Nous vivons dans un monde divisé et surtout hiérarchisé dans lequel il y a des groupes ou des institutions qui disposent de la force et du pouvoir de contraindre autrui. Dans ce monde, la loi doit protéger le faible et surtout lui permettre de s’associer pour exprimer ses revendications en vue d’améliorer ses conditions de vie et d’existence. François Legault, en appuyant les propositions antisyndicales des jeunes caquistes qui visent à étouffer la conflictualité sociale ne fait qu’une chose : encourager la polarisation des opinions.
Au sujet de certains préjugés faciles à l’encontre des syndiqué.e.s et des syndicats
Derrière cette prise de position du chef caquiste se cachent malheureusement des idées préconçues, telles que « les syndiqué.e.s se plaignent le ventre plein », « ces personnes bénéficient d’avantages sociaux déjà enviables comparativement à d’autres travailleuses et travailleurs », « le problème de la faible productivité québécoise s’explique en grande partie par la présence des syndicats qui contaminent un peu partout l’économie », « les syndiqué.e.s ne se donnent jamais à fond dans leur travail, aimant rallonger les pauses », et ainsi de suite.
Souvent aussi, la question syndicale revient lorsque l’État accroît sa dette publique et connaît des déficits, parce que les secteurs public et parapublic sont syndiqués et « gourmands », toujours selon un certain point de vue. Mais il y a aussi un contexte qui peut aviver le sentiment antisyndical, en lien avec la guerre commerciale imposée par les États-Unis. En ce sens, le besoin pressant de favoriser le développement économique de la province exige justement d’agir vite et à nouveau apparaissent les préjugés, alors que la présence des syndicats est synonyme de « bâton dans les roues », de « barrières » ou de « frein » à la cadence que le gouvernement en place espérerait.
De l’importance de comprendre le rôle et la valeur des syndicats avant de les vilipender sur la place publique et de leur jeter l’opprobre
Certes, le mouvement syndical n’est pas parfait ; d’ailleurs, rien n’est parfait en ce monde. Il connaît actuellement des difficultés à s’ajuster aux réalités actuelles, avec ses méthodes méritant une certaine révision. Au lieu de proposer des mesures pouvant être perçues comme antisyndicales, les gouvernements devraient toutefois prendre le temps de se questionner sur leurs rôles et leur valeur. La facilité à vouloir « tasser » ce qui ne fait pas notre affaire risque souvent de créer plus de ralentissement que de prendre le temps, aussi réduit soit-il, de déterminer le type de relation que nous souhaitons avoir avec les acteurs qui jouent sur la même scène que nous. Et le syndicalisme québécois, de son côté, a besoin d’ouvrir le débat sur son avenir, surtout sur sa contribution dans le contexte actuel où tout est mis sur la table.
Pour conclure
Le mot débattre, faut-il le rappeler, consiste à examiner le pour et le contre d’une chose. Pas à écraser les exploitéEs, les dominéEs et les oppriméEs dans la portée et l’étendue de leur droit d’association. Parce que l’un des rôles des syndicats consiste d’ailleurs à éviter les abus, si faciles du côté patronal souvent plus soucieux de la croissance de ses profits que de la qualité des conditions de travail. Et il faut le rappeler : l’un ne va pas sans l’autre dans notre monde qui a besoin d’être uni plutôt que divisé.
Guylain Bernier
Yvan Perrier
8 juin 2025
13h50
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