Et pour cause. Le Parti Libéral du Canada et le Parti Conservateur du Canada sont tous deux les instruments de la grande bourgeoisie canadienne et de ses institutions financières. L’un est au service de Bay Street et l’autre représente l’industrie pétrolière de l’Ouest. Les conservateurs ont pratiquement toujours apporté les politiques les plus « austéritaires » et les politiques les plus anti sociales et les libéraux reprenaient leur flambeau pour poursuivre ces politiques plus modérément. Présentement, l’échiquier politique se déplace toujours plus à droite.
Le Canada par la Bourse de Toronto sert toujours de plaque tournante au cartel extractiviste international au profit des minières canadiennes qui exploitent en toute impunité les populations d’Amérique latine et d’Afrique. Le Canada est un État impérialiste où les partis bourgeois sont les accessoires, les portes tournantes entre les fonctions ministérielles et celles des chefs d’entreprise en font foi.
Plus de 75% des sociétés mondiales d’exploration ou d’exploitation minière ont leur siège social au Canada et près de 60% de celles cotées en Bourse s’enregistrent à Toronto à cause des avantages juridictionnels et réglementaires réservés par le Canada à ce secteur d’activité. L’ex premier ministre Brian Mulroney et l’investisseur Paul Desmarais ont fait partie du Conseil international de Barrick Gold, une des pétrolières présentes au Nigéria TG World Energy Corp. de Calgary était représentée par l’ancien premier ministre Jean Chrétien et Joe Clark a représenté les intérêts de First Quantum Mining en Afrique. [1]
Au niveau militaire, le Canada a joué le rôle de partenaire junior de l’impérialisme américain dans la guerre en Afghanistan dont les conséquences se sont fait sentir dans la campagne électorale lors du retrait des troupes canadiennes et des civils afghans.
La classe ouvrière et les mouvements sociaux antisystémiques sont les seules forces qui peuvent apporter des solutions à la cette crise, qui peut être porteuse d’émancipation sociale, mais le mouvement ouvrier et les forces progressistes accusent un retard important sur ce terrain. Les appareils actuels de l’État capitaliste ne sont pas en mesure d’effectuer les transformations profondes nécessaires pour faire face à la crise écologique parce qu’ils sont incapables d’aller à l’encontre de la tendance à l’accumulation du capital. [2]
Tel que l’avance Daniel Tanuro, la situation actuelle va déboucher sur une crise économique d’une très grande ampleur, pire que la crise financière de 2007-2008. Une offensive sociale négative de très grande ampleur se prépare, à laquelle les classes populaires doivent se préparer à riposter. [3]
Les défis sont énormes et il y a urgence. La crise climatique ajoutée à la crise économique des pays du sud global surendettés va inévitablement conduire à une immigration importante vers le nord. Les groupes d’extrême droite, alimentés par la droite bien-pensante ont déjà commencé à occuper le terrain anti-immigration.
Un ambitieux programme doit, en ce sens, cibler non seulement la socialisation des banques, des ressources et des moyens de production mais aussi « déprivatiser » les services de santé et d’éducation. Tous les besoins essentiels tel l’accès au logement, à une alimentation saine et suffisante, à des transports collectifs adaptés à nos besoins doivent être assurés. Des rapports de réciprocité entre pays doivent être établis avec les autres états. L’annulation de la dette des pays du sud est un premier pas en ce sens. Le contrôle politique de l’agenda canadien doit être citoyen et non l’apanage des corporations.
Si le Parti Libéral et le Parti Conservateur du Canada par leurs programmes se sont de facto disqualifiés comme option, le Parti Vert s’est disqualifié lui-même. Sa nouvelle cheffe ne fait pratiquement campagne que dans sa circonscription. Ses positions rétrogrades d’appui à Israël empirent la situation. Ce parti est construit sous une forme arc en ciel, n’a pas de perspectives envers le mouvement ouvrier et ne vise pas de changement de cadre social, condition pourtant essentielle à la résolution de la crise climatique.
Yves-François Blanchet du Bloc Québécois est quant à lui anti-environnement. Il vient de le confirmer avec son appui au troisième lien à Québec. À cela s’ajoute son passé comme ministre de l’Environnement sous le gouvernement Marois et son appui à la Cimenterie McGinnis en Gaspésie et à l’exploitation pétrolière à Anticosti. Mais au-delà du personnage, le Bloc Québécois est un parti droitier qui défend une politique nationaliste identitaire à l’opposé du Québec collectif et inclusif dont nous avons besoin. De plus, il fait obstacle à la nécessaire alliance des forces progressistes du Canada et du Québec et fait la promotion des politiques néolibérales du gouvernement de la CAQ. Au final son rôle de défenseur des supposés intérêts du Québec se marie très bien avec le fédéralisme néolibéral.
