Édition du 26 mars 2024

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Canada : silence complice sur la répression au Cachemire

La semaine dernière, l’AFP a rapporté l’expulsion par le gouvernement indien de centaines d’habitants de la forêt vivant dans des communautés des régions boisées reculées du Cachemire, la région la plus septentrionale du pays.

Tiré de Canadian dimension.

Dans le village de Kanidajan, une petite communauté du Cachemire occupée par les Indiens (IOK), Biya Bano vit avec son mari et ses huit enfants. Elle a déclaré à l’AFP que les gardes forestiers avaient averti sa famille qu’ils seraient brûlés vifs à l’intérieur de leur maison en rondins s’ils ne la quittaient pas immédiatement.

Des représentants du gouvernement sont entrés dans la zone pour abattre 11 000 arbres fruitiers cultivés par des dizaines de familles subsistantes.

Le 5 août 2019, le peuple du Cachemire a perdu son statut d’autonomie, lorsque le président indien a arbitrairement révoqué les articles 370 et 35A de la constitution indienne et suspendu la constitution du Jammu-et-Cachemire.

Puis, il y a un an, le 31 mars 2020, le ministère indien de l’Intérieur a redéfini les règles de domicile pour la région, permettant aux non-Cachemiris d’acquérir des propriétés et de s’installer dans l’État.

Cela ouvre la porte à des changements démographiques qui menacent la sécurité de l’emploi des Cachemiris locaux, entre autres violations des droits de l’homme. Maintenant, avec le monde fixé sur la pandémie de COVID-19, la colonisation des colons s’est accélérée, affaiblissant le droit du Cachemire à l’autonomie et à l’autodétermination.

Au cours des derniers mois, plus de 3,3 millions de certificats de domicile ont été délivrés par la puissance occupante à sa population de colons, au point où 25 % de la population du Cachemire vient de l’extérieur.

Le rapport de l’AFP fournit des informations importantes sur l’occupation militaire en cours qui force les gens à quitter leurs maisons tandis que les soldats indiens détruisent les arbres, les récoltes et le bétail. Il y a près d’un million de soldats indiens stationnés au Cachemire occupé, ce qui en fait la plus grande région du monde occupée par une force de sécurité.

Le Cachemire étant un territoire internationalement disputé, la loi sur le domicile de 2020 – qui implique le transfert forcé de populations et l’installation – est en violation du droit international. Un tel transfert de population est interdit par l’article 49 de la quatrième Convention de Genève et est condamné par la Sous-Commission des Nations Unies pour la promotion et la protection des droits de l’homme.

En vertu de l’article premier de la quatrième Convention de Genève, toutes les hautes parties contractantes, y compris le Canada, sont tenues de prendre des mesures pour assurer le respect de la convention « en toutes circonstances ».

En 2019, Genocide Watch a publié une « alerte au génocide » pour le Cachemire, déclarant que « les processus génocidaires sont […] très avancés » dans la région. Le groupe a appelé l’ONU et ses États membres à « avertir l’Inde de ne pas commettre de génocide au Cachemire ».

Entretemps, les médias grand public sont restés silencieux sur la colonisation agressive et illégale de l’Inde.

Le rapport de l’AFP de la semaine dernière indiquait qu’en novembre 2020, les autorités avaient commencé à envoyer des avis d’expulsion à plus de 60 000 personnes vivant ou cultivant illégalement des terres dans les forêts du Cachemire. Un haut responsable indien, qui a demandé à rester anonyme, a déclaré à l’AFP qu’il y avait « beaucoup de pression de la part des autorités supérieures pour ne pas ménager » sur les questions foncières.

Abdul Ghani, qui vit en bordure de la forêt de Kanidajan, a déclaré à l’AFP que son verger de 300 pommiers avait été détruit sans avertissement. Selon le rapport, la famille de Ghulam Khatana « a vécu la moitié de sa vie dans une simple cabane en rondins dans les forêts du Cachemire, jusqu’à ce que 200 hommes brandissant des fusils et des barres de fer les chassent hors de chez eux et dans le froid brûlant ».

Des groupes de la société civile ont demandé au gouvernement canadien de condamner la nouvelle loi sur le domicile de l’Inde et son implantation illégale et sa colonisation de l’IOK, et d’insister sur le respect des obligations juridiques internationales dans le cadre des relations continues du Canada avec l’Inde.

En novembre 2020, le gouvernement canadien a répondu à trois pétitions parlementaires directement liées à cette situation. L’un était parrainé par le député libéral Yasmin Ratansi, un autre par le député néo-démocrate Scott Duvall et le troisième par la députée conservatrice Marilyn Gladu.

Ces pétitions ont été signées par 3 500 personnes de partout au Canada, et c’était la première fois que le Cachemire était mentionné au Parlement depuis le début des années 2000.

Le gouvernement Trudeau a déclaré qu’Ottawa surveille la situation et « attend avec impatience le retour à la normalité et la reprise d’un dialogue politique inclusif au Jammu-et-Cachemire ».

Cette réponse passe à côté du point crucial concernant la persécution continue des défenseurs des droits humains, des militants de la société civile et des journalistes cachemiris. Elle ignore également le fait qu’Amnistie Internationale a été forcée d’arrêter ses opérations après que le gouvernement a gelé ses comptes bancaires.

La colonisation du Cachemire se déroule depuis plus de soixante-dix ans, marquant une attaque directe contre la culture et l’identité cachemiriennes, l’expropriation rapide des terres, la marginalisation économique accrue et les forces accélérées du colonialisme des colons.

En 1948, le représentant du Canada aux Nations Unies, Andrew McNaughton, a pris la tête du Conseil de sécurité avec l’adoption de la résolution 47, qui prévoyait un plébiscite sur l’autodétermination pour tous les Cachemiris.

Rappelant au nouvel ambassadeur Bob Rae cet héritage, nous devons insister pour que le Canada prenne le leadership à l’ONU et fasse pression pour la réalisation de l’autodétermination pour le peuple du Jammu-et-Cachemire.

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