« Ce rapport vient agrandir le gouffre entre ce que la science dicte et ce que nos leaders politiques sont prêts à faire, ici même. Hier encore, le ministre de l’Environnement du Québec nous disait qu’il ne pouvait en faire plus alors que le PEV n’atteint même pas 50% de notre cible 2030. Quant au fédéral, son plan de réduction des émissions 2030 adopte une posture techno-optimiste où les technologies de captation et stockage pourraient soi-disant nous permettre d’augmenter notre production d’énergies fossiles, mais on s’attaque très peu à l’efficacité énergétique en soi. Le rapport du GIEC nous confirme à quel point nous avons besoin d’agir beaucoup plus en profondeur et en mobilisant tous les acteurs de la société civile. », indique Anne-Céline Guyon, chargée de projet climat à Nature Québec.
D’ailleurs, si les technologies de captation et stockage sont énumérées et leur développement considéré comme souhaitable, le GIEC relève toutefois qu’il reste encore beaucoup de travail de recherche et développement à effectuer avant de pouvoir les déployer de manière sécuritaire à la fois pour la santé des populations, mais également des écosystèmes. Selon les expert-e-s du GIEC, un des plus grands potentiels de réduction des émissions de GES - de 50 à 70% d’ici 2050 - se trouve davantage dans une baisse drastique de notre consommation énergétique, particulièrement dans les secteurs du transport, du bâtiment et de l’industrie. Se tourner vers une alimentation moins carnée est aussi essentiel.
Nature Québec souligne en contrepartie la reconnaissance par le GIEC du rôle des solutions nature à la fois dans la réduction des GES, l’adaptation aux changements climatiques, la réduction de l’insécurité alimentaire et l’atténuation de la crise de la biodiversité à condition qu’elles soient implantées correctement.
« La protection, la restauration et la meilleure gestion des écosystèmes naturels font également partie des solutions d’atténuation, particulièrement la conservation et la restauration des forêts. Mais les experts nous alertent : si elles peuvent permettre de faire d’une pierre dix coups, elles ne peuvent toutefois pas compenser pour le manque d’ambition d’autres secteurs et une mauvaise implantation pourrait venir aggraver d’autres problématiques comme l’accaparement des terres au détriment des usages traditionnels des territoires et de la sécurité alimentaire. »
Devant l’ampleur des changements structuraux à opérer, Nature Québec se réjouit par ailleurs de l’inclusion des notions de justice sociale dans le rapport, un élément qu’on ne peut évacuer des solutions à mettre en œuvre. Celles-ci ne doivent pas se faire sur le dos des plus démunis, rappelle l’organisme.
« Le comble serait que les populations les plus vulnérables qui sont déjà aux premières loges des impacts des dérèglements climatiques payent le prix le plus fort des efforts d’atténuation et d’adaptation. C’est pourquoi il faut s’assurer qu’ils participent à toutes les étapes de décisions » soulève Anne-Céline Guyon.
Au regard de tous ces éléments, Nature Québec appelle les gouvernements provincial et fédéral à revoir et bonifier leurs plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre sans plus tarder, en osant enfin entreprendre ces transformations majeures dont nous avons tant besoin pour faire face à la crise climatique et de la biodiversité et en assumant notre juste part de l’effort climatique mondial.
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