02 septembre 2025 | tiré d’Anticapitalist Resistance
https://anticapitalistresistance.org/storm-in-a-coffee-cup-a-catalogue-of-global-warming-effects/
Vous avez 2 milliards de livres sterling qui dorment ? Voici une opportunité d’investissement. Coca-Cola, propriétaire de la chaîne de cafés Costa Coffee, veut s’en débarrasser. Les analystes estiment que le prix demandé est de 2 milliards, mais l’affaire pourrait probablement se conclure autour de 1,5 milliard.
Alors, qu’y a-t-il derrière cette décision – une forte décote par rapport aux 3,9 milliards que Coca-Cola avait payés en 2018 ? Le principal facteur est la flambée des prix pour les consommateurs, causée en grande partie par la crise climatique, qui a durement frappé les producteurs au Brésil, au Vietnam et en Colombie.
Les augmentations dans des chaînes comme Starbucks, Pret a Manger et Costa ont été spectaculaires. Les prix dans les cafés sont difficiles à établir avec précision, car les établissements « premium » en centre-ville facturent davantage, et les points de vente situés dans les aéroports et les grandes gares encore beaucoup plus. Starbucks affiche un latte “tall” à 3,65 £, mais il est difficile de trouver ce prix : en centre-ville, on est plus proche de 4,50 £, et dans les aéroports bien au-delà de 5 £.
Pour les employés de bureau ou de commerce – ces salariés à temps plein bénéficiant de six semaines de congés – acheter un café en allant travailler coûte désormais autour de 900 £ par an. Certes, on peut s’attarder dans un Starbucks et faire durer un café pendant 90 minutes ou plus. Mais pas quand on court au travail.
Le changement climatique est le principal facteur de hausse des prix, mais il y en a d’autres : l’augmentation du prix des engrais, causée par la perturbation des exportations russes – une nouvelle conséquence de la guerre de Poutine en Ukraine sur l’économie mondiale. S’y ajoute la perturbation de l’approvisionnement par le détroit d’Hormuz, due aux attaques houthis contre les navires, en solidarité avec le peuple palestinien.
L’impact du réchauffement climatique sur le café ressemble à un catalogue des effets du dérèglement planétaire. Le Brésil, premier producteur mondial de grains Arabica, a subi de fortes gelées, des sécheresses et des tempêtes. Les gelées, en particulier, ont détruit de jeunes caféiers qui mettent 20 ans à être remplacés. La récolte de Robusta au Vietnam – le principal grain utilisé dans le café instantané – a été ravagée par les tempêtes et la sécheresse. La Colombie a connu des malheurs similaires. Les experts estiment que d’ici 2050, 40 % des terres actuellement cultivées en café ne seront plus adaptées à cette culture.
Costa Coffee serait en discussions avec Apollo Global Management, un immense fonds de capital-investissement présent dans de nombreux secteurs et propriétaire notamment de la chaîne Wagamama. Ses trois fondateurs ont laissé des géants financiers comme BlackRock et Vanguard prendre des participations minoritaires.
Qu’est-ce qu’Apollo pourrait voir dans Costa ? Peut-être une version allégée qui conserve uniquement les sites stratégiques – comme le centre de Londres et les aéroports – où l’on peut pratiquer des prix premium. Le reste pourrait être revendu morceau par morceau. Une autre option serait de transformer certains cafés en restaurants de la chaîne Wagamama.
Mais les opérations de ce type sont généralement de mauvaises nouvelles pour les salarié·e·s, qui voient souvent disparaître des emplois et se dégrader leurs conditions. La situation actuelle n’est déjà pas brillante : les baristas à temps plein dans les principales chaînes de café gagnent à peine plus que le salaire minimum national – environ 18 000 £ par an pour une semaine de 37,5 heures. Un revenu qui semble impossible à vivre quand le loyer moyen d’un appartement une chambre à Londres est de 1 500 £ par mois, et qu’un deux pièces tourne autour de 1 900 £. Dans les quartiers branchés, c’est encore plus élevé.
Pour les jeunes qui vivent seuls – ou même en couple avec un partenaire qui ne gagne pas beaucoup plus – le coût de la vie est écrasant. Deux conséquences en résultent : l’endettement croissant, les gens comptant sur les cartes de crédit pour leurs dépenses quotidiennes ; et, à l’extrémité la plus dure, l’itinérance, notamment parmi les hommes d’âge moyen peu qualifiés.
Le retrait de Coca-Cola du café reflète un changement de stratégie vers des boissons jugées plus « saines ». Le café avait supplanté le thé en Grande-Bretagne à la fin du XXᵉ siècle, mettant fin à deux siècles de domination. Désormais, la consommation régulière de café « premium » – tout ce qui dépasse l’instantané – semble destinée à devenir de plus en plus l’apanage des classes moyennes.











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