Ces derniers tentent par tous les moyens de "couvrir" les exactions des colons contre les Palestiniens et Palestiniennes. Netanyahu lui-même a dit et répété que "l’armée a carte blanche en Cisjordanie". Ces dangereux illuminés veulent ressusciter ce qu’ils appellent "le grand Israël biblique". La situation se dégrade à un point tel que même de hauts responsables de l’armée et de la police s’alarment devant les conséquences possibles de cette fuite en avant qu’ils dénoncent sous le couvert de l’anonymat. Ils craignent une troisième intifada palestinienne en Cisjordanie et une relance des opérations militaires venant des camps de réfugiés palestiniens du Liban sud, comme durant les décennies 1970 et 1980. Ce que plusieurs ont qualifié de camp de la paix en Israël est aujourd’hui nettement en débandade devant la montée de la droite musclée. Par ailleurs, plusieurs jeunes Israéliens et Israéliennes songent sérieusement à émigrer au Canada et aux États-Unis aux dernières nouvelles en raison des politiques antidémocratiques de leur gouvernement.
Les gouvernements occidentaux dans leur ensemble restent fidèles à leur politique pro-israélienne, à part quelques dénonciations convenues des abus commis par leur allié et protégé contre la population palestinienne occupée. Leur grande affaire en ce moment est le conflit russo-ukrainien. Ils soutiennent l’Ukraine officiellement pour des motifs libéraux et démocratiques, en réalité pour contenir l’expansionnisme russe et contrer son influence croissante dans le monde, particulièrement en Afrique, nouveau "terrain de jeu" du Kremlin. Le conflit entre Moscou et Kiev leur permet commodément de détourner l’attention mondiale au sujet des exactions israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et de dénoncer les abus russes commis aux dépens des Ukrainiens et Ukrainiennes. Joe Biden a eu beau demander à quelques reprises à Netanyahu de faire cesser la progression de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens, il s’est buté à un mur. À ce qu’on sache, il n’a de toute façon pas beaucoup insisté et ne pouvait surtout pas menacer son interlocuteur de mesures de rétorsion, vu la puissance du lobby sioniste aux États-Unis, et ce même à supposer qu’il en ait entretenu. l’idée pendant un moment.
Rien n’embêterait plus les gouvernements occidentaux qu’une révolte palestinienne de grande envergure dans cette période-charnière de soutien à l’Ukraine ; elle détournerait fâcheusement l’attention des opinions publiques de la guerre russo-ukrainienne au profit du continuel conflit israélo-palestinien et exposerait les contradictions de leur politique du double standard : soutien sans faille à l’Ukraine mais appui inébranlable à un État oppresseur, Israël, contre un peuple qu’il maltraite, les Palestiniens.
La poussée colonisatrice israélienne en territoire palestinien procède certes de la folie des grandeurs, mais elle se fonde aussi sur le racisme antipalestinien. L’une découle de l’autre. Un racisme qui ne s’avoue pas tel en public, mais qui se déduit facilement des politiques de Tel-Aviv et de l’agressivité des colons à l’endroit de la population occupée. On le savait déjà. Mais on doit souligner que ce racisme est partagé à des degrés divers par la plupart des classes politiques occidentales. Un racisme "bon chic bon genre", en gants blancs, mais du racisme quand même. Il se dissimule derrière des arguments habituels, du genre : "Israël seule démocratie du Proche-Orient" qu’il faudrait donc défendre à tout prix, ou encore le droit au retour des Juifs et Juives dans la patrie supposée de leurs ancêtres. Ce racisme deviendrait flagrant et ferait contraste avec les justifications spécieuses, faussement vertueuses qui camouflent leur appui à l’Ukraine. La contradiction serait alors éclatante, insoutenable.
Sommes-nous dans ce dossier crucial à la croisée des chemins ? Il faut plus que jamais continuer la lutte pour la cause palestinienne.
Jean-François Delisle
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