Édition du 23 avril 2024

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Europe

L’origine du métal de la Tour-Eiffel ravive encore la polémique

Dépassionner le débat sur les sinistres conquêtes coloniales, le recouvrement des richesses mal acquises, n’est pas une tâche facile, quand l’épineuse question est prise à bras le corps par la nouvelle génération, maîtrisant avec virtuosité les outils de communication. Le coup de gueule du Journaliste algérien Mohamed Allal attise l’éréthisme de certains médias français et les réseaux sociaux. Il enjoint à la France de rendre la Tour-Eiffel à l’Algérie, érigée, selon lui, avec le minerai (fer) algérien.

photo et article
De Paris Omar HADDADOU

A l’heure où les 730 Milliards d’euros des 500 premières fortunes de France donnent du tournis à l’éminent Economiste Thomas Piketty, la question de la Justice rétroactive sur la spoliation des richesses minières durant la période coloniale, s’invite dans le débat politique en Algérie.

Une Jeunesse en quête de vérité sur la dépossession du pays de sa matière première, se bat les flancs afin de mettre au jour l’autre face de l’occupation : celle du pillage effréné du sous-sol.

Convié le 28 janvier 2021 à l’émission « Sra Ma Sra », Il s’est passé des choses, sur la nouvelle chaîne privée Lina TV, le Journaliste Mohamed Allal a enfiévré les réactions sur les supports médiatiques, en enjoignant à la France de restituer les biens appartenant au peuple algérien « Rendez-nous notre or et la Tour-Eiffel construite avec le fer d’El Ouenza ! ».

Pour ceux qui ne connaissent pas ce gisement, El Ouenza était considéré par l’exploitant français pendant la colonisation, comme le fleuron de la couronne minière, en 1946. La France ne pouvait que se frotter les mains en mettant à profit, pour son essor, les (Tenez –vous bien !) 75 Millions de tonnes de fer exploitables à ciel ouvert. Sans compter bien sûr, l’exploitation souterraine future.

Un passé qui pousse aujourd’hui certains Algériens, dont le rédacteur sus nommé, à crier haro sur la rapine institutionnalisée, en réclamant des excuses officielles de la part de la France pour avoir, selon ses propos, dilapider le fer algérien.

Encore une couche, au moment où le brûlant dossier sur la Réconciliation mémorielle de la Guerre d’Algérie, donne du fil à retordre à l’Historien Benjamin Stora, laissant à chaque fois plané, malgré l’avancée significative, la certitude de l’inaccessibilité à certaines archives estampillées « Secret-défense ».
Le rédacteur balaie d’un revers de main le démenti du Journaliste français du Figaro, Paul Sugy, apposant vertement, le 12 mars 2021, « le cachet de la rumeur » sur l’origine des 7.300 tonnes de fer (puddlé à postériori) ayant servi à l’édification de la Tour Eiffel, entre 1887 et 1889, comme symbole de grandeur, de clou du spectacle à l’Exposition universelle de 1900, et de rayonnement planétaire français.

Le fer, d’excellente qualité, proviendrait de deux mines algériennes, exploitées à l’époque où l’Algérie était encore un département français.

Paul Sugy, très enclin à faire abstraction de toute archive algérienne sur la question, ne l’entend pas de cette oreille et bat en brèche la thèse de l’origine outre-méditerranéenne. Il s’appuie sur l’article de Louis Le Bourg, paru le 28 avril 1887 qui atteste que le fer de l’œuvre de Gustave Eiffel a bien été produit dans les forges et sociétés Fould-Dupont de Pompey, en Lorraine (France). Pour faire valoir la crédibilité de ses recherches, le journaliste avance comme preuve irréfutable, la photo de l’inscription frappée au pied de la Grande Dame parisienne, sur laquelle est mentionnée la source du fer. Soucieux de conférer plus de consistance à son travail d’investigation, l’auteur de l’article y greffe la déclaration de l’Archéologue Paul Merluzzo qui n’hésite pas à corroborer la version selon laquelle, le minerai algérien serait utilisé surtout dans les chemins de fer. En 2018, une chaîne franco-algérienne diffusait des informations sur la provenance du fer destiné à l’ouvrage de 324 mètre de hauteur, dessiné par l’ingénieur Maurice Kœchlin. Le métal, pourrait -t-on lire sur certains anciens écrits illustrés, serait extrait des mines de Zaccar et de Rouïna, en Algérie. Nombre d’archives s’accordent sur une autre source, celle consignant la commande des 8000 tonnes de fer, passée par Gustave Eiffel. La qualité requise du minerai aux propriétés mécaniques remarquables, devait être récupérée en Algérie. L’exploitation de ce monument du monde (Un visiteur toutes les 4 secondes) constitue un levier financier puissant pour la France.
Si équité il y aura, tous les Algériens (nes) toucheront des dividendes sur chaque ticket vendu d’accès à la Tour-Eiffel. Des droits iconographiques, des recettes sur les produits dérivés, les tournages de films, et de clips…

Un placement que notre passé douloureux daigne nous nous offrir, en guise de réparation !
O.H

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