Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

États-Unis

Un président par défaut ? Quelques observations sur l'élection américaine 2012

La campagne électorale américaine se continue. Ce sont les Républicains qui font les manchettes depuis le début de l’hiver ; leur course à la candidature s’étire et selon les observateurs-trices elle pourrait bien durer jusqu’en juin, moment de leur congrès qui va entériner le choix fait via les primaires.

Tous ceux et celles qui s’attendaient à un résultat convainquant mardi dernier, le super Tuesday, avec ses primaires et caucus dans plus de dix États en ont été pour leur peine ; il y a toujours 4 candidats dans la course et aucun, pas même le meneur n’est vraiment près du nombre de déléguéEs nécessaire pour devenir le candidat à la présidence. Certains observateurs commencent à parler de la possibilité d’une « open convention », c’est-à-dire d’un congrès où la candidature serait décidée sur place. Il faut avoir l’appui de 1, 144 délégéEs pour gagner.

De leur côté, les Démocrates, président Obama en tête, avancent doucement à pas mesurés dans le combat. Le bataillon de campagne, environ 200 personnes, est en place à Chicago et les outils de communication sont élaborés. Un documentaire sur M. Obama et sa présidence, sort dans les médias sociaux et autres, cette semaine. L’adversaire est connu même si le candidat républicain n’est pas encore déterminé. La teneur du débat auquel l’électorat américain aura droit est déjà bien présente dans les médias, mais sans affrontements directs la plupart du temps.

La ligne de feu est déterminée par une première divergence entre ces deux partis. Il s’agit de la taille de l’État fédéral et de son rôle dans la marche des choses dans le pays. Vient ensuite, son corolaire, le rôle des marchés. Puis, mais comme attaché aux deux précédents débats, la conception de la liberté et de la responsabilité individuelle quant à l’organisation de sa vie. L’économie est centrale à toutes ces discussions.

LA TAILLE DE L’ÉTAT FÉDÉRAL ET SON RÔLE,

Il s’agit d’un débat de fond où les conservateurs-trices s’appuient sur une certaine vision des intentions des Pères fondateurs et de la nature de la nation américaine. Ils soutiennent que le gouvernement fédéral doit se résumer à la plus petite organisation possible, et s’abstenir d’intervenir dans la marche de l’économie et dans la façon dont les citoyenNEs organisent leur vie et satisfont leurs besoins. Les marchés s’en chargent et chacun doit rester absolument libre de ses choix. On tolère un rôle plus important pour les gouvernements locaux, les États et les municipalités.

C’est sur cette conception qu’est basée, par exemple, leur opposition à la loi sur l’assurance maladie promulguée par le Président Obama au début de son mandat. Elle obligera les AméricainEs à détenir une assurance à compter de 2014. Elle oblige les compagnies d’assurances à cesser de refuser d’assurer des candidatEs qui souffrent déjà d’une maladie quelconque. Elle prévoit toutes sortes de mécanismes pour assurer l’accès à la protection quels que soient les moyens et statuts. Cela soulève l’ire presqu’hystérique de la droite qui tient pour sacrée la soi-disant liberté de contracter quelles que soient les circonstances et peu importe les effets désastreux quand ce n’est effectivement pas possible. Simplement pour ce qui est des frais médicaux, les Etats-Unis sont le pays où ils coûtent le plus cher et avec des résultats médiocres.

Le gouvernement fédéral devrait se contenter d’assurer la sécurité de la nation, de favoriser le développement d’opportunités dont chacun peut se saisir pour améliorer son sort. Cela passe par le soutien aux entreprises, l’absence de régulations contraignantes, et le développement de secteurs industriels précis : l’armement au sens le plus large du mot, l’exploration dans l’espace etc. etc. Toutes connaissances dans le domaine écologique et climatique sont rejetées : elles amènent forcément des restrictions au déploiement industriel dans le domaine minier, de l’énergie et pétrolier par exemple.

