Édition du 23 avril 2024

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Le mouvement des femmes dans le monde

Interdiction de manifester à Madrid pour le 8 mars : « Qu’ils osent nous arrêter ! »

Cette semaine, le gouvernement « le plus féministe de l’histoire » a décidé d’interdire toutes les manifestations et rassemblements prévus le 8 mars, à l’occasion de la journée de lutte internationale pour le droit des femmes, dans la région de Madrid.

Révolution Permanente
4 mars

Par Anna Ky

Ana Adom

« Après avoir étudié en détail chacune des pétitions présentées et en tenant compte des possibles confluences de différents rassemblements de masse dans différents quartiers de Madrid, a été prise la ferme décision d’interdire toutes les manifestations et rassemblements convoqués », a déclaré dans un communiqué la Délégation du gouvernement de la Communauté de Madrid, représentant le gouvernement "progressiste" du PSOE-Unidas Podemos.

Il y a quelques jours à peine, le ministre de la Santé avait déclaré qu’il n’y a « pas de place » pour les manifestations du 8 mars, avant de préciser que les rassemblements de plus de 500 personnes seraient interdits dans la capitale espagnole. Les organisations syndicales et féministes s’étaient alors adaptées à cette restriction en organisant quatre rassemblements simultanés à différents endroits pour cette journée de mobilisation. Mais même cette modalité d’organisation déjà bien loin des mobilisations historiques qu’on a connues ces dernières années dans l’État espagnol, ne sera finalement pas autorisée. L’excuse donnée par la délégation du gouvernement est qu’à Madrid, les taux de contagion sont encore élevés.

Comme l’a récemment dénoncé Lucia Nistal, militante du Courant Révolutionnaire des Travailleur.ses (CRT) et du collectif féministe et anticapitaliste Pan y Rosas, tandis qu’ils interdisent les manifestations de femmes, ils autorisent les grandes concentrations de personnes, sans aucune possibilité de respecter les gestes barrières, « dans les transports ou dans les centres de travail et d’études, où des milliers de femmes et de jeunes travailleurs sont exposés à la contamination ».

Il s’agit d’une énorme violation d’un droit fondamental, le droit de manifester, que le gouvernement "progressiste" ne refuse qu’à la gauche et aux mouvements sociaux. Car c’est cette même coalition au pouvoir, se revendiquant pourtant comme l’héritière des mobilisations historiques de ces dernières années (depuis l’occupation des places en 2011 jusqu’aux luttes indépendantistes récentes en Catalogne), qui réprime aujourd’hui violemment les mobilisations contre l’incarcération du rappeur Pablo Hasel, condamné pour avoir critiqué la couronne, et qui envoie la police matraquer les jeunes manifestants qui luttent pour la liberté d’expression et contre la monarchie dans tout le pays. Dans le même temps, les manifestations de droite et d’extrême droite, voire fascisantes comme le récent hommage à la Division bleue, bénéficient d’une autorisation en bonne et due forme et même d’une protection policière.

Cette politique liberticide, sécuritaire et répressive a été dénoncée par Josefina Martínez, également militante du CRT et de Pan y Rosas, qui a appelé à braver les interdictions avec force : « Sortons dans la rue quand même et qu’ils osent toutes nous arrêter ».

Irene Montero, la ministre de l’égalité de Podemos, a appelé ce jeudi à « respecter scrupuleusement » les recommandations sanitaires lors du 8 mars. Et pour tenter de redorer l’image ternie de son gouvernement, elle a ajouté hypocritement : « Ils ne vont pas nous trouver dans la criminalisation du mouvement féministe ».

Le PSOE et Unidas Podemos travaillent depuis un certain temps à désactiver le mouvement féministe, car ils préfèrent un féminisme modéré et ministériel, mais cette nouvelle mesure répressive franchit toutes les lignes rouges. Ils cherchent à bâillonner nos colères et nos luttes, à l’occasion de la principale journée de mobilisation pour les droits des femmes. En Europe, l’État espagnol a inspiré des milliers de femmes au travers des mobilisations féministes exemplaires du 8 mars : en 2018, c’est 5 millions de grévistes qui paralysaient le pays, organisé.es en assemblées générales des mois avant la journée de grève.

Comme le disent les femmes du collectif féministe Pan y Rosas, c’est une interdiction qui ne peut être respectée. Ce 8 mars, plus que jamais, les rues doivent être à nouveau remplies de violet. D’autant que dans l’État espagnol comme ailleurs, les femmes se trouvent depuis un an en première ligne de la crise sanitaire et économique, dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’aide à la personne, du nettoyage... Des deux côtés des Pyrénées, nous affirmons que nos luttes n’ont pas de frontières. Pour notre droit de grève et de mobilisation, pour la liberté d’expression, contre les violences patriarcales et économiques, pour un investissement massif dans le système public de santé, solidarité avec les femmes de l’État espagnol qui luttent aux côtés de la jeunesse et du monde du travail !

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