Édition du 3 décembre 2024

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Tragédie de Lac-Mégantic

Nationaliser MMA, la seule solution

Les plus récents développements dans la tragédie de Lac-Mégantic laisse entrevoir que la Montreal, Maine and Atlantic Raiway n’a pas les moyens financiers pour payer les frais de nettoyage, de décontamination et d’indemnisation des personnes et des pertes économiques engendrés par la catastrophe du 5 juillet. Le gouvernement du Québec tergiverse dans les mises en demeure, l’évaluation des dégâts environnementaux et les programmes d’aide à la communauté. Et le gouvernement Harper attend les résultats de l’enquête. Les risques que la situation s’englue dans des démarches légalistes qui dureront des années, voir des dizaines d’années sont bien présents. Pendant ce temps, ce seront les finances publiques qui devront acquitter les frais de la catastrophe et offrir les moyens de relancer l’économie de la région du Granit. À cette situation sans précédent, la seule réponse réaliste est la saisie des équipements, des tronçons et des avoirs de la MMA au Québec et la mise sur pied d’une entreprise publique pour gérer ses activités.

La MMA est apparu au lendemain de la privatisation des tronçons de voies ferrées abandonnés par le CN et le CP en 1995. Ces tronçons baptisés Chemins de fer d’intérêt local (CFIL) permettent de relier les régions non-desservies par le CN ou le CP aux réseaux principaux et servent à acheminer des marchandises et parfois, aux transport des personnes. Les CFIL exploitent plus de 38 % du réseau québécois, soit 2 200 kilomètres de voies ferrées (http://www.csmorail.com/display.php?folder=industrie&page=portraitindustrie.html). MMA opère 1 200 km de voies ferrées dont 381 km au Québec (Le CN en possède 2 945 kilomètres, le CP 400). Comme plusieurs autres de ces entreprises de la privatisation de 1995, la MMA tente de rentabiliser ces tronçons en coupant les frais au maximum (personnel, entretien, matériel roulant, etc.) tout en offrant des services de transport à bas coûts. À plusieurs reprises, la MMA a fait la preuve qu,elle ne disposait pas des moyens pour assurer l’entretien de son réseau, allant jusqu’à refuser des subventions à cette fin (http://argent.canoe.ca/nouvelles/canada/mma-railway-vieux-equipements-et-petit-budget-8072013).

Le gouvernement du Québec a réagit vivement en coordonnant les opérations de nettoyage du site, dans une aide financière d’urgence aux victimes et dans l’évaluation des dommages et des responsabilités. Il s’est engagé dans une approche judiciaire de la catastrophe, privilégiant l’enquête de la Sûreté du Québec (SQ) a toute évaluation des décisions politiques qui ont mené à l’accident. Jamais le PQ n’a condamné les politiques fédérales de privatisation et de dérèglementation du secteur ferroviaire. Parti prétendument souverainiste, jamais il n’a remis en compte le pouvoir du fédéral sur le secteur. Le résultat de cette approche : des délais qui feront en sorte que l’issue des démarches ne seront perceptibles que dans plusieurs années. De plus, le gouvernement Marois refuse de confronter le gouvernement fédéral dans cette affaire alors que ce dernier est responsable de la situation qui a mené à la catastrophe.

Quant au gouvernement Harper, il se cache derrière les résultats de l’enquête policière, cherchant à gagner du temps alors qu’une rapide consultation à Lac-Mégantic ne laisse planer aucun doute sur le coupable montré di doigt comme premier responsable de la tragédie. Le député Christian Paradis doit déjà commencer à se chercher un nouveau travail. Le récent remaniement du cabinet fédéral a eu comme conséquence le retrait de la responsabilité de lieutenant au Québec, responsabilité que l’on a confié à l’ancien ministre des transport Denis Lebel lui-même au coeur des politiques qui ont mené à la tragédie. La nouvelle ministre des transport Lisa Raitt, une unilingue anglophone n’a rien montré de différent lors de son récent passage à Lac-Mégantic. La prochaine élection fédérale au Québec risque d’être un véritable siège éjectacle pour les quelques élus conservateurs au Québec.

Les deux paliers de gouvernements cherchent à sauver les meubles et n’ont pour Lac-Mégantic que mépris, malgré les apparences. La survie des entreprises de la région dépend d’une solution rapide à la question du transport des marchandises. Des dizaines de maires de localités qui sont traversées par des chemins de fer exigent que la sécurité prime sur tout autre enjeu pour les matières dangereuses. Les pressions de l’industrie des énergies fossiles font en sorte que des solutions doivent être trouvées rapidement. Sans une interventions publique courageuse et rapide, il y a risque que l’industrie impose ses solutions. Pour toutes les raisons évoquées, il faut dorénavant préconiser la nationalisation d’urgence des équipements, du réseau ferroviaire et des avoirs de la MMA au Québec et ce, sans compensation pour la MMA qui aura suffisamment coûté au trésor québécois.

Le gouvernement du Québec doit procéder en ce sens. Que le transport ferroviaire soit de compétence fédérale ne devrait pas rebuter un gouvernement qui se prétend souverainiste. Le gouvernement du Québec doit créer une entreprises publique de transport ferroviaire qui aura la responsabilité de gérer les actifs de la MMA. Il devra réembaucher les employéEs mise à pied par la MMA et donner une place prépondérante aux employéEs de la MMA au Québec, premiers concernéEs et capables de gérer les activités quotidiennes de l’entreprise. Il pourra assurer la règlementation qui exclura le transport d’énergies fossiles et de matières dangereuses sur son réseau. Il disposera ainsi d’un tronçon qui doit être élargi à l’ensemble des CFIL du territoire québécois, et pourquoi pas aux installations du CN, du CP et de Via Rail et assurer toutes les régions d’un service de transport de personnes et de marchandises adéquat, sécuritaire et accessible. Un tel réseau pourrait constituer le point de départ vers un réseau électrifié.

La tragédie de Lac-Mégantic nous permet de constater que la présence du privé dans le transport ferroviaire est un désastre assuré sauf pour les actionnaires du CN, du CP et de Via Rail. Pendant que les entreprises et la population ont besoin de services accessibles et sécuritaires, le privé ferme des gares, réduit le personnel, travaille avec du matériel à faible coût. Seule une intervention publique peut permettre les conditions d’un véritable réseau de transport ferroviaire sécuritaire, écologique et accessible. Le PQ aura t-il l’audace d’aller dans ce sens ? Un parti qui se questionne à savoir s’il doit saisir le contenu des wagons qui n’ont pas explosé (La Presse du 5 août) nous en dit long sur sa molesse face à la propriété privée. Non, il faudra l’y contraindre.

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