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Par Saint Louis John-Max Bruno, étudiant en sciences politiques

Les jeux de hasard exercent une attraction puissante sur une grand nombre de jeunes à travers le monde particulièrement sur la jeunesse haïtienne. Les jeux de hasard n’ont pas toujours été présents dans la société haïtienne, et les jeunes Haïtiens sont de plus en plus adictés à cette pratique. De plus en plus de jeunes sont attirés par les jeux d’argent, qu’il s’agisse de loteries, de paris sportifs ou de casinos en ligne cette pratique trouve sa l’égalité dans la loi cadre de la LEH (loi du 04 septembre 1958). L’évolution technologique et l’accès facile aux plateformes de jeux en ligne ont ouvert de nouvelles opportunités pour les jeunes Haïtiens de faire des paris en ligne. Cependant, cette pratique soulève des préoccupations quant à ses conséquences sociales, financières et psychologiques sur la jeunesse du pays. Cet article examine en profondeur les motivations qui poussent les jeunes Haïtiens à s’adonner aux jeux de hasard, analyse les effets de cette pratique sur leur vie et leur avenir, et explore les actions possibles pour mieux les accompagner face à ce défi.

La montée en flèche de l’attraction des jeux de hasard parmi la jeunesse haïtienne s’inscrit dans un contexte complexe et multifactoriel. Alors que les jeux de hasard deviennent de plus en plus prédominants, il est crucial de comprendre les raisons profondes qui alimentent cette tendance. Cependant, derrière cette poussée d’intérêt se cachent des défis sociaux, économiques et psychologiques qui exigent une réflexion approfondie et des mesures appropriées. L’évolution technologique a amplifié cette dynamique, offrant de nouvelles avenues pour l’engagement des jeunes dans les jeux en ligne, tout en exacerbant les problèmes sous-jacents tels que la précarité économique, le chômage etc… Il est donc impératif d’explorer de manière approfondie les motivations et les impacts de cette pratique pour mieux orienter les efforts visant à soutenir et à guider les jeunes Haïtiens à travers cette réalité complexe.

Il y a plusieurs facteurs qui influencent l’engouement pour les jeux de hasard chez les jeunes Haïtiens. D’abord, la précarité économique en Haïti est le premier facteur qui pousse certains jeunes à lancer dans les jeux de hasard comme une échappatoire, avec l’espoir de gagner rapidement de l’argent pour améliorer leur situation financière. Cette précarité est le résultat de nombreuses actions telles que le chômage, la corruption, la mauvaise gouvernance et une carrence en ce qui concerne la création d’emplois . La précarité économique représente un fardeau lourd à porter pour la jeunesse, une entrave à ses rêves et une barrière à son plein épanouissement. Dans une étude commanditée par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), New York (2020). Elle mentionne que : “La précarité économique crée un climat d’incertitude et de stress parmi la jeunesse, compromettant ses opportunités d’éducation, de formation et d’accès à un avenir meilleur”.

Suite à une enquête que j’ai réalisée dans plusieurs bureaux de paris tels que Paryaj Pam, IZI Paryaj, et Poze Paryaj, ainsi que sur les réseaux sociaux, j’ai observé que la majorité des parieurs, environ 70 %, ont entre 15 et 40 ans. De plus, 80 % des paris effectués sont des paris sportifs combinés. Pour de nombreux jeunes, se lancer dans les paris représente un espoir. Beaucoup d’entre eux sont parents malgré l’absence de source de revenus stable. Ainsi, ils fréquentent les bureaux de paris quotidiennement avec l’espoir de gagner de l’argent pour subvenir aux besoins de leur famille. D’autres jeunes ont des projets, mais manquent des ressources financières nécessaires pour les concrétiser. Ils optent alors pour les paris dans l’espoir de trouver les fonds nécessaires pour leurs projets.

