Publié le 27 juillet 2017
23 ans d’attaques contre les peuples
L’ALENA a donné lieu à une recomposition des chaines de production nationales favorisant les intérêts des grandes entreprises capables de délocaliser leurs activités. Cela a généralement nuit aux populations locales faisant alors face à des pertes d’emploi et à une dégradation de leurs conditions socioéconomiques d’existence. Les délocalisations ne sont cependant pas les seules en cause, l’automatisation des chaines de production a aussi largement contribué à ce déclin. Au Mexique, le secteur agricole fut gravement touché, ne pouvant résister aux importations de produits agricoles subventionnés et à la mainmise des multinationales de l’agro-industrie sur l’économie rurale mexicaine. Cela s’est traduit concrètement par un exode rural de millions de paysans pauvres qui ont migré soit vers les maquilladoras installées à la frontière des États-Unis, soit directement aux États-Unis ou au Canada pour y exercer notamment les travaux pénibles et mal payés des champs.
Rejeter ou négocier ?
La perspective la plus virulente à l’égard de l’ALENA provient d’organisations mexicaines et de groupes environnementalistes états-uniens qui appellent tout simplement à rejeter l’accord présent et futur. De leur point de vue, l’ALENA n’a rien apporté de bon et il est temps de retrouver la souveraineté mexicaine axée sur le développement national et émancipée des velléités impérialistes de leur voisin du Nord. La seconde position, plus nuancée, envisagea d’un bon œil la renégociation, y voyant une opportunité de faire des gains dans des secteurs clés de l’économie pour rétablir un meilleur équilibre entre les pays. La centrale syndicale états-unienne AFL-CIO se situe plutôt dans cette position. Finalement, la troisième position, plutôt portée par les organisations québécoises, cherche un compromis afin d’aboutir à une position commune.
L’un des défis fondamentaux actuels est justement de ne pas tomber dans le piège de l’opposition entre néolibéralisme et nationalisme. Car c’est effectivement en ces termes que l’administration Trump, mais aussi la plupart des formations politiques conservatrices et populistes en Europe, pose le problème. Contre la mondialisation néolibérale et ses effets sociaux dévastateurs, la seule alternative serait le repli nationaliste, qui s’accompagne souvent de politiques xénophobes. Un nouvel internationalisme doit mettre qui met le droit des peuples avant celui des corporations transnationales, réduire l’asymétrie entre les pays et reconnaitre le droit des migrants. Tout en rejetant l’ALÉNA, il faut déboucher sur des pistes concrètes pour construire de nouvelles formes de coopération internationale qui permettent un développement national juste, digne et respectueux des cultures et de l’environnement.
Raphaël Canet
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