Édition du 6 mai 2025

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Québec

Négociations dans le secteur public

De grandes défaites en petites défaites quotidiennes

La dernière lutte du secteur public peut être qualifiée de défaite surtout dans le secteur de la santé. Depuis des lustres, les négociations n’arrivaient pas à arracher grand chose au gouvernement surtout concernant les salaires. Mais toujours les clauses normatives étaient maintenues. Ce qui en bout de ligne maintenaient un statu quo convention après convention. Du moins, c’était perçu ainsi par la majorité des travailleurs et travailleuses.

La dernière négo est d’un tout autre ordre. Il y a d’abord eu la trahison des directions syndicales (eh oui il faut utiliser les mots qu’il faut) qui ont préféré ne pas voir le rapport de force des plus favorables de la population pour organiser des actions mobilisantes et signer une entente qui sanctionne une défaite. Une défaite : parce que, en plus des faibles augmentations salariales, les clauses normatives concernant la retraite ont été touchées. Il y a là perte d’acquis. En plus le gouvernement a joué, a toujours joué sur les divisions syndicales pour favoriser certains groupes et d’autres non. Encore pour cette négo, il a favorisé les personnes haut salariées avec compétence reconnue soit le personnel enseignant et le personnel infirmier. Mais pour l’ensemble des autres secteurs, pour les bas, petits et moyens salariées et salariées les augmentations sont minces. Elles l’ont toujours été vous me direz. Oui, mais avec le contexte économique d’austérité fausse cela fait plus mal surtout quand tu vois d’autres secteurs mieux s’en sortir.

Dans la santé tous ces reculs cumulent aussi avec la mise en place des restructurations administratives du ministre Barette. Et là, la défaite de la négo devient petites défaites au quotidien.

C’est le démantèlement des CLSC et le transfert du personnel professionnel dans les cliniques médicales : une privatisation déguisée, c’est le regroupement des laboratoires avec son lot de coupures de postes, c’est le remaniement du personnel-cadre et les coupures de toute une franche de gestionnaires. Quant à la situation en CHSLD : cette situation perdure depuis des décennies. Les personnes âgées passent en dernier, c’est normal !!! leur vie achève. Tout cela entraîne son lot de déplacement, de fermetures de postes et de coupures de soins à la population. C’est une farce, sauf pour le ministre, de croire que tous ces changements n’entraînent pas des conséquences sur les usagers et usagères de la santé.

Demandez-le au cardiaque qui doit se raser la poitrine chez lui avant son rendez-vous de tapis roulant, le service de rasage n’étant plus offert à l’hôpital. C’est petit, mais c’est une perte de services, rajoutez au reste cela démontre la situation en santé.
Autre aspect de la loi sur les restructurations administratives du ministre : la vie syndicale. Déjà la vie syndicale avait été bouleversée quand le ministre avait imposé dans chaque centre hospitalier seulement quatre strates de représentation syndicale : personnel infirmier, professionnel, administratif et général. Maintenant il fusionne tous les organismes : les centres hospitaliers, les CLSC, les CHSLD. Avant la vie syndicale appartenait à une boîte avec parfois des points de services.

Maintenant avec ce processus fusionnel, les syndicats vont vivre au niveau régional. : des centaines d’établissements à couvrir, des réalités complètement différentes, des cultures syndicales à concilier ou réconcilier, de l’information et de la sensibilisation à rendre concrets. En fait, le ministre Barette a vraiment fait une offensive contre les organisations syndicales sans que cela paraisse comme une offensive. Et cela est bien dommage que les objectifs réels du ministre ne transparaissent pas chez les travailleurs et travailleuses de la santé et dans la population en général. À vouloir encadrer et dompter les syndicats, on n’aurait pas mieux fait. Le ministre Barette devrait être classé ministre antisyndical de la décennie.

Mais dans tout ce bouillonnement, le ministre risque de récolter un char de… mécontentement et cela peut avoir des impacts importants sur la mobilisation. D’autant plus que l’effectif dans le secteur santé s’est renouvelé. Les vieux et vieilles militant au syndicat sont parties. Comment les jeunes vont-ils mener la vie syndicale, mais surtout comment vont-ils endurer les offensives répétées du ministre sur leurs conditions de travail ? Comment vont-ils vivre la dégradation de leur milieu de travail et surtout comment se contenter de services donnés au rabais aux personnes malades.
C’est à suivre avec grand intérêt.

Roberta Dionne

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