Tiré de Entre les lignes et les mots
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Depuis plus de quatre ans, l’industrie pornographique multiplie les recours dilatoires contre une loi aux visées pourtant claires : empêcher les enfants d’être exposés à des contenus violents, sexistes, racistes, dégradants et souvent illégaux. Pourquoi une telle résistance de la part de l’industrie ?
Tout simplement car le cœur du modèle économique de cette industrie repose sur l’exposition massive des mineur·es à la pornographie.
Une stratégie cynique : accrocher les enfants, fidéliser les clients
Durant l’enfance et l’adolescence, le cerveau est en pleine construction. Ainsi, l’exposition précoce à des contenus sexuels violents modifie durablement les repères affectifs, émotionnels, empathiques. Plus l’exposition est prématurée, plus la dépendance est profonde et durable. Comme l’a rappelé le Haut Conseil à l’Égalité dans son rapport Pornocriminalité (2023), l’exposition des enfants à la pornographie « développe le système limbique, responsable des pulsions, et inhibe le développement du cortex préfrontal, siège de l’empathie et du discernement ». Ce visionnage à un jeune âge constitue un véritable « viol psychique » selon la chercheuse en neurosciences Maria Hernandez. Il influence profondément la construction des sexualités, en les imprégnant de rapports de domination virilistes, de racisme et de misogynie, renforce l’adhésion à la culture du viol, accroit le risque de passages à l’acte violents.
Les mineur·es sont une cible stratégique pour l’industrie, car un enfant accro à la pornographie devient un adulte captif.
Protéger les mineur·es de la pornographie est aussi un enjeu de lutte contre l’inceste et la pédocriminalité. Outre le fait que ces plateformes abritent de la pédopornographie, très souvent des vidéos de violences diffusées par les pédocriminels, la pornographie est également utilisée dans la stratégie des agresseurs pour semer la confusion, inverser la honte et la culpabilité, et sidérer les victimes ciblées. Les survivant·es de pédocriminalité voient l’irruption dans leur psychisme de scripts pornographiques dans ce qu’ils ont de plus oppressifs, discriminants, chosifiants, et peuvent par le visionnage compulsif et anxieux de pornographie se retrouver dans un état d’anésthésie émotionnelle dissociative, qui profite aux agresseurs.
Assez d’hypocrisie : la loi est claire, les moyens existent
Depuis 2020, la loi française oblige les éditeurs de sites pornographiques à mettre en place un véritable contrôle de l’âge de leurs utilisateurs et utilisatrices. Le cadre juridique est complet : le décret d’application est en vigueur, un référentiel technique a été publié, et la CNIL a validé plusieurs solutions respectueuses du RGPD, notamment la vérification par un tiers de confiance, l’utilisation de la carte bancaire ou encore l’analyse faciale sans recours à la reconnaissance biométrique. Les moyens existent.
Alors comment expliquer qu’une industrie aux moyens colossaux, habituellement en tête des innovations majeures de la tech (paiement en ligne, streaming vidéo, VR, IA, robotique), serait incapable de développer un simple système de vérification d’âge ? La réponse est simple : elle ne veut pas.
Un tournant juridique historique
Le 6 juin, l’ARCOM pourra bloquer sans passer par un juge les sites qui refusent d’appliquer la loi. Le blocage volontaire des sites Pornhub, YouPorn et RedTube en France révèle ce que l’industrie pornographique tente depuis des années de dissimuler : son refus obstiné de toute régulation, même minimale, pour protéger les mineur·es. Cette industrie multimilliardaire préfère mobiliser ses ressources pour combattre toute tentative de régulation, à grand renfort d’avocats et de lobbyistes, plutôt que de renoncer à un accès inconditionnel et gratuit qui alimente son modèle économique fondé sur la violence et sur l’érotisation de toutes les oppressions. Face à cela, l’application stricte de la loi et la mobilisation collective sont essentielles. Le contrôle de l’âge sur les sites pornographiques est un impératif de santé publique, de protection de l’enfance et d’égalité entre les sexes, qui doit primer sur les profits de l’industrie pornocriminelle.
Osez le Féminisme appelle à :
– Appliquer sans délai les mesures de contrôle d’âge sur tous les sites pornographiques accessibles depuis la France.
– Renforcer la coopération européenne pour sortir la pornographie de la zone de non-droit numérique.
– Reconnaître les dommages causés aux enfants, aux femmes et à toute la société par la pornographie et agir en conséquence.
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