Quant au sort de ceux et celles qu’une économie aussi détachée des besoins primaires, physiques et sociaux des populations laisse dans la pauvreté parfois absolue, il est renvoyé à la charité et à la philanthropie. M. Rick Sentorum, le candidat républicain le plus conservateur en ce moment, a défendu les coupures d’impôt pour les plus riches sur cette base. Les riches ainsi épargnés par le fisc, peuvent donner généreusement pour les plus pauvres dans leur entourage et au-delà. Dépendre de la charité et faire la charité seraient une marque caractéristique de la société américaine alors que des politiques redistributives seraient empruntées à l’Europe et de nature socialiste ! Pourtant dans cette société riche les pauvres ne manquent pas et la crise de 2008 dont les effets sont toujours en cours, n’a fait qu’empirer la situation. Voici quelques statistiques : environ 41% des travailleurs-euses américainEs ont du mal à payer leurs dépenses de santé et doivent emprunter pour le faire ; le nombre d’enfants sans-abris est plus élevé de 33% de ce qu’il était en 2007 et depuis cette date le nombre d’enfants vivant dans la pauvreté a explosé partout dans ce pays : +30% en Californie, 53,6% à Détroit. UnE AméricainE sur 7 et un enfant sur 4 dépendent de l’aide alimentaire.

Le Président Obama qui n’est pourtant pas le socialiste que décrivent ses adversaires, défend une position exprimée par un de ses illustres prédécesseurs, le Président Lincoln : le gouvernement doit faire tout ce que chaque individu ne peut faire seul ou ferait moins bien seul. Il propose donc des politiques plus interventionnistes qui visent une meilleure protection de la population à divers niveaux dont la santé tel qu’expliqué plus haut, la consommation, principalement celle des produits financiers, mais aussi, bien sûr le sauvetage d’entreprises touchées par la crise financière. Certains sont plus justifiés que d’autres ; si beaucoup d’AméricainEs se réjouissent des résultats du sauvetage de l’industrie automobile, peu soutiennent celui des grandes banques. D’autres soulignent que l’industrie de l’acier n’a pas bénéficié d’une telle attention en son temps alors que toute une partie du pays a été décimée par son effondrement.

Dans ces orientations, le parti Démocrate et son président à nouveau candidat, sont bien loin d’être des révolutionnaires. Ce sont les positions d’extrême droite des Républicains qui créent cet effet de miroir déformant. Ils croient aussi à la primauté des marchés dans la vie de la nation mais pensent que laissés à eux-mêmes ils ne peuvent assurer une certaine justice dans la distribution des revenus notamment, et que leurs intérêts ne coïncident pas nécessairement avec ceux de la population dans son ensemble. D’où la nécessité d’interventions politiques pour corriger les travers inhérents à la production des biens et services.

LIBERTÉ ET RESPONSABILITÉ INDIVIDUELLES,

Pour les AméricainEs les individus sont libres et responsables d’eux-mêmes d’abord et avant tout. Cela inclut la liberté d’entreprendre. Mais les Républicains font de ce crédo un quasi absolu : le gouvernement ne doit pas se mêler de leurs vies, sauf quand il est question du corps et singulièrement de celui des femmes. Les tenants du Tea Party, les conservateurs religieux ou sociaux, deviennent fanatiques à ce propos. Il y a maintenant deux partis à l’intérieur de ce parti qui a toujours été à droite mais jamais autant qu’en ce moment.

Ils sont contre l’avortement. Comme ils ne peuvent renverser la décision de la Cour Suprême qui le permet, ils utilisent toutes sortes de tactiques pour en rendre l’application quasi impossible. Dernière en ligne, dans au moins deux États où ils détiennent la majorité : imposer aux femmes qui demandent un avortement un examen d’échographie endovaginale avant la procédure. Il s’agit d’une étape inutile du point de vue médical, simple manœuvre d’intimidation disent ceux et celles qui défendent le libre choix. Cette proposition a finalement été rejetée.

Ils sont contre la contraception autre que l’abstention. Cette question a fait un bon dans l’actualité récemment, quand le Président Obama a décrété que tous les plans d’assurance maladie devaient offrir les contraceptifs à leurs assurés. La haute hiérarchie de l’Église catholique s’est insurgée parce que ses organisations qui ont du personnel, hôpitaux, universités, et autres structures du genre, allaient devoir intégrer cette provision dans leurs plans d’assurance malgré leur objection doctrinaire à ce chapitre. Tous les candidats républicains se sont saisis de l’affaire pour mieux réaffirmer que le gouvernement outrepassait ses droits en s’ingérant ainsi dans la vie des gens et leur imposait des décisions contraires à leurs convictions religieuses. Rien au sujet du droit des femmes quant à leur vie reproductive, au contraire ; on les enjoint de payer elles-mêmes leur contraception si par malheur elles travaillent dans une entreprise qui a décidé pour elles qu’elles ne pouvaient bénéficier des avantages offerts à d’autres.
L’administration Obama a passé la patate chaude aux compagnies d’assurance qui devront offrir le service gratuitement. Qui paiera en définitive ? Surement les femmes d’une manière ou d’une autre.