En ce qui concerne le NPD, notre position a traditionnellement été d’appuyer les sociaux-démocrates tout en préconisant la construction d’une alternative politique de gauche pancanadienne. Mais les forces de gauche au Québec et dans le Reste du Canada (ROC) n’ont pas réussi à ce jour, malgré quelques tentatives, à relever ce défi. Le NPD qui a connu une percée historique au Québec sous la direction de Jack Layton en 2011 avec 59 personnes députées n’a pas saisi cette opportunité pour s’enraciner et se construire. Il est passé à 16 personnes députées en 2015. Thomas Mulcair prônait alors la lutte au déficit et Trudeau l’a surpris sur sa gauche. Depuis 2019 il n’a plus qu’un seul député au Québec. Actuellement le chef du BLOC affirme ne pas avoir d’affinités avec QS. Le NPD devrait dire qu’il en a, ça donnerait au moins un signal. Il devrait être évident que le NPD ne se construira pas avec la droite.
La majorité des membres de QS, selon les sondages, votent NPD. C’est le seul qui n’est pas un parti du grand capital, par conséquent un moindre mal. Mais ce n’est pas un parti qui peut permettre les changements politiques et sociaux dont nous avons besoin présentement de façon urgente.
Trois importantes vagues de réformes se sont succédées depuis une cinquantaine d’années pour tenter de le transformer, dont le dernier avec le mouvement Leap Manifesto, sans succès. La social-démocratie a montré partout dans le monde que lorsqu’elle prend le pouvoir, elle n’a de cesse de renier ses engagements et de se faire un meilleur complice du capital que bien des partis bourgeois. On ne voit pas comment ce serait différent avec le NPD.
On ne peut pas limiter notre approche à une simple consigne de vote. Le Forum social des peuples pancanadien de 2011 a été une initiative importante qui aurait pu jeter les bases d’une coopération politique entre les mouvements sociaux et les syndicats du ROC et du Québec avec les premières nations sur des bases nouvelles. Il est urgent de reprendre ce genre d’initiative même si la pandémie en cours en limite l’ampleur. Le vote en faveur du NPD est un moindre mal, mais ne représente pas une perspective de transformation sociale, surtout devant l’urgence climatique et sanitaire.
Le gouvernement Legault prend position, une première
Le gouvernement Legault s’insère dans les élections fédérales en invitant à voter Conservateur contre les partis centralisateurs. Mais en fait il invite à voter contre les droits des femmes. D’abord contre le droit au travail. Il manque 20,000 places en garderie donc 20,000 familles et majoritairement des femmes qui ne peuvent exercer leur profession. Ensuite, la place des femmes en politique a reculé à cette élection-ci parce que le Parti Conservateur n’a pas le nombre de candidates femmes approchant la parité. " . Le Parti conservateur du Canada (PCC), qui avait pourtant réussi une remarquable remontée en 2019 par rapport au scrutin précédent, enregistre un net recul de 7,6 points de pourcentage (2015 : 11,5 % 2019 : 39,7 %|2021 : 32,1 %)." Groupe Femmes politique et Démocratrie communiqué.
Au-delà des élections
Les enjeux autour de la crise climatique, du dépassement de la crise sanitaire et d’une bataille pour la défense et le développement des services publics doivent être au cœur des mobilisations dès maintenant. Aucun de partis en lice lors de cette élection ne possède de programme capable de relever ces défis. Au contraire, ils font tous parties du problème. Les mobilisations populaires ne peuvent compter que sur leurs propres moyens pour éviter les pièges du capitalisme vert, mirage que les capitalistes font miroiter pour profiter de la situation. Il faut développer notre capacité à mettre en place les services publics nécessaires à la lutte à la pandémie, incluant un secteur de recherche et développement sur les vaccins et médicaments. Enfin, il faut envoyer la note aux responsables de cette crise, la classe des riches, et bloquer toute velléité de refiler la facture du gâchis capitaliste aux classes populaires
L’objectif à atteindre en urgence est de construire une conscience politique populaire qui puisse voir la nécessité du dépassement du capitalisme et qui permette d’agir dans ce sens. Quelles que soient les promesses ou le programme des partis politiques au Canada, les règles commerciales imposées par la gestion capitaliste internationale telles le libre-échange et le contrôle des institutions financières exercé sur les politiques gouvernementales en termes d’investissements sociaux, court-circuitent toute marge de manœuvre. Le blocus financier imposé à la Grèce en 2015 et le fardeau de la dette imposé aux pays du Sud Global en sont des exemples.
Il nous faut aller au-delà d’une consigne de vote qui s’est trop longtemps substituée à la nécessité de construire une alternative politique. Il nous faut combiner la lutte de libération nationale au Québec et celle des nations autochtones pour les réappropriations de leurs droits et territoires dans une stratégie de changement social qui rejoigne les forces progressistes au Québec et du Reste du Canada (ROC)
La direction de Québec solidaire n’a pas de perspectives d’alliances avec la gauche du ROC même si des décisions ont été prises dans ce sens dans le passé. La gauche du ROC est quant à elle morcelée et régionalisée, mais elle existe. Il y a le mouvement syndical, une plénitude de médias alternatifs, les groupes féministes et de solidarité internationale.
Ce défi ne peut maintenant plus attendre !
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