Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Afrique

La Côte d’Ivoire s’enfonce dans la crise

La crise ivoirienne s’intensifie sous la pression de la communauté internationale et de l’Union africaine. Le peuple ivoirien continue d’en être la première victime.

La menace d’intervention militaire en Côte d’Ivoire contre Laurent Gbagbo, pour installer Ouattara reconnu gagnant de la présidentielle par la communauté internationale, s’éloigne progressivement sous les différentes pressions de certains pays africains tels que l’Afrique du Sud, l’Angola mais aussi le Ghana qui fait figure d’exemple de stabilité démocratique en Afrique de l’ouest.

Pressions relayées également par la grande majorité de l’opinion publique africaine qui, à juste titre, ne comprend pas pourquoi il y aurait une intervention militaire en Côte d’Ivoire alors que maints pays ont connu des fraudes électorales massives comme le Gabon, le Togo ou plus récemment la Centrafrique sans provoquer de réaction de cette même communauté internationale.

L’Union africaine a donc décidé la création d’un panel composé de cinq présidents africains dont le rôle sera de définir des mesures contraignantes pour les deux protagonistes ivoiriens. Les dirigeants de ce panel, à l’exception du Sud-Africain Jacob Zuma, vont avoir du mal à donner des leçons de probité et de démocratie à Laurent Gbagbo.

En effet, trois présidents sont arrivés au pouvoir par la force  : Blaise Compaoré par un coup d’État en 1987 au Burkina Faso contre Thomas Sankara, Mohamed Ould Aziz en 2005, mettant ainsi fin à une authentique période démocratique en Mauritanie, et le dictateur tchadien Idriss Déby qui s’est rendu célèbre pour nombre d’exactions contre les populations de son pays. Tous vont organiser des mascarades électorales, rejoints par le cinquième, le Tanzanien Jakaya Kikwe dont le dernier scrutin a été l’objet de sérieux doutes sur sa régularité par l’Union européenne.

Pour être franc, on voit mal ce que ce panel de grands démocrates pourrait proposer comme mesure permettant une sortie de conflit, tant les positions de Ouattara et Gbagbo restent irréconciliables. Le pays risque de s’enfoncer de nouveau dans une crise aussi forte que celle du début des années 2000 qui, après le coup d’État raté des Forces nouvelles, a vu la partition du pays entre la région nord qu’elles dirigent et le reste du pays sous juridiction du gouvernement. Cette crise politique est un poids pour les populations qui sont victimes de la corruption, de l’arbitraire et des violations des droits humains perpétrés par les gens en armes aussi bien dans les zones contrôlées par Gbagbo que dans celle du nord contrôlées par les Force nouvelles de Ouattara.

En effet, les rapports des principales organisations des droits de l’homme font état de meurtres, viols et enlèvements perpétrés par les escadrons de la mort contre des supposés partisans de Ouattara dans certaines villes et quartiers d’Abidjan. Les réfugiés ivoiriens en Guinée et au Liberia témoignent eux aussi des violations des droits humains commis par les partisans des deux prétendants au pouvoir.

À ces difficultés s’ajoutent celles économiques où les augmentations des prix pour les produits de première nécessité empêchent les populations les plus pauvres de se nourrir correctement.

Les organisations du mouvement social sont prises en étau entre les pro-Ouattara et les pro-Gbgabo. Cette situation les empêche de mener une action autonome qui, à défaut de dessiner une troisième voie, celle d’une rupture avec le présidentialisme au profit d’une intervention des masses sur la scène politique, permettrait au moins d’être un moyen de défense pour les populations face aux conséquences de la dispute de pouvoir par les représentants des deux fractions de la bourgeoisie ivoirienne.

Sur le même thème : Afrique

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...