Ils sont contre l’homosexualité et singulièrement contre le mariage des couples de même sexe. Ils mènent une véritable guerre à ce sujet, au niveau local et très souvent la pression populaire les met en échec. Leur hargne s’est vraiment déchaîné lorsque l’ex président Clinton a donné le droit aux homosexuelLEs d’intégrer l’armée sous réserve de tenir leur état sous silence.

Visiblement, dans ces positions politiques, défendues avec acharnement, le premier amendement de la constitution qui protège la liberté individuelle et d’expression, si souvent brandi comme un étendard, ne pèse plus du tout… ! Le contrôle des femmes et des hommes homosexuels devient la priorité au nom de Dieu et de l’âme de la nation.

Ils sont aussi contre les intellectuelLEs, chercheurs-euses, et contre les connaissances scientifiques qui ne font pas leur affaire. Ils rejettent le Dawinisme jusque dans les manuels scolaires, et tout ce qui concerne le réchauffement climatique,par exemple. La timide politique de réorientation de la production énergétique vers des énergies vertes pour abaisser la consommation de pétrole, mise de l’avant par le président Obama a du mal à s’installer à cause de cette opposition et bien sûr, de celle de l’industrie pétrolière et de ses associés. Pourtant les Etats-Unis sont les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre avec la Chine, considérablement plus peuplée.

Ils sont aussi contre les droits des travailleurs et travailleuses. Dans tous les États où ils ont pris le pouvoir en novembre 2010, ils ont introduit des lois s’attaquant de front aux syndiqués et aux autres travailleurs et travailleuses par de modifications aux codes du travail. Le droit à la syndicalisation est nié, ramené à une entrave à l’enrichissement collectif. Les heures de travail sont allongées, les salaires ramenés à la baisse de façon autoritaire, les droits à la santé et sécurité sont aussi rejetés de même que ceux aux compensations à cause du chômage ou de la maladie, il va sans dire. La réforme Clinton de la loi sur l’aide sociale avait déjà affaibli toute une partie de la population, ces nouvelles lois et règlementations ajoutent encore aux difficultés quotidiennes. Consolation : ces attaques ont renforcé la résistance dans les rangs et dans une bonne partie de la population et l’opposition à ce parti et ses candidats n’a fait qu’y grandir.

Ce ne sont là que quelques exemples.

L’ÉCONOMIE,

C’est elle qui va l’emporter en novembre. C’est elle que la population tient pour le plus important problème à résoudre en ce moment. Les commentateurs-trices soulignent qu’aucunE candidatE, si excellentE soit-il ou soit-elle ne peut gagner les présidentielles si l’économie n’est pas revenue à un niveau satisfaisant. L’administration Obama se tue à relever le moindre indice qui signale la moindre amélioration. Mais, si le taux de chômage est finalement passé sous la barre des 10%, sur le plancher des vaches, on considère encore la situation désastreuse. Il n’y a jamais eu autant de chômeurs et chômeuses de longue durée, (+6 mois) et un nombre important de gens ne travaillent pas autant d’heures qu’ils et qu’elles le voudraient en plus d’occuper souvent des emplois en dessous de leurs qualifications. Les salaires sont à la baisse.

Et la comparaison avec les salaires versés aux dirigeantEs des grandes entreprises, avec les bonus versés à beaucoup d’employÉes du secteur financier notamment devient insultante pour la majorité de la population.

Des programmes fédéraux pour créer des emplois utiles, et raisonnablement rémunérateurs pourraient être mis en place, comme cela s’est fait lors du New Deal dans les années trente. Le président Obama en a proposé mais c’est contre la politique républicaine qui contrôle la Chambre des représentantEs depuis 2010. Les adhérentEs du Tea Party ne croient qu’aux baisses d’impôts pour développer la création d’emplois.

Le prix de l’essence à la pompe devient aussi un enjeu majeur. Le conflit larvé avec l’Iran fait augmenter en ce moment le prix du pétrole à un niveau que la population, dépendante du transport en voiture, n’accepte absolument pas. En général, elle n’a pas les moyens de faire face à une telle augmentation. Les Républicains tiennent l’administration démocrate responsable de la situation. Ils évoquent que le président refuse d’augmenter les droits de pompage dans le Golfe du Mexique et dans d’autres endroits et qu’il a refusé de donner le permis nécessaire à Canada Pipeline pour la construction de l’oléoduc Keystone, qui amènerait le pétrole de l’Alberta jusqu’aux raffineries du Texas. On devrait bientôt réentendre le fameux « Drill, baby drill » mis de l’avant par Sarah Palin lors de la campagne de 2008.

