combiner.
Se déclarant comme protagoniste à la solde de ses instigateurs, il lâche sans détours le morceau : « Rétrospectivement, j’ai participé à des actions qui étaient déplorables et préjudiciables à l’avancement de mon peuple noir » avant de poursuivre « Sous la direction des dirigeants et des membres des groupes de défense des Droits civils, à commettre des actes criminels ».
Afin d’éliminer Macolm X, le jour de la tenue de son discours, l’implication arbitraire de sa garde rapprochée (responsable de l’accès au Audubon Ballroom) dans un crime fédéral grave, s’avèrerait comme option idoine pour maintenir à distance sa protection. Des arrestations feraient partie purement et simplement d’une conspiration. Une fois le champ opérationnel déblayé, il ne restait qu’à passer à l’acte.
L’icône de la lutte contre le racisme (dont le père a été a été abattu par des suprématistes blancs du Ku Klux Klan) est livrée à la mort sur une tribune débarrassée de toute présence policière et de membres d’autodéfense. Alors qu’il s’étranglait à haranguer ses partisans par le propos corrosif au lieu susnommé, le 21 février 1965, Malcolm X, alors âgé de 38 ans, est criblé de balles et meurt des suites de ses blessures.
Aujourd’hui, ses filles réclament toute la lumière sur les tenants et aboutissants de son assassinat.
Verra -t- on cette nouvelle page s’ouvrir, celle de la réécriture de l’Histoire de l’héritage noir et africain et des procès classés dans l’archive de l’oubli ?
O.H
Un message, un commentaire ?