Democracy Now. 5 juin 2025
Traduction, Alexandra Cyr
Des pays comme l’Afghanistan, la Birmanie, le Tchad, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, Haïti, l’Iran, la Lybie, la Somalie, le Soudan, le Yémen, la République du Congo dit Congo-Brazzaville, seront directement impactés. Ces restrictions s’appliquent aussi aux visiteurs.euses du Burundi, de Cuba, du Laos, de la Sierra Leone, du Togo, du Turkmènistan et du Venezuela.
Le Président a mis cette nouvelle interdiction d’entrée sur le territoire en lien avec l’attaque par un homme d’origine égyptienne à Boulder au Colorado. Il s’est servi d’une torche enflammée et d’autres objets incendiaires pour attaquer une foule qui prenait part à une marche hommage hebdomadaire aux otages israéliens.es à Gaza. Mais l’Égypte n’a quand même pas été ajoutée à la liste des pays sous interdiction. Mercredi soir, la Maison blanche a publié une vidéo où le Président Trump parlait de cette interdiction.
Président D. Trump : Très simplement, nous ne pouvons accepter d’immigration venant de pays où nous ne pouvons compter sur un examen approfondi, sûr et fiable de ceux et celles qui veulent entrer aux États-Unis. C’est pour cela que je signe un nouveau décret introduisant des restrictions d’entrée au pays, pour des pays dont le Yémen, la Somalie, Haïti, la Lybie et nombre d’autres.
Amy Goodman : Pour l’examiner un peu plus, nous sommes avec Baher Azmy le directeur légal du Center for Constitutional Rights qui s’est attaqué à un décret semblable par le Président Trump lors de son premier mandat.
Soyez le bienvenu sur Democracy Now, Baher. Expliquez-nous le sens de ce que le Président a fait hier soir.
Baher Azmy : C’est très significatif en soi mais aussi parce que cela se situe dans un continuum, dans une série de démonstration jour après jour ou semaine après semaine, de nouvelles politiques migratoires qui comblent les sortes de fantasmes des évangéliques et des suprémacistes blancs à propos de notre pays. Nous avons eu, vous le savez, l’expulsion de gens vers la prison de Guantanamo ancien lieu de sécurité, puis le Centre de confinement du terrorisme, ensuite la chasse aux étudiants.es palestiniens.nes, les descentes de la police des frontières (ICE) dans les écoles et dans les prétoires et maintenant, ceci : une répétition de l’interdiction faite aux musulmans.es d’entrer sur le territoire qui va être épouvantable pour les familles originaires de ces pays qui cherchent des visas d’immigration et dans certains cas de tourisme.
Malheureusement, la Cour suprême semble ouverte à ces demandes. Presque la totalité de cette Cour semble disposée à entendre ces demandes de l’exécutif basées sur l’idée qu’il a une très grande autorité en immigration pour : « sécuriser les frontières et déterminer ce qui est nuisible aux États-Unis » en interdisant l’entrée aux gens de couleur.
N.S. : Baher, pouvez-vous nous expliquer ? Vous mentionnez qu’en 2018, la Cour suprême, a conclu de telle manière que, selon des expets.es judiciaires, cela va rendre la lutte contre ce nouveau décret plus difficile que celle contre le décret de 2017.
B.A. : Oui, malheureusement, je pense que c’est exact. On se rappellera le chaos suscité dans les aéroports par la première interdiction. Elle était très particulière, elle visait directement une majorité de pays musulmans. Tous les tribunaux de première instance ont déterminé ce qui était une évidence crue : cette mesure était discriminatoire. Elle l’était sur la base de la religion et de l’origine nationale parce qu’elle excluait les seuls.es musulmans.es donc elle violait la Constitution.
Le juge en chef de la Cour suprême, John Roberts, prétends que contrairement à ce qui est évident à tout être humain qui a le cœur à la bonne place, cette fois ce n’est plus le cas. Ce décret ne serait plus vraiment basé sur la race ou les croyances religieuses. Pour cela, il invoque l’arrêt de son tribunal à propos de l’Immigration and Nationality Act. qui donne une autorité amplifiée au gouvernement fédéral pour exclure les « étrangers.ères » ceux et celles qui n’ont pas la citoyenneté même lorsque cela parait basé sur la race ou la religion.
N.S. : Ce décret comporte des exemptions pour les détenteurs.trices de visas et pour les résidents.es permanents.es. Pouvez-vous, Baher nous expliquer pourquoi ? Le savez-vous ?
B.A. : Oui. C’est un tout petit peu moins illégal, un tout petit peu moins inconstitutionnel à sa face même que le premier. Il touche plus de pays qui ne sont pas musulmans en majorité. Il permet la demande de l’asile et les résidents.es permanents.es n’y sont pas hors la loi. Je pense qu’ils ont fait un effort pour qu’il soit plus conforme légalement. Probablement qu’ils ont appris de leur expérience : ils ne peuvent pas effacer le choc des valeurs et le traumatisme des parents et des familles (touchées par la mesure). Donc, ils ont travaillé à une version plus raffinée, plus acceptable à la Cour suprême.
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