Édition du 17 septembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Environnement

Les poêles à bois, argutie ou fait objectif

Nous avons adressé la présente analyse à l’attention de Monsieur le maire et de l’ensemble des élu.e.s,

Nous leurs précisons que le Mouvement ville zéro déchet ne dénonce pas pour autant la nécessité de réduire l’usage des systèmes de chauffage au bois en milieux urbains. Nous sommes conscients que l’usage de cet équipement génère des pics de pollution.

Mais focaliser sur cet élément nous éloigne de solutions à l’amélioration de la qualité de l’air et cela nous amène à perdre de vue l’essentiel.

Seuls des faits objectifs peuvent nous amener à une réelle recherche de solutions. Ce qu’il faut considérer principalement c’est l’exposition chronique dans la durée, le bruit de fond de l’ensemble des polluants de notre milieu et ses impacts et identifier les sources d’émissions continues .

Monsieur le maire, notre mouvement appuie votre approche de baser vos opinions et décisions sur des faits objectifs ! Vous nous affirmiez mardi dernier, suite à la publication du « Rapport
sur le portrait de la qualité de l’air du secteur Limoilou-Basse-Ville » produit par le Groupe de travail sur les contaminants atmosphériques (GTCA) que la problématique principale affectant la qualité de l’air en Basse-Ville-Limoilou sont les poêles à bois. Suite à la prise de connaissance de ce document, vous avez dénoncé l’impact important de l’usage des poêles à bois sur la qualité de l’air. Vous nous avez fait part de l’intention de votre administration de sensibiliser et d’agir
auprès des utilisateurs de ce système de chauffage.

Il est de fait que le Rapport identifie que le chauffage au bois représente 33% de la problématique d’émissions de particules fines (PM2,5). Les auteurs précisent que « Notre analyse de la littérature a clairement démontré l’apport de sources situées à l’ouest de Limoilou,
notamment le chauffage au bois en hiver (nous soulignons). P 151, 5,4. Cependant, contrairement aux affirmations du GTCA, l’étude de Busque (2022) 2) indique que la combustion du bois de chauffage ne serait qu’une source saisonnière amenant une hausse des particules fines dans le secteur Limoilou-Basse-Ville. « Toujours en hiver, un deuxième pic quotidien, de moindre importance, est observé en avant-midi (entre 8 h et 10 h) aux stations ….. Ce pic correspond à la période où la population reprend ses activités quotidiennes. À la
station EPV, où ce phénomène est le plus marqué, l’apport du chauffage au bois est sûrement responsable d’une bonne partie de cette hausse, car l’heure où survient la hausse et l’environnement de la station ne correspondent pas à une influence directe du transport
routier. » p15

Les données utilisées par le GTCA proviennent de sources : de littérature, de données transmises par la Ville de Québec et d’une part importante des données puisées à même l’inventaire des polluants atmosphériques du Canada et par la suite adaptées par extrapolation
à la population de la Ville. Une question se pose, cette approche traduit-elle un portrait fidèle de notre réalité ?

ET, si au lieu de la littérature, nous utilisions le gros bon sens (GBS).

La problématique de la mauvaise qualité de l’air et des dangers que cela représente est pour les résidents de Limoilou-Basse-Ville depuis des décennies une réalité quotidienne, vécue douze mois par année. Comment prétendre que les particules fines (PM2,5) provenant des
poêles à bois parviennent à impacter nos milieux de vie tout au long
de l’année ?

Si l’on tient compte des paramètres objectifs suivants :

● la proportionnalité (nombre) d’équipements de chauffage au bois, (quartiers centraux versus la banlieue) ;
● la variation dans l’usage saisonnier (équipement de chauffage d’appoint, utilisé de façon ponctuelle, lors des périodes de grands froids) ;
● la corrélation entre la température extérieure et les concentrations de PM2.5 (permettrait d’établir statistiquement la part d’explication qui revient au chauffage) ;
● les variations dans l’usage horaire (cet équipement demande une présence permettant de l’alimenter) ;
● les proportions de volume de matériaux utilisés (les milieux ruraux consomment certainement une quantité supérieure de bois et certainement un usage plus intensif qu’en milieu urbain).
Il serait extrêmement facile pour la Ville d’établir la provenance des PM2,5 qui , selon le rapport du GTCA originent de l’usage excessif des poêles à bois affectant ainsi considérablement la qualité de l’air en Basse-Ville-Limoilou. Le Rapport indique que le « lévoglucosane »
p.158 est la signature chimique propre à la combustion du bois.

Pourquoi ne pas l’échantillonner maintenant ?

Tout comme il serait facile d’identifier toutes autres signatures chimique d’émission de PM2,5 (dont celle provenant de l’usine d’incinération) tel que recommandé dans le rapport Busque.
Monsieur le Maire, merci de votre engagement à poser des gestes formels et responsables permettant enfin d’améliorer la qualité de l’air des quartiers centraux de la ville.

Marcel Paré
pour le Mouvement pour une ville zéro déchet)
Sources :
1)https://www.environnement.gouv.qc.ca/air/ambiant/rapport-gtca/rapport-qualite-air-Limoilou.pdf
2) Busque, D. (2022). Variations spatiotemporelles et saisonnalité des
concentrations de particules fines à Québec : 2010-2018. Québec : ministère de
l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Direction
générale du suivi de l’état de l’environnement, 49 p. + 5 annexes.
https://www.environnement.gouv.qc.ca/air/ambiant/variations-spatiotemporelles-particules-finesquebec-2010-2018.pdf.

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