Cependant, certains d’entre eux deviennent rapidement accros. Pour eux, plus ils jouent, plus ils croient en la possibilité de gagner de l’argent. Cette mentalité conduit parfois à des décisions regrettables, telle que le pari de sommes destinées à des dépenses sérieuses comme les frais de scolarité, les projets personnels, voire même l’argent prévu pour l’obtention d’un passeport. Parmi les parieurs, il y a aussi des professionnels, des diplômés et des personnes ayant obtenu des licences qui n’ont pas réussi à trouver une voie vers l’indépendance financière. Paradoxalement, malgré leurs compétences, ils laissent leur avenir entre les mains du destin et du hasard en se livrant au jeu. De plus, un grand nombre d’entre eux vivent éloignés de leurs familles tels que des étudiants, des ressortissants des milleux ruraux qui viennent s’installer dans les villes. Pour faire face à certaines dépenses ils voient les paris comme un moyen de compenser ces coûts additionnels.

Les jeunes Haïtiens confrontés à des difficultés économiques ont un niveau d’engagement plus élevé dans les jeux de hasard que ceux ayant une situation financière plus stable. La précarité économique est un facteur prédictif important de la participation aux jeux de hasard chez les jeunes.En Haïti, où la précarité économique est une réalité persistante, certains jeunes se tournent vers les jeux de hasard dans l’espoir de sortir de la pauvreté et d’améliorer leur situation financière. De plus, l’accessibilité croissante des plateformes de jeux de hasard en ligne en Haïti contribue à l’influence de la précarité économique sur les jeunes. Avec l’utilisation généralisée des téléphones portables et d’internet, les jeunes peuvent facilement accéder à des sites de jeux de hasard en ligne, rendant cette pratique encore plus séduisante pour ceux en quête de solutions financières rapides. Puis, la précarité économique crée également des cercles vicieux de dépendance chez certains jeunes Haïtiens. Les pertes répétées aux jeux de hasard entraîne des problèmes financiers encore plus importants, renforçant ainsi leur dépendance à ces jeux.

Outre la précarité économique, les facteurs sociaux jouent un rôle essentiel dans la motivation des jeunes Haïtiens à s’engager dans les jeux de hasard. Cet dévouement pour les jeux de hasard chez les jeunes haïtiens est renforcé par l’influence des pairs et des médias qui véhiculent une image positive de cette pratique. Les publicités et les témoignages positifs autour des jeux de hasard jouent un rôle significatif dans l’attrait exercé sur la jeunesse haïtienne. Cette influence est amplifiée par l’émergence des médias sociaux et l’accessibilité croissante aux contenus en ligne. En premier lieu, Les opérateurs de jeux de hasard utilisent des publicités attractives pour susciter l’intérêt des jeunes Haïtiens. Ces publicités mettent en avant les bénéfices financiers potentiels et présentent le jeu comme une voie rapide vers la richesse. Des images de personnes heureuses et réussies après avoir gagné au jeu peuvent créer un sentiment de désir chez les jeunes, qui aspirent également à une vie meilleure. Ensuite, Les témoignages positifs de personnes ayant connu des succès dans les jeux de hasard normalise cette pratique aux yeux des jeunes Haïtiens. Ces témoignages sont souvent partagés sur les réseaux sociaux, créant ainsi un effet d’entraînement. Les jeunes sont influencés par ces récits de succès et être convaincus que le jeu est une activité accessible à tous et susceptible de leur apporter des avantages similaires.

