Édition du 23 avril 2024

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États-Unis

Au lendemain des élections américaines, rappelons-nous du rôle des mouvements sociaux dans la démocratie

Les élections sont du passé et Barack Obama est devenu le 44ième président des États-Unis. Beaucoup de commentateurs-trices vont s’attarder sur les ficelles de l’élection, sur le micro ciblage d’éventuelLEs électeurs-trices, sur l’efficacité des méthodes utilisées pour les convaincre d’aller voter. Les analystes des médias vont passer des heures sur les réseaux de nouvelles continues à éplucher les sondages et à débattre de la justesse de leurs résultats ou des succès des candidats à séduire un ou l’autre segment de la population. Oublions les grands médias et souvenons-nous des mouvements sociaux au cœur de notre démocratie et sans lesquels M. Obama n’aurait pas été réélu.

(tiré de rabble.ca, 8 novembre 2012, traduction, Alexandra Cyr)

Les élections sont du passé et Barack Obama est devenu le 44ième président des États-Unis. Beaucoup de commentateurs-trices vont s’attarder sur les ficelles de l’élection, sur le micro ciblage d’éventuelLEs électeurs-trices, sur l’efficacité des méthodes utilisées pour les convaincre d’aller voter. Les analystes des médias vont passer des heures sur les réseaux de nouvelles continues à éplucher les sondages et à débattre de la justesse de leurs résultats ou des succès des candidats à séduire un ou l’autre segment de la population. Oublions les grands médias et souvenons-nous des mouvements sociaux au cœur de notre démocratie et sans lesquels M. Obama n’aurait pas été réélu.

C’est un ancien organisateur communautaire. Qu’arrive-t-il quand l’organisateur communautaire en chef devient le commandant en chef ? Qui s’occupe du mouvement communautaire à ce moment-là ? Il en avait donné une idée dans un petit événement au New-Jersey lors de sa première campagne en 2008. Quelqu’un lui a demandé ce qu’il allait faire à propos du Proche-Orient. Il lui a répondu en reprenant l’histoire d’une rencontre entre A. Philip Randolph, un organisateur du 20ième siècle, et le président F.D. Rosevelt. Randolph rapportait au président les conditions de travail des noirEs et des ouvriers-ères américainEs. On raconte que le président l’écoutait intensément et qu’à la fin il lui a dit : « Je suis d’accord avec ce que vous dites. Maintenant vous devez me le faire faire ». Obama a répété ce message en guise de réponse à son interlocuteur.

Voilà ! On doit le lui faire faire. Nous avons une invitation de première main.

Pendant des années, durant l’administration Bush, la population à eu le sentiment de se frapper à un mur. Avec l’élection de B. Obama on a vu une porte mais à peine ouverte ; une petite fente. On se demandait toujours : va-t-il pousser dedans pour qu’elle s’ouvre ou la fermer en la claquant ? Il n’appartient à personne à l’intérieur de la Maison Blanche, quel qu’en soit le pouvoir, de poser ce geste. C’est aux mouvements de le faire.

Ben Jealous, président de la National Organisation for the Advancement of Colored People, est un organisateur d’expérience et de talent. Il détient une longue liste de réalisations et une toute aussi longue de combats à mener. Il nous rappelle qu’en 2013, il y aura plusieurs anniversaires importants à célébrer : le 150ième de la déclaration d’émancipation (des esclaves) par le président Lincoln ; le 50ième de la marche sur Washington, en 1963, celui, la même année de l’assassinat de Medgar Evers et de la destruction d’une église de Birmingham en Alabama par une bombe qui a causé la mort de quatre jeunes filles afro-américaines. L’assermentation du président aura lieu, en janvier 2013, le jour dédié à M. L. King jr. Alors que Mitt Romney s’apprêtait à concéder la victoire, Ben Jealous m’a déclaré : « Nous devons nous tenir en mode mouvement ».

Les jeunes immigrantEs font exactement cela. Les étudiantEs sans papier, qui font des « sitins » dans des bureaux de politicienNEs sont la version moderne de la lutte pour les droits civiques. Il y a d’autres mouvements bien vivants comme Occupy Wall Street et celui pour le mariage pour tous, qui ont fait des gains et ont évité des pertes le jour des élections. Le président à tout juste fait allusion au réchauffement climatique, au cours de sa campagne. L’ouragan Sandy à remis cet enjeu sur la table et il devra l’affronter. Les milliards de l’industrie de l’énergie fossile mis en jeu pour le tenir en arrière plan auront échoué. Dans son discours de victoire, il a déclaré : « La démocratie dans un pays de 300 millions d’habitants peut être bruyante, désordonnée et compliquée. (…mais), nous voulons pour nos enfants, un pays qui ne croule pas sous les dettes, qui n’est pas affaibli par les inégalités, et qui n’est pas menacé par le pouvoir destructeur du réchauffement climatique ».

Ce sont les manifestations devant la Maison blanche contre l’oléoduc XLKeystone qui doit apporter du pétrole depuis le Canada jusqu’au Golfe du Mexique, qui ont obligé le Président à en reporter la construction. Plus de 1200 personnes ont été arrêtées au cours de ces actions. En ce moment, un groupe en bloque la construction dans sa portion la plus au sud, et risque des arrestations et même des blessures. Ils utilisent l’action directe. Ils sont installéEs à la cime des arbres à Winsboro, deux heures à l’est de Dallas.

Il y a ceux et celles qui ont accès au bureau ovale et qui peuvent murmurer à l’oreille du président ; il les entend. S’il montre la fenêtre en disant : « Si je fais ce que vous me demandez ce sera la prise de la Bastille là-bas », et qu’il n’y a personne derrière il est dans de biens mauvais draps. C’est à ce moment-là qu’il est de notre bord. Qu’arrive-t-il quand il ne l’est pas ?

Le Président des États-Unis est la personne la plus puissante sur terre. Mais il existe une force plus puissante encore : le peuple organisé qui lutte pour un monde plus juste et durable dans ce pays. Le vrai travail commence maintenant.

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