Tiré de À l’encontre.
Le document final n’a pas été signé par les deux délégations syriennes participantes, qui ont refusé de négocier face à face. Elles sont reparties d’Astana, comme elles étaient arrivées, en s’échangeant invectives et accusations. Le représentant du régime de Bachar al-Assad a continué de traiter de « terroristes » les chefs de la rébellion présents autour de la table.
« Jusqu’à présent, il n’y a eu aucun progrès tangible dans les négociations, en raison de l’intransigeance de l’Iran et du régime », a dénoncé le chef de la délégation de l’opposition. Mohamad Allouche s’est félicité en revanche d’avoir pu exposer « directement » aux Russes le point de vue de l’opposition armée sur le règlement du conflit. Il a appelé la Russie à s’engager davantage dans le règlement de cette guerre. « Nous nous attendons à ce que le rôle de la Russie devienne vraiment positif. »
Le nouveau climat entre la Russie et les rebelles syriens, longtemps qualifiés par Moscou de « soi-disant modérés », est la grande nouveauté de la réunion d’Astana. Le document adopté par les trois pays parrains du processus mentionne « la séparation stricte entre les rebelles considérés comme modérés et les djihadistes de l’Etat islamique et du front Fatah al-Cham (ex-Front al-Nosra) ». Il appelle clairement à la participation des rebelles aux prochains pourparlers de paix, qui doivent se tenir à Genève le 8 février sous égide de l’ONU.
Présentée comme une étape vers Genève, la réunion d’Astana laisse l’essentiel des négociations à venir au processus international plus élargi, piloté par Staffan de Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie. Il n’est même pas certain qu’elle ait contribué à consolider le cessez-le-feu, violé régulièrement depuis sa mise en place le 30 décembre.
Près d’une centaine d’ONG syriennes et internationales avaient lancé un appel au sujet des pourparlers : « Afin que les négociations d’Astana puissent déboucher sur un succès, la Russie et la Turquie doivent s’assurer que le cessez-le-feu engendre un changement réel pour les Syriens, non seulement en mettant fin aux combats mais plus particulièrement en permettant l’accès humanitaire continu et sans entrave à tous ceux qui en dépendent. » Il n’a pas été vraiment entendu. (Article mis en ligne par Libération le 24 janvier à 19h30)