Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Élections québécoises 2012

Dits et non-dits de la campagne !

Des choses se disent et s’écrivent dans cette campagne électorale qui méritent d’être soulignées ou dénoncées. Propos surprenants, parfois scandaleux, on ne peut laisser dire et se taire !

Pauline Marois et les énergies fossiles

Pauline Marois promet aux Madelinots qu’il y aura des études d’impact, mais ne fait pas d’engagement sur l’exploitation du pétrole. On aura compris que le tournant VERT du PQ est pour le moins superficiel. Non seulement le Parti québécois n’écarte pas l’exploitation du pétrole dans le golfe St-Laurent, mais il ne promet même pas de revenir sur le fait que l’exploitation pétrolière d’Anticosti ait été cédée par Hydro-Québec à Pétrolia. Jusqu’ici, Pauline Marois n’a dit mot sur l’investissement de la Caisse de dépôt dans les sables bitumineux. Les écologistes devraient lire le chapitre pour un Québec vert et bleu du dernier programme du Parti Québécois, ils y verraient les belles intentions du programme, mais ils y verraient aussi que ce dernier n’écarte pas le développement des énergies fossiles. La gestion des gouvernements péquistes a démontré de 1994 à 2003 que les programmes du parti ne pesaient pas lourd face au ralliement de ce parti aux politiques néolibérales.

Pauline Marois, un comité pour une stratégie référendaire

On annonce la tenue d’un référendum quand madame Marois jugera le moment opportun. Quand on se rappelle qu’elle a demandé pour accepter son retour à la direction du PQ qu’elle n’ait aucune obligation à cet égard, on peine à voir ce que le comité pourra bien changer. Surtout si on se rappelle que le programme du PQ se contente d’avancer la gouvernance souverainiste qu’on ne peut faire autrement qu’identifier malgré cette appellation trompeuse qu’à une autre mouture de l’autonomisme provincialiste.

Mais ce comité répond à des fins très spécifiques : d’une part, faire oublier l’intransigeance avec laquelle elle a traité les indépendantistes au dernier congrès du Parti québécois contribuant à provoquer la crise que le PQ a connue et d’autre part empêcher que des indépendantistes décident de s’orienter vers des partis souverainistes qui refusent de reporter aux calendes grecques la lutte pour la souveraineté du Québec. On promet une nouvelle stratégie référendaire tenant compte de la nouvelle période. La nécessité de cette nouvelle stratégie ne révèle-t-elle pas l’insuffisance des perspectives adoptées par le dernier congrès de ce parti sur la gouvernance souverainiste ? Cela, on ne le dit pas.

Des professeurs de l’université de Sherbrooke à la défense du Parti libéral de Jean Charest

Jean-Herman Guay et Luc Godbout remettent en question l’existence du néolibéralisme au Québec. Et, les professeurs avancent deux arguments : la taille de l’État n’a pas été réduite et le PLQ a renforcé la lutte à la pauvreté. Leur approche escamote la réalité du néolibéralisme. Y a-t-il eu renforcement de la privatisation ? Oui. Y a-t-il eu un démantèlement des entreprises publiques ? Certainement. Soquip, Rexfor, Soquia et d’autres ont été démantelées. Sans parler, du bradage de nos richesses naturelles planifié dans le Plan Nord. Y a-t-il eu une généralisation du libre-échange et un processus de désindustrialisation de la société québécoise ? Absolument. Y a-t-il eu processus de déréglementation à tous les niveaux ? Absolument, on ne rappelera ici que des coupes à blanc de la forêt boréale. Y a-t-il eu une défiscalisation des revenus des plus riches et des entreprises et connaît-on une marche vers la tarification des services publics ? Une coalition lutte contre cette tarification des services publics. La fiscalité indirecte et régressive n’a pas cessé de se développer. Et la généralisation de l’utilisation des paradis fiscaux, ne serait-elle pas, elle non plus, une réalité ? Cette généralisation a été documentée. Y a-t-il eu une concentration de la richesse au sommet de la société québécoise ? Oui, rappelons qu’au Canada 20 % de la population détiennent 94 % des capitaux. On dirait que nos professeurs ne connaissent que la notion de revenu et ont oublié celle de patrimoine. Navrant ! Il faut vraiment agir en mercenaires, pour réduire le néolibéralisme à deux critères douteux, et ensuite manipuler les statistiques pour rejeter le caractère néolibéral des politiques du Parti libéral du Québec. Stupéfiant !

Bernard Rioux

Qui l’a dit

« Plus de populace ni de troubles. (…) Pas de populace, pas de confusion, pas de troubles. (…) Il n’est pas de circonstances, aussi tyranniques soient-elles, qui puissent justifier le trouble et le désordre. (…) Faites en sorte que même les biens de votre pire ennemi ne soient pas mis en péril ».*

Jean Charest ? Non, mais il participe de cet esprit. Ce sont les leaders de la révolution américaine qui s’assuraient que le peuple soulevé contre l’Empire britannique ne participe pas au pouvoir.

Comme quoi la protection des biens et des intérêts privés fait vraiment partie de l’ordre capitaliste des choses. À chaque fois que le peuple se présente en tant qu’acteur actif, direct sur la scène politique, il se fait rabattre, conspuer et dénigrer. La rue est ainsi toujours présentée par les leaders comme impertinente et surtout dangereuse.

*Extraits de : Une histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, par Howard Zinn, Lux ed. Mtl, 2002 pour la traduction française.

Alexandra Cyr

Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

Alexandra Cyr

Retraitée. Ex-intervenante sociale principalement en milieu hospitalier et psychiatrie. Ex-militante syndicale, (CSN). Ex militante M.L. Actuellement : membre de Q.S., des Amis du Monde diplomatique (groupe de Montréal), animatrice avec Lire et faire lire, participante à l’établissement d’une coop. d’habitation inter-générationnelle dans Rosemont-Petite-Patrie à Montréal. Membre de la Banque d’échange communautaire de services (BECS) à Montréal.

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