Édition du 28 octobre 2025

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Israël - Palestine

« Massacre des affamés » : les forces israéliennes tuent 31 Palestiniens dans un centre de distribution d’aide humanitaire

Un centre d’aide humanitaire géré par les États-Unis a été le théâtre d’un nouveau massacre dans le sud de Gaza après que les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des civils. « Les Américains et les Israéliens nous ont tendu un énorme piège pour nous attirer ici et nous tuer », a déclaré un témoin oculaire à Mondoweiss.

Tiré de Agence Médias Palestine
2 juin 2025

Par Tareq S. Hajjaj

Point de distribution d’aide humanitaire géré par la Fondation humanitaire de Gaza à al-Bureij, dans le centre de Gaza, le 29 mai 2025. (Photo : Moiz Salhi/APA Images)

Dimanche matin à l’aube, des Palestiniens du sud de Gaza se sont rendus au point de distribution d’aide humanitaire de Rafah géré par le Fonds humanitaire pour Gaza (GHF), l’organisme américain chargé de fournir l’aide aux Palestiniens à la place de l’ONU. Selon des témoins oculaires qui se sont entretenus avec Mondoweiss, lorsque des milliers de personnes en quête d’aide sont arrivées dans le quartier d’al-Alam, dans le quartier de Tal al-Sultan à Rafah, l’armée israélienne a ouvert le feu sur la foule.

Alors que de nombreuses personnes patientaient devant le site d’aide humanitaire tôt le matin, attendant les instructions des employés américains, des témoins oculaires rapportent qu’un drone israélien survolait la zone et leur ordonnait via haut-parleur d’entrer dans le périmètre clôturé à 6 heures du matin.

Après que des centaines de personnes aient pénétré dans l’enceinte, les soldats ont ouvert le feu sur la foule, tuant 31 personnes et en blessant 200 autres avec des balles réelles, a déclaré dimanche le ministère de la Santé de Gaza dans un communiqué.

« Tous les martyrs arrivés à l’hôpital n’avaient qu’une seule blessure par balle à la tête ou à la poitrine », indique le ministère de la Santé. « Cela confirme l’intention de l’occupant de tuer des civils. »

Le directeur des hôpitaux de Gaza, Muhammad Zaqout, a déclaré lors d’une conférence de presse devant l’hôpital Nasser de Khan Younis que les blessés étaient arrivés au centre médical dans des charrettes tirées par des animaux ou portés sur les épaules des gens, l’armée israélienne ayant empêché les ambulances d’atteindre le site d’aide.

L’armée israélienne nie que des soldats aient tiré sur des civils dans le centre, qualifiant ces allégations de « fausses informations ». Le GHF a également niéces informations, les qualifiant de « complètement fausses et fabriquées », et a publié des images de vidéosurveillance de la distribution d’aide à Rafah comme preuve apparente que la journée s’était déroulée « sans incident ».

La semaine dernière, trois personnes ont été tuéesau centre de distribution d’aide géré par le GHF à al-Bureij, au nord de l’axe Netzarim, et sept autres ont été portées disparues à la suite des troubles qui ont éclaté la semaine dernière dans le site sud du GHF à Rafah. Aujourd’hui, 2 juin, l’armée israélienne a tué trois autres personnes sur le site du GHF à al-Bureij.

« Les Américains et les Israéliens nous ont tendu un piège »

Ahmed Abu Libdeh, 28 ans, est arrivé au centre de distribution d’aide à Rafah à 5 heures du matin en provenance de l’est de Khan Younis. Au lieu de recevoir de la nourriture, il a été témoin de ce qu’il décrit comme « l’un des massacres les plus horribles perpétrés par l’armée [israélienne] » à Rafah.

« Nous étions debout à l’extérieur du centre de distribution », a déclaré Abu Libdeh à Mondoweiss. « Vers 6 heures du matin, un quadricoptère a survolé le site et a annoncé par haut-parleur que l’endroit était sûr et que nous pouvions entrer pour récupérer la nourriture. »

« Le haut-parleur du quadricoptère disait : « Marchez, vous êtes en sécurité. Nous vous distribuerons l’aide dans quelques instants » », a ajouté Abu Libdeh, précisant qu’après l’arrivée de l’aide, « ils ont commencé à nous bombarder et à nous tuer ».

« Dès que nous sommes entrés dans le centre de distribution et avons commencé à transporter les vivres, l’armée israélienne a ouvert le feu », a-t-il expliqué. « La scène était horrible. Nous ne voyions rien à cause de la poussière, des bombardements et des tirs nourris dirigés contre nous. Des dizaines de personnes ont été tuées. »

Abu Libdeh précise que la première frappe a eu lieu vers 6 h 15, lorsqu’un premier bombardement a visé une voiture remplie de personnes qui avaient reçu de la nourriture et quittaient la zone. « Après le bombardement de la voiture, les chars ont ouvert le feu sur nous », a-t-il décrit.

Ahmad décrit les premières minutes comme « un choc pour tout le monde », rappellant qu’ils étaient entrés sur le site de distribution conformément aux instructions de l’armée israélienne. « Nous ne savions pas d’où venaient les bombardements ni qui les lançait. La poussière envahissait la zone et les gens couraient sans savoir ce qui se passait. Des gens tombaient dans la bousculade et j’ai vu des dizaines de personnes gisant sur le sol, en sang. Ils sont tous morts parce que personne ne pouvait les sauver. »

« Les Américains et les Israéliens nous ont tendu un énorme piège en nous attirant ici pour nous tuer par dizaines », a conclu Abu Libdeh. « Nous ne voulons pas de l’aide des États-Unis. Nous voulons que la guerre cesse et la fin de la famine. »

Le massacre de dimanche a conduit de nombreux Palestiniens de Gaza à conclure que l’objectif du GHF n’est pas de distribuer de la nourriture à la population, mais d’aider et de soutenir l’armée israélienne dans son objectif d’« exterminer » les Palestiniens.

Arafat, 49 ans, qui a préféré ne pas donner son nom de famille, apparaît assis à l’hôpital Nasser avec un petit enfant sur les genoux dans un témoignage vidéo pour Mondoweiss. Tous deux pleurent, tandis qu’Arafat sanglote pour son frère, qui, selon lui, a été tué par l’armée israélienne à Rafah alors qu’il cherchait de la nourriture pour sa famille.

« Pourquoi nous disent-ils d’aller chercher de la nourriture pour nous tuer une fois sur place ? », demande Arafat. « Ce sont des menteurs. Ils nous mentent et mentent au monde entier. Les Américains conspirent avec les Israéliens pour nous tuer. Ils ont tué mon frère parce qu’il était parti chercher de la nourriture pour sa famille. » Arafat explique que l’enfant assis sur ses genoux est son neveu.

« Ils ont créé un endroit où nous pouvons être tués de sang froid », a poursuivi Arafat. « Ils ne devraient pas dire que c’est une zone humanitaire. C’est un piège et un massacre des affamés. »

Arafat note que certaines personnes faisaient la queue près du point de distribution depuis 23 heures la veille. « Le résultat, c’est que nous recevons la mort au lieu de nourriture », dit-il. « Nous ne voulons pas de l’aide de l’Amérique. Nous ne voulons pas de la nourriture de l’Amérique. Si l’Amérique veut nous aider, comme elle le prétend, qu’elle arrête la guerre. Nous ne voulons rien d’autre d’elle. »

Traduction : JB pour l’Agence Média Palestine
Source : Mondoweiss

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