Tiré d’Agence médias Palestine.
Il ne restait plus que quelques kilomètres avant que la onzième étape de la Vuelta, un des trois grands tours du circuit professionnel international de cyclisme, ne s’achève. Mais les organisateurs n’avaient sûrement pas prévu qu’elle se terminerait de la sorte. Juste avant l’arrivée à Bilbao dans le Pays basque espagnol, des manifestants propalestiniens se sont massés près des barrières et ont tenté d’accéder à la route pour perturber l’arrivée des coureurs.
Face aux risques, les organisateurs de la course ont préféré arrêter l’étape de manière anticipée en stoppant tous les chronos à trois kilomètres de l’arrivée et en annonçant qu’il n’y aurait pas de vainqueur en ce mercredi 3 septembre.
Alerter sur le génocide et contre la présence d’une équipe israélienne
Les manifestants propalestiniens n’ont pas décidé de manifester à l’arrivée d’une étape de la Vuelta par hasard. Des appels au boycott ont commencé à circuler avant même que le tour d’Espagne ne s’élance il y a déjà bientôt deux semaines, pour alerter contre le génocide et protester contre la présence au sein des équipes au départ d’Israël Premier Tech. Cette formation israélienne comme son nom l’indique est présidée par le milliardaire israélo-canadien Sylvan Adams.
Il en est le directeur depuis plus de dix ans, et a toujours insisté sur le soft power produit par le sport pour redorer l’image d’Israël à l’international. On lui doit des propos comme le fait qu’Israël soit “un pays incompris à cause d’une couverture médiatique négative”. Pour lui, les coureurs de l’équipe sont “des ambassadeurs du pays d’Israël”. Il n’a jamais caché l’influence qu’il souhaitait à son équipe de cyclisme pour vanter les mérites d’un pays génocidaire aux amateurs de cyclisme des quatre coins du monde.
C’est pour cette raison que les manifestants propalestiniens se font entendre sur les routes de ce tour d’Espagne 2025, pour protester contre le génocide en cours et le silence également d’une grande partie des coureurs présents. Ce pic d’intensité des actions sur la onzième étape était attendu, dans une région fortement marquée par les luttes indépendantistes et alors que le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez a marqué son soutien à la Palestine à de nombreuses reprises. Un suiveur du Tour présent a témoigné au Parisien : “On voyait depuis quelques jours de plus en plus de manifestants sur le bord des routes. C’était attendu que Bilbao soit un pic dans les protestations. La cause palestinienne y est soutenue par des partis politiques. On voyait bien que ça avait l’air organisé.”
Un tour d’Espagne 2025 marqué par les manifestations propalestiniennes
Les mobilisations de ce mercredi sur la Vuelta et l’annulation de l’étape marquent en réalité l’apogée plutôt que le début d’un mouvement de protestation qui s’est formé avant même que le tour d’Espagne ne commence. Des appels au boycott avaient déjà été lancés à cause de la présence de l’équipe Israël Premier Tech dans les rangs du peloton. Des mobilisations similaires avaient déjà eu lieu pendant le tour de France plus tôt cet été.
La première action a eu lieu lors du contre-la-montre par équipes en Catalogne mercredi 27 août, lors de la cinquième étape. Des manifestants portant des banderoles et des drapeaux palestiniens avaient tenté de bloquer la route à la formation israélienne. Une des banderoles mentionnait cette inscription en catalan : “la neutralité est une complicité, boycott Israël”. Les coureurs de l’équipe Israël Premier Tech avaient finalement été dédommagés par un retrait de quinze secondes sur leur temps final par les organisateurs du tour.
Avant-hier également, à la veille de l’étape annulée, des manifestants avaient obstrué la route en provoquant la chute d’un coureur de l’équipe Intermarché-Circus-Wanty. La seule différence avec les manifestations précédentes, c’est que celle sur la onzième étape a débouché sur une annulation de l’épreuve.
Vers un départ de l’équipe israélienne ?
La mobilisation pourrait d’ailleurs porter ses fruits car de plus en plus de coureurs réclament le départ de l’équipe Israël Premier Tech, arguant qu’il en va de leur sécurité à tous. Un argument qui est même remonté jusqu’aux plus hautes strates de l’organisation de cette course cycliste, puisque le directeur technique du tour d’Espagne Kiko Garcia a sous-entendu qu’il fallait que la formation israélienne s’en aille : “Il n’y a qu’une seule solution, et nous la connaissons tous. L’équipe israélienne elle-même a compris que la présence ici ne facilite pas la sécurité”.
Le management d’Israël Premier Tech a assuré que les coureurs de l’équipe s’aligneraient aujourd’hui au départ de la 12ème étape de la Vuelta malgré la pression des coureurs adverses et les actions à répétition des militants propalestiniens.
En soutien à ces mobilisations, la ministre espagnole de la jeunesse Sira Rego s’est exprimée hier après l’annulation de l’étape en saluant la “leçon d’humanité” donnée par la société espagnole. Elle s’est aussi fendue d’un message à destination des organisateurs de la Vuelta, les enjoignant à se demander “si les valeurs du Tour cycliste d’Espagne étaient compatibles avec la participation d’une équipe liée à un Etat qui viole le droit international, qui est en train de perpétrer un génocide.”










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