Les jeux de hasard ont des conséquences dévastatrices sur la jeunesse haïtienne, allant des problèmes financiers et de santé mentale aux conflits. Face à la précarité économique, de nombreux jeunes Haïtiens sont attirés par ces pratiques risquées. En effet, la précarité économique, étant un facteur clé, incite certains jeunes à chercher des solutions rapides pour améliorer leur situation financière. Cependant, cette quête rapide de gains peut avoir des conséquences graves sur leur vie et leur avenir. Les jeunes Haïtiens font face à un ensemble de conséquences négatives liées à la participation aux jeux de hasard.
Premièrement, ces jeux entraînent des problèmes financiers et des lourdes dettes. Le manque de ressources et la tentation de gagner rapidement de l’argent poussent les jeunes à prendre des risques financiers inconsidérés. En conséquence, leur précarité économique initiale s’aggrave, créant des cercles vicieux difficiles à briser. De plus, le jeu excessif ont des répercussions néfastes sur la santé mentale des jeunes Haïtiens. Les pertes répétées et le stress lié aux jeux de hasard peuvent provoquer des problèmes d’anxiété, de dépression et d’isolement social, affectant ainsi leur bien-être général. Les conséquences des jeux de hasard ne se limitent pas aux problèmes financiers et à la santé mentale. La participation excessive à ces activités peut également perturber leur parcours éducatif et professionnel. En négligeant leurs responsabilités académiques, certains jeunes compromettent leurs performances scolaires, limitant ainsi leurs opportunités d’éducation et d’emploi.

La nécessité de la participation de l’État haïtien dans le contrôle des jeux de hasard est indéniable pour prévenir les conséquences néfastes sur l’avenir des jeunes Haïtiens. En tant qu’autorité régulatrice, l’État doit jouer un rôle clé dans la mise en place de mesures de protection, de prévention et de soutien pour les jeunes joueurs. Premièrement, l’État doit établir un cadre réglementaire strict pour superviser les activités liées aux jeux de hasard. Cela permettra de surveiller de près les opérateurs de jeux et de s’assurer qu’ils respectent les normes éthiques et légales, notamment en protégeant les joueurs vulnérables, comme les jeunes, contre les pratiques abusives . Un contrôle rigoureux permettra également de limiter l’accès des jeunes aux plateformes de jeux de hasard en ligne et de lutter contre les opérations illégales qui les ciblent spécifiquement.

Deuxièmement, l’État a un rôle crucial à jouer dans la sensibilisation des jeunes aux risques liés aux jeux de hasard. En développant des campagnes de sensibilisation et des programmes éducatifs, il peut informer les jeunes des dangers du jeu excessif, des conséquences financières et psychologiques qui en découlent, et des ressources d’aide disponibles en cas de besoin. La prévention par l’éducation est essentielle pour encourager une prise de conscience précoce chez les jeunes et les encourager à faire des choix responsables. Troisièmement, l’État peut mettre en place des mesures de soutien pour les jeunes joueurs en difficulté. Des centres d’aide et d’accompagnement, des lignes d’assistance téléphonique et des programmes de traitement pour les problèmes de jeu peuvent être mis en place pour offrir un soutien aux jeunes qui souffrent de dépendance aux jeux de hasard. Enfin, l’État haïtien doit également promouvoir des alternatives positives pour les jeunes Haïtiens. En offrant des opportunités d’éducation, de formation professionnelle et d’emploi, il peut contribuer à réduire les incitations à se tourner vers les jeux de hasard comme moyen de survie économique. En investissant dans l’éducation et la formation des jeunes, l’État favorise leur développement personnel et leur capacité à créer un avenir plus prometteur. La collaboration entre l’État, les acteurs sociaux et les organismes de la société civile est essentielle pour assurer une approche globale et efficace dans la protection de la jeunesse haïtienne face à ces pratiques risquées.

Pour conclure, L’article met en exergue l’impact considérable des jeux de hasard sur la jeunesse haïtienne et souligne l’impérieuse nécessité d’une prise de conscience collective pour prévenir les conséquences préjudiciables qui en résultent. Face à la précarité économique, la jeunesse haïtienne est tentée de s’adonner à ces pratiques hasardeuses, cherchant désespérément des solutions expéditives à leurs difficultés financières. Toutefois, les jeux de hasard peuvent engendrer des problèmes financiers, des troubles de la santé mentale, des difficultés académiques et des tensions familiales, mettant ainsi en péril l’avenir des jeunes.

