Édition du 16 avril 2024

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Asie/Proche-Orient

Soutenons le peuple syrien et non la guerre contre ce peuple !

Le Parlement canadien n’a jamais autorisé une intervention militaire en Syrie

L’Occident, États-Unis en tête, annonce une frappe militaire en Syrie en représailles aux présumées attaques du Gouvernement de Bashar Al-Asad à l’arme chimique contre des civils. Une fois de plus, tout en refusant les contraintes des concertations aux Nations Unies, les gouvernements occidentaux les plus puissants se présentent comme la « communauté internationale », et proposent de résoudre une crise politique et humanitaire par une intervention militaire unilatérale. Bien que le Parlement canadien prorogé ne soit pas en mesure de statuer sur une éventuelle participation Canadienne à cette guerre, le gouvernement Harper se joint d’emblée aux chantres de la guerre.

Tiré du site d’Alternatives.

Il n’existe pas de solution militaire à un problème politique

Vingt-cinq ans de prétextes, de dommages dits collatéraux mais parfaitement prévisibles, pour des interventions sous couvert « humanitaire » ont déjà résulté en des crises prolongées dans les Balkans, en Afghanistan ou en Irak. Ces guerres faite prétendument au nom de la démocratie ont montré que les bombes ne résolvent pas la crise. Elles ajoutent la violence à la violence entrainant destructions et souffrances pour les populations civiles sans défense. Elles nourrissent davantage encore les divers intégrismes et les volontés de représailles.

La crise en Syrie est politique, complexe et implique de nombreux acteurs du pays et de la région. Les seuls moyens propices à régler une telle crise politique ne peuvent qu’être politiques. La communauté des pays doit forcer le cessez-le-feu, arrêter de soutenir financièrement les belligérants, imposer l’arbitrage international, faire des pressions politiques, etc.
À l’inverse, une frappe militaire fermera tous les canaux de communication et risque fort d’avoir des conséquences désastreuses sur la stabilité de l’ensemble du Moyen-Orient, pour les années à venir.

Sous l’égide des Nations-Unis

Les Nations-Unies doivent être au centre de tout le processus de règlement en Syrie. Une attaque unilatérale des États-Unis et de ses alliés, incluant l’éventuelle participation – même logistique - du Canada semble davantage répondre à d’autres impératifs géostratégiques dans la région, notamment avec Israël et avec l’Iran. Elle est aussi un pas dangereux pouvant entrainer dans le conflit d’autres puissances militaires.

Le Canada doit exiger que toutes mesures prises pour assurer la sécurité de la population syrienne soient multilatérales et entièrement sous le commandement et le contrôle exclusif et direct des Nations-Unies. Toute intervention doit être menée sous les auspices et avec le mandat des Nations Unies.

Distinguer clairement l’action militaire de l’action humanitaire et solidaire

La communauté internationale, et notamment le Canada, doivent occuper des rôles de premier plan dans la protection de la population civile et des réfugiés et ainsi consacrer des ressources à l’appui des agences humanitaires et des organisations sociales qui aident les victimes civiles. Il est illusoire d’imaginer que des frappes militaires sur Damas et les zones contrôlées par le gouvernement ne feront pas des centaines, voire des milliers de nouvelles victimes innocentes. Il est tout autant illusoire d’imaginer que ce conflit se règlera rapidement ou que la fin du régime de Bashar Al-Asad n’aurait pas de conséquences, incluant militaires, sur toute la région.

On ne peut non plus être aveugle de la dynamique de succession au régime, alors que l’opposition sur le terrain, initialement populaire, pacifique et non violente, est depuis soutenue en large partie par des milices réactionnaires, répressives et anti-démocratiques. Qu’adviendrait-il par la suite de ces populations qu’une guerre visait à « libérer » ?

Soutenir la Société civile

La solution à toute crise réside dans l’organisation et la prise en charge de son propre destin par la population elle-même à travers les organisations de la société civile et le bon fonctionnement des structures sociales, politiques, économiques et démocratiques. La communauté internationale doit soutenir ces forces et résister alors à l’appel de la stratégie simpliste de la terre brulée.

L’Histoire démontre que la guerre ne crée ni la paix, ni la justice, ni la démocratie. Ces valeurs naissent d’un réel appui aux forces qui promeuvent la démocratie, le progrès, la solidarité et la coopération entre les communautés. Celles-là même, paradoxalement, que le Gouvernement Harper tente systématiquement d’affaiblir en réduisant ses politiques d’aide internationale.
Soutenons le peuple syrien et non la guerre contre ce peuple !

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