Pourtant, le pourcentage d’AméricainEs vivant dans l’extrême pauvreté a atteint un nouveau record : 6,7%. Une étude publiée par le University of Michigan’s National Poverty Center révèle qu’en utilisant aux Etats-Unis, le barème de calcul de moins de 2$ par jour utilisé par les organismes internationaux pour déterminer le niveau de grande pauvreté, on découvre une augmentation de 130% de ménages dans cette situation entre 1996 et 2011, soit finalement 1 million 46 mille.

Les grandes entreprises sont assises sur des trésors et refusent d’investir dans leurs compagnies ou le font bien parcimonieusement. La droite explique cela par la lourdeur de la régulation et l’incertitude politique. Sous entendu : les dirigeantEs de l’économie ne peuvent faire confiance aux Démocrates et singulièrement à l’administration Obama pour s’engager plus à fond dans le développement économique. Il faut dire que la situation est bien plus compliquée que cela et que l’attitude des RépublicainEs, avec leurs super simplifications ne fait qu’empirer les choses.

Toutes les énergies et l’attention sont centrés sur le déficit depuis plus de deux ans alors que des actions plus simples et plus décisives devraient être mises en place pour améliorer la vie de la majorité, les 99%.

UN PRÉSIDENT PAR DÉFAUT ?

Cette année, un certain désenchantement caractérise cette campagne présidentielle. Comme dans beaucoup de pays, la classe politique s’est discrédité aux yeux d’une partie considérable de la population. Une preuve parmi d’autres : la participation aux primaires républicaines est en baisse significative.

M. Obama et les Démocrates n’ont pas réussi à sortir le pays de la crise économique au cours de ces quatre années. Cette administration, qui est arrivée au pouvoir grâce à un programme de changement vers la gauche spectaculaire, n’a pas livré la marchandise loin s’en faut. Non seulement elle a gouverné au centre droit, mais sur beaucoup de problèmes, par exemple la fermeture de la prison de Guantanamo, elle a lamentablement échoué. En politique extérieure et dans celle de la sécurité intérieure, elle a marché dans les traces de l’administration Bush. Le style a changé, le discours a été nuancé mais les pratiques sont les mêmes à quelques variations prêt. L’attorney général vient de dévoiler, la semaine dernière, après de multiples interventions de journalistes, que le gouvernement était en droit d’assassiner ses ressortissantEs à l’étranger, si un examen sérieux avait démontré qu’ils ou elles posaient des risques à la sécurité de la nation. Il ne s’agit pas d’un examen judiciaire où l’accuséE connait la nature de ce qu’on lui reproche et détient les droits à sa défense pleine et entière dans un procès juste, bien au contraire. La loi sur la sécurité intérieure adoptée après septembre 2011, par l’administration Bush, le permet explicitement. Grâce à cette provision, trois citoyens américains, dont un garçon de 16 ans, ont été abattus par drones, au Yémen au cours de la dernière année.

Les déçuEs de cette administration n’iront probablement pas voter. Et heureusement, certainEs continueront de poser le problème sérieux de l’exercice de la démocratie quant le pouvoir politique est contrôlé par des intérêts qui ne sont pas ceux de la majorité de la population. D’autres lui donneront probablement une autre chance….

Les RépublicainEs ne sont pas non plus à la hauteur du défi. Ce parti est divisé comme il ne l’a jamais été historiquement, et n’arrive pas à se trouver un candidat. Robert Reich raconte que son père qui a 78 ans et a voté « républicain » toute sa vie ne le fera pas cette année parce qu’il ne se reconnaît plus dans ce parti qui n’a rien à voir avec ce qu’il était il y a encore 4 ans. Il est tombé dans l’extrémisme de droite sur tous les plans. Les adhérantEs du Tea Party qui ont été éluEs en 2010, alors que le parti gagnait la majorité à la Chambre des représentants, ont réussi à imposer leurs visions et à bloquer les débats encore plus qu’ils ne l’étaient. Il s’agit pourtant d’une minorité au sein de ce groupe. Seuls leurs principes les guident. Une partie de la population, qui est soucieuse de la bonne marche de l’administration du pays, leur reproche cette position sans examen réaliste des situations, sans compromis et dont le résultat est le renforcement de la position des plus riches du pays.