Pour préserver la jeunesse haïtienne, il est impératif que l’État haïtien assume sa responsabilité dans le contrôle et la régulation des jeux de hasard. Malheureusement, jusqu’à présent, l’État haïtien a fait preuve d’irresponsabilité en négligeant cette problématique grandissante. L’absence d’un cadre réglementaire rigoureux permet aux opérateurs de jeux de prospérer sans se soucier des répercussions sur les jeunes joueurs. De plus, le manque de campagnes de sensibilisation et de programmes de soutien pour les jeunes joueurs en difficulté témoigne d’un manque d’engagement de la part de l’État pour faire face à cette situation alarmante.

Face à cette conjoncture critique, l’État haïtien doit prendre des mesures tangibles pour protéger la jeunesse haïtienne des dangers des jeux de hasard. Un cadre réglementaire strict doit être établi pour superviser les activités liées aux jeux de hasard et préserver les joueurs vulnérables, notamment les jeunes. Des campagnes de sensibilisation et des programmes éducatifs doivent être élaborés pour éclairer les jeunes sur les risques liés au jeu excessif et encourager des choix responsables. Des mesures de soutien, tels que des centres d’aide et de traitement, doivent être instaurées pour soutenir les jeunes joueurs en difficulté à surmonter leur dépendance et à retrouver un équilibre dans leur vie. Enfin, l’État haïtien doit également investir dans l’éducation et la formation des jeunes afin de leur offrir des alternatives positives aux jeunes. En renforçant les opportunités d’éducation et d’emploi, l’État peut contribuer à atténuer les incitations à se tourner vers les jeux de hasard comme palliatif économique.

En conclusion, il est primordial que l’État haïtien prend en charge ses responsabilités et agisse de manière proactive pour protéger la jeunesse haïtienne des conséquences néfastes des jeux de hasard. En régulant cette pratique, en sensibilisant les jeunes et en offrant des mesures de soutien, l’État peut jouer un rôle primordial dans la préservation de l’avenir des jeunes Haïtiens. Une approche collective, incluant l’État, les acteurs sociaux et la société civile, est essentielle pour relever ce défi complexe et garantir un avenir plus serein et plus prometteur pour la jeunesse haïtienne.

Références :
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2. Marvens JEANTY, (2021) Paryaj Pam, entre espoir et pratique suicidaire. Consulté sur : https://balistrad.com/paryaj-pam-haiti-pari-sportif/
3. Organisation Internationale du Travail (OIT). (2019). “Travail décent pour la jeunesse en Haïti : Rapport sur la précarité économique et ses impacts sur les jeunes.” Consulté sur : https://learning.itcilo.org/ilo/youthemployment/PDF/rep-vi_fr.pdf
4. PRESSLAKAY, (2022).Haïti-Société : paris sportifs, la nouvelle passion des jeunes aux conséquences désastreuses. Consulté sur : https://presslakay.net/haiti-societe-paris-sportifs-la-nouvelle-passion-des-jeunes-aux-consequences-desastreuses/
5. Emmanuel Moïse Yves, (2020). Des jeunes « accros » perdent des sommes importantes à Paryaj Pa m. Consulté sur : https://go.shr.lc/3pnNdsy
6. Médy Orlison DÉSIRAL, (2022). Qu’en est-il du marché des jeux de paris sportifs en Haïti ?
Consulté sur : https://lenouvelliste.com/article/239089/quen-est-il-du-marche-des-jeux-de-paris-sportifs-en-haiti
7. Abdou Kouomoun et Salifou Ndam (2022) “Le pari sportif chez les jeunes au Cameroun”.
Consulté sur : https://doi.org/10.4000/ried.1434
8. Étude commanditée par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), New York 2020. Les raisons d’investir
Sur les jeunes Consulté sur :
https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&opi=89978449&url=https://www.unfpa.org/sites/default/files/pub-pdf/Case%2520for%2520Investing-FINAL_FR_v1.pdf&ved=2ahUKEwj8i6qkrcaAAxWTRjABHXCLDNUQFnoECBcQAQ&usg=AOvVaw2U9BnR1Hf7IWwNLidZryJN