Pour une partie importante de la gauche, il est clair que Peña Nieto (le président du Mexique) a mené un coup de main pour la droite nationale et pour l’impérialisme nord-américain afin de réaliser la troisième grande fraude électorale avec l’objectif de compléter la destruction de la Constitution de 1917 et de déposséder le pays à la faveur des transnationales du pétrole et de l’électricité, des ressources minières et et des autres richesses naturelles, l’élimination des droits des travailleurs, la liquidation des "ejidos" ( ndt : propriété et usufruit collective de la terre, en opposition aux grandes propriétés privées) et des communautés agricoles, l’augmentation de la présence des forces armées et des organismes de sécurité, l’espionnage et la provocation de la part des États-Unis, l’intégration du Mexique dans l’Amérique du Nord et la suppression de la souveraineté nationale mexicaine. De fait,, l’État mexicain est en train de disparaître.
Il n’est alors pas surprenant qu’il y ait une convergence des forces des différents secteurs dans la lutte contre la réforme énergétique et contre les autres réformes structurelles. Dans sa propagande pour mobiliser ses membres, le STRM affirme : "Notre pays fait face à une situation critique. L’acceptation par les deux Chambres ( députés et sénateurs) et par la majorité des législatures locales d’un projet de loi livre le secteur énergétique national aux grands capitaux nationaux et étrangers, ce qui représente un grave recul pour la souveraineté et pour le développement à venir de la nation".
"Cette réforme qui a été approuvée "à la va vite" et de manière brouillonne, transfère vers le secteur privé des activités jadis réservées à l’État, telles que l’exploration et la transformation du pétrole, et ce, selon diverses modalités contractuelles qui permettent le partage de la rente autant que la production de ressources non renouvelables. Tel est le cas des dits "contrats d’utilité partagée"et des ainsi nommés "licences" qui ne sont rien d’autre que des concessions déguisées.
De plus, on élimine le caractère stratégique du "raffinage" et du transport du "brut" et on condamne PEMEX et la CFE ( ndt : "Pétroles Mexicains" et "Commission Fédérale d’Electricité") –entités qui, avec la réforme, seront réduites au simple rôle d’entreprises productives d’État –à l’affaiblissement et à l’extinction future puisque obligées à subir une compétition dans une situation désavantageuse avec les grandes compagnies privées transnationales".
Dans le Plan pour l’Unité et la défense de la souveraineté nationale et des Ressourses énergétiques, signé par Cuauhtémoc Cardenas, Jésus Zambrano, Alejandro Encinas, Dolores Pedierna, Marcelo Ebrard, Ifigenia Martinez, Porfirio Muñoz Ledo, Raúl Vera, Francisco Hernandez Juarez, Manuel Camacho Solis, Miguel Barbosa Huerta, Agustin Rodriguez Fuentes, Camilo Valenzuela, Raul Moron Orozco et par d’autres politiciens, dirigeants syndicaux, défenseurs des droits humains et intellectuels et artistes, ont signalé :
1) Que la réforme énergétique approuvée récemment par les chambres des sénateurs et des députés représente une régression qui nous ramène avant l’expropriation pétrolière décrétée par le général Lazaro Cardenas ( ndt : président entre 1934-1940). Cela signifie que le gouvernement et les égislateurs dépossèdent le pays et le peuple puisqu’on livre ses richesses et ses ressources aux entreprises privées au lieu de les destiner au bien-être et au développement libre et souverain de la nation. Les conséquences seront aussi graves ou plus graves que la perte du Texas et de la moitié du territoire au XIX siècle. Cela va nous convertir en un pays encore plus dépendant des corporations étrangères et de leurs gouvernements. Se réalise ainsi un nouveau colonialisme et une perte de souveraineté nationale.
2). Cette réforme est immorale, illégitime et anticonstitutionnelle. C’est une attaque et une rupture du pacte social né de la Révolution mexicaine ; elle met de côté les principes à la base de la Constitution ; elle nie l’esprit de la constituante de 1917 et elle élimine les bénéfices apportés par les expropriations pour le peuple du Mexique, malgré l’énorme corruption des classes politiques au pouvoir. Seule une nouvelle constituante élue à cette fin pourrait procéder à une modification d’une telle envergure et avec une consultation plébicitaire préalable auprès des citoyens.
3). Le titulaire de l’éxecutif fédéral et les législateurs qui ont approuvé les changements de la Constitution pour permettre la privatisation des ressources énergétiques sont en train de commettre un crime de "lèse patrie"en hypothéquant l’avenir de la nation et en liquidant les biens et les richesses du pays. Cela aggrave le processus de décomposition et détérioration des institutions étatiques et rend la corruption plus profonde encore. Nous sommes devant une faillite morale et un acte de trahison nationale de plus par la classe régnante".
Le rejet de la dérogation de la Constitution de 1917 s’étend à la majorité de la population, et ceux qui sont en accord constituent une minorité, importante et avec des grandes ressources, mais un minorité en fin de compte. L’Assemblée législative du District Fédéral a rejeté la réforme énergétique et a publié le 18 décembre dernier (2013) la résolution suivante : "La continuité de cette farce institutionnalisée qu’est la réforme énergétique proposée par le gouvernement de Enrique Peña Nieto signifie un affront pour les Mexicains en général et pour les habitants de la capitale en particulier, qui, conscients de la réalité sociale n’acceptent pas de mettre en vente les biens du pays. Résultat encore plus préoccupant, les forces politiques démontrent un tel mépris pour la majorité de la société qui leur a confié la défense des intérêts de la majorité. Cela peut être qualifié de trahison à la patrie ."
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