Cette aile du parti n’a pas vraiment réussi à trouver le candidat idéal. En début de campagne, Michelle Backman a tenu ce rôle. Elle a dû se retirer, faute d’appuis suffisants. On recherche la pureté dans ce camp. On veut une personne qui se tiendra ferme sur les principes d’apparente vertu qu’on y défend, qui ne fera justement pas de compromis sur ces sujets, qui est sincère et authentique. Actuellement, c’est M. Rick Sentorum qui tient cette ligne. C’est un fondamentaliste catholique qui offre une certaine confiance à cette base. Mais pas à tout le parti, loin s’en faut ! Et il est clair qu’un tel programme ne peut être gagnant dans une élection générale.

Le meneur, M. Mitt Romney, millionnaire, fils de millionnaire qui vit de ses placements après avoir fait fortune dans son entreprise de placements, n’arrive pas à percer le plafond de la confiance. Il a contre lui d’avoir été gouverneur du Massachusetts, un État libéral et d’y avoir introduit un plan d’assurance maladie qui couvre toute la population, à un prix raisonnable et qui aurait servi de modèle à M. Obama pour élaborer le sien…. On lui reproche de changer d’idée trop facilement ; il ne serait pas fiable en regard des principes de droite.
Il se présente comme celui qui connait l’économie, qui est capable de redresser la situation du pays, et qui sait comment on fait des affaires. Il n’a pas un style flamboyant, tente de se présenter comme un homme ordinaire ce qui renforce l’idée qu’il n’est pas authentique !!
Mais, vraisemblablement, c’est lui qui affrontera M. Obama. Il jouit de l’appui des bonzes du parti contrairement à M. Sentorum qui les embarrasserait vraiment.

L’argent dans la course,

Cette année, encore bien plus que dans le passé, l’argent joue un rôle quasi spectaculaire dans cette élection. La Cour suprême des États-Unis a statué l’an dernier, que les entreprises étaient des personnes jouissant du droit d’expression comme toutes les autres et que financer des programmes politiques était une forme de ce droit. La cause avait été initiée pour que justement, elles puissent intervenir dans les campagnes électorales sans contraintes. Leurs interventions devaient antérieurement passer par les Comités d’action politique qui en avaient. Cette année tous les candidats ont leurs SuperPACs. Ce sont des comités qui ramassent de l’argent et le dépensent en faveur de leur candidat favori. Cela doit se faire sans coordination entre eux. Mais, en général, ce sont des amiEs ou de proches collaborateurs-trices du candidat qui siègent sur ces comités ; donc les possibilités de conflits sont réduites. M. Obama, qui n’est pas d’accord avec cette pratique a annoncé qu’il aurait, lui aussi, son SuperPAC ; il ne veut pas être moins soutenu que ses adversaires….Il est pourtant celui qui jusqu’à maintenant avait ramassé le plus d’argent pour sa campagne, des millions de dollars.
Dans la course républicaine, les SuperPACs se sont occupé de diffuser, surtout à la télévision, des messages extrêmement négatifs à propos des adversaires de leur protégé. Cela donne une campagne assez sale, très violente qui dégoûte une bonne partie de la population, mais qui a réussi à faire sortir certainEs concurrantEs. Mais l’effet le plus clair c’est que, n’était de ces fonds, la course républicaine aurait trouvé son homme à l’heure actuelle. Les objections à la présence de cette forme de financement se font de plus en plus fortes. Au moins deux poursuites, menées par des groupes de citoyens, sont actuellement devant les tribunaux. On cherche à obliger la Cour Suprême à revoir sa décision.

Finalement, on est assez loin de pratiques démocratiques claires et justes. Probablement que M. Obama l’emportera en novembre quel que soit son adversaire républicain. Mais ce sera sans grand enthousiasme et avec un appui moindre qu’en 2008.

Alexandra Cyr

Retraitée. Ex-intervenante sociale principalement en milieu hospitalier et psychiatrie. Ex-militante syndicale, (CSN). Ex militante M.L. Actuellement : membre de Q.S., des Amis du Monde diplomatique (groupe de Montréal), animatrice avec Lire et faire lire, participante à l’établissement d’une coop. d’habitation inter-générationnelle dans Rosemont-Petite-Patrie à Montréal. Membre de la Banque d’échange communautaire de services (BECS) à Montréal.

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