Tout le monde en Occident a applaudi la chute du régime sanguinaire du Parti baas dirigé par le dictateur Bachar-al-Assad le 8 décembre dernier, une divine surprise pour les responsables occidentaux. Les chancelleries occidentales ont salué sa déchéance et ont fait mine de se réjouir de la libération du peuple syrien. Elles souhaitent évidemment, pour la forme, une succession démocratique et libérale pour les Syriens et Syriennes et surtout un gouvernement pacifique. On espère que le régime qui succédera à celui du Baas apportera de la stabilité à cette région du Proche-Orient.
Cette attitude n’est pas tout à fait insincère. Mais il faut souligner que le Syrie d’al-Assad formait un maillon majeur de ce qu’on a appelé "l’axe de la résistance" à Israël. En effet, le régime en place à Damas était très lié à celui de Téhéran qui approvisionnait par son intermédiaire en armes et munitions le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza. Maintenant que ce maillon est brisé, l’axe de la résistance s’en trouve très affaibli. Pour sa part, le Hezbollah a subi de durs revers sous les coups de boutoir de l’aviation israélienne. Par conséquent, le Hamas à Gaza est devenu isolé et plus vulnérable qu’auparavant, ce qui rend plus incertaine la prolongation de sa résistance. Les dirigeants américains en sont très conscients et ils incitent donc l’organisation révolutionnaire à tenir compte du nouveau rapport de forces qui vient de s’établir au Proche-Orient. Son approvisionnement en matériel militaire devient beaucoup plus modeste depuis que le régime Assad a disparu. Cela procure à Tel-Aviv un avantage appréciable que le cabinet Netanyahou souhaite décisif. Mais l’est-il vraiment ?
Les relations conflictuelles d’Israël avec certains de ses voisins (comme actuellement l’Iran son pire ennemi) n’aboutissent jamais à une paix globale et durable, vu l’expansionnisme territorial israélien en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. À court terme, l’État hébreu est sorti vainqueur de ces conflits avec eux, mais à long terme, les choses s’avèrent plus problématiques.
Tout d’abord, on ne peut prévoir la nature du régime qui succédera à celui du Baas ; sera-t-il intégriste, autoritaire, hostile à Israël ou au contraire libéralo-électoral ? En tout état de cause, il est loin d’être sûr, peu importe sa nature que ce régime adoptera une politique conciliante à l’égard de Tel-Aviv, d’autant qu’on remarque beaucoup de groupes intégristes parmi ceux qui ont renversé le régime de Bachar-al-Assad.
Ensuite, la population syrienne a encore sur le coeur les bombardements israéliens sur son territoire commis voici encore très récemment. Le nouveau régime, qui prendra sans doute encore bien du temps à s’établir hésitera beaucoup à normaliser ses relations avec Tel-Aviv, si jamais il s’y décide. Le gouvernement Netanyahou en menaçant d’adopter la ligne dure à l’endroit de la Syrie si une ou des "organisations terroristes" conquéraient le pouvoir ne fait qu’empirer la situation. La ligne dure comporte ses limites, comme le prouve la résistance tenace du Hamas à Gaza, lequel n’est pas éliminé contrairement à ce que prétendent certains analystes occidentaux.
Mais on doit reconnaître que la chute imprévue du régime Assad constitue un revers d’importance pour l’Iran et le Hamas. Toutefois, ce n’est pas la première fois qu’on donne la cause palestinienne pour finie, mais elle rebondit sans cesse. Une révolution trouve toujours les moyens de se procurer des armes là où elle le peut. On en parle peu (vu que la guerre Gaza-Israël monopolise l’attention des médias) mais la résistance palestinienne en Cisjordanie s’intensifie, à cause de la politique répressive brutale du régime d’extrême-droite de Netanyahou.
Un gouvernement par ailleurs toujours plus contesté en Israël même et dont le premier ministre lui-même Benyamin Netanyahou fait l’objet de poursuites judiciaires dans son propre pays et en plus, avec son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, d’accusations devant la justice internationale.
Il s’agit là du dernier maillon, mais non le moindre de la chaîne politique régionale si tordue du Proche-Orient.
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Jean-François Delisle
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