08 janvier 2025
Au 26 décembre 2024, le Tribunal suprême fédéral (STF) avait condamné 310 personnes pour leur participation aux attentats. Parmi les infractions reprochées aux putschistes figurent l’association de malfaiteurs, l’abolition violente de l’État de droit démocratique et les dommages à la propriété publique. La plupart des personnes condamnées ont été arrêtées sur les lieux des attentats ou dans des camps, qui ont duré des semaines, devant les casernes et avec le consentement des forces armées, comme l’a révélé l’enquête rapportée par le ministre de la plus haute juridiction du pays (le Suprême Tribunal Fédéral), Alexandre de Moraes.
Toujours en septembre 2023, Aécio Lúcio Costa Pereira est la première personne reconnue coupable du complot du coup d’État et est condamné à 17 ans de prison. Les preuves comprenaient des vidéos réalisées par lui-même et montrant sa participation active aux actes de déprédation. D’autres condamnations ont suivi la même rigueur, renforçant le message que les attaques contre la démocratie ne seront pas tolérées par certaines institutions du pays, y compris la Cour suprême.
En même temps, le bureau du procureur général (PGR) a signé des accords de non-poursuite avec 71 accusés. Ces accords prévoient des mesures alternatives, telles que des travaux d’intérêt général et des cours sur la démocratie, pour les personnes considérées comme moins impliquées dans les événements. Au cours de l’année, certains critiques des peines légères ont mis en garde contre le risque d’impunité, tandis que les défenseurs ont mis l’accent sur la possibilité d’une éducation politique.
Connexions politiques et financières
Les financeurs des actes sont également surveillés de près. Des hommes d’affaires ont été dénoncés pour avoir financé les déplacements et l’hébergement des manifestants. Dans la sphère politique, d’anciens alliés de l’ex-président Jair Bolsonaro (PL), qui serait le principal bénéficiaire des actes de coup d’État, sont accusés d’avoir fomenté les manifestations.
Les enquêtes indiquent que des discours et des messages incendiaires sur les réseaux sociaux ont servi de catalyseurs. Bolsonaro est poursuivi devant la Cour suprême, notamment pour incitation au coup d’État, et reste inéligible à toute fonction élective dans le pays.
Deux militaires devant le tribunal
Le fait marquant des enquêtes sur les crimes commis le 8 janvier 2023 a été l’arrestation de deux des principaux noms liés au coup d’État : l’aide de camp de l’ancien président Jair Bolsonaro, le lieutenant-colonel Mauro Cid, et le général Walter Braga Netto. Ces arrestations ont permis d’accomplir des progrès significatifs dans l’élucidation des événements et dans l’établissement des responsabilités de leurs organisateurs.
Mauro Cid a été arrêté en mars 2024 pour avoir coordonné le financement et la logistique du coup d’État. Le lieutenant-colonel a été identifié comme un intermédiaire entre les financiers privés et les organisateurs des manifestations.
Le témoignage de Cid a permis des avancées cruciales. Il a mis en évidence un réseau comprenant des hommes politiques de différents États, des militaires d’active et de réserve, ainsi que des hommes d’affaires. Il a également remis des messages et des documents montrant que des actions avaient été organisées à l’avance pour empêcher l’investiture de Lula.
L’arrestation de Braga Netto, le 14 décembre 2024, a marqué un tournant dans l’enquête. Ancien ministre de la Défense et l’un des plus proches amis de Bolsonaro, ce militaire est accusé d’avoir apporté un soutien stratégique au coup d’État. Selon les enquêtes, il a participé à des réunions au cours desquelles ont été discutés des plans visant à mettre en péril la transition démocratique.
La fuite à travers le continent
La situation des fugitifs est un autre élément important. Les putschistes impliqués dans les actes antidémocratiques ont cherché refuge dans d’autres pays, en particulier en Argentine, où au moins 61 Brésiliens condamnés pour les actes du 8 janvier ont été identifiés. En novembre 2024, les tribunaux argentins ont émis des mandats d’arrêt à l’encontre de ces personnes.
Outre l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay ont signalé la présence de Brésiliens liés au coup d’État. En décembre 2024, le Pérou a signalé l’entrée de quatre suspects, qui ont peut-être fui l’Argentine après l’émission des mandats d’arrêt.
La procédure d’extradition peut être longue, surtout si l’accusé demande l’asile politique. Invoquant des persécutions politiques, certains putschistes affirment qu’ils ne peuvent pas retourner au Brésil. Toutefois, les experts soulignent que les preuves accablantes rendent difficile le soutien de tels arguments.
Parmi les personnes faisant l’objet d’une enquête figurent des chefs religieux qui ont utilisé des sermons pour inciter à participer aux actes. Le CPI (Commission Parlementaire d’Enquête) des actes de coup d’État, créé en 2023, a révélé des vidéos de pasteurs encourageant les fidèles à piller les biens publics sous une justification divine.
Un autre aspect significatif est le rôle des réseaux sociaux. Des entreprises telles que Twitter, Facebook et Telegram ont été sommées de fournir des éclaircissements sur la diffusion de contenus frauduleux. Bien que certaines aient collaboré, les critiques soutiennent que les mesures ont été prises trop tard.
Les développements juridiques comprennent également l’enquête sur le personnel militaire impliqué. Des images montrent des membres des forces armées autorisant des manifestants à accéder à des zones d’accès restreint. Le ministère de la défense collabore avec la Cour suprême pour identifier les responsables.
La grâce de Noël 2024 accordée par Lula a constitué une étape importante de ce processus. Il a explicitement exclu les personnes condamnées pour les actes du coup d’État, envoyant ainsi le message que ces crimes ne seraient pas tolérés. Cette mesure a été largement saluée.
Recouvrement
Les dommages matériels causés par ces actes sont estimés à des centaines de millions de reais. Des œuvres d’art, des meubles historiques et des documents ont été détruits. Le gouvernement brésilien a investi dans la restauration, tandis que des poursuites civiles ont été engagées pour demander des comptes aux responsables des dommages financiers.
Deux ans après le 8 janvier, le Brésil doit encore faire face aux conséquences de ces actes et le processus de responsabilisation est complexe, mais fondamental pour garantir que des événements similaires ne se répètent pas.
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