Édition du 2 décembre 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Yves Engler est candidat à la direction du NPD

Jeudi, le NPD se prépare à exclure le seul candidat québécois et francophone du débat à la chefferie du parti à Montréal. Il s’agit là d’une insulte envers le Québec, les francophones et les membres du parti.

Après que le caucus socialiste du NPD m’ait demandé de me présenter, j’ai annoncé ma candidature à la chefferie du parti en juillet. Avec plus d’un millier de bénévoles, ma campagne rebelle a organisé deux douzaines d’événements à travers le pays, a largement dépassé le nombre requis de signatures pour l’investiture du NPD et a récolté plus de 100 000 dollars. La campagne a également rédigé une plateforme complète intitulée « Le capitalisme <https://yvesforndpleader.ca/policy/> ne peut être réparé – en avant vers un avenir socialiste ». Rédigé par 50 militant·es dans le cadre d’un processus démocratique, ce programme s’inscrit dans la volonté de la campagne de raviver la pensée anticapitaliste et l’énergie militante qui ont mené à la création du NPD.

Les partisan·es du génocide perpétré par Israël à Gaza ayant appelé le parti à rejeter ma candidature et les responsables ayant refusé ma participation au congrès du NPD de l’Ontario, nous avons retardé la soumission officielle de ma candidature au comité de sélection composé, de trois personnes. Selon les règles de la course à la chefferie du NPD, une candidature potentielle peut être exclue si elle ne respecte pas « les principes et les valeurs fondamentales du parti ». Mais n’est-ce pas dans le cadre de la course à la chefferie (et des congrès politiques) que les « valeurs fondamentales » du NPD sont déterminées ?

Craignant que certain·es membres du parti ne bloquent purement et simplement notre campagne insurrectionnelle de gauche avant même qu’elle ne démarre, nous avons décidé de créer une dynamique et de publier notre programme avant de le soumettre à l’examen. Nous avons également cherché à discréditer ce processus d’examen antidémocratique.

Le 10 novembre, nous avons officiellement soumis notre candidature à l’examen du NPD. Même s’ils sont au courant de la campagne depuis des mois et que mes écrits et mon activisme « controversés » sont publics, le comité d’examen, composé de trois personnes, mandatées par le parti mais non-élues, fait traîner le processus. Le parti a laissé entendre qu’il ne se prononcerait pas sur ma candidature avant le débat à la chefferie du 27 novembre. C’est inacceptable.

De nombreuses personnalités du NPD et analystes médiatiques ont souligné l’importance pour le chef du parti de parler français, mais la plupart des autres candidatures à la direction peuvent à peine converser, et encore moins débattre, en français. Lors d’un forum organisé le mois dernier par le Congrès du travail du Canada, les questions prévues en français ont été annulées en raison des faibles compétences linguistiques des candidatures.

Le français n’est pas ma langue maternelle. J’ai grandi à Vancouver, mais ma mère est Fransaskoise et j’ai fréquenté une école d’immersion française. J’ai déménagé à Montréal pour fréquenter l’université Concordia ; j’y suis resté même après avoir été expulsé de l’université en tant que vice-président du syndicat étudiant à la suite d’une manifestation contre Benjamin Netanyahu en 2002. Je parle français à mes enfants de trois et huit ans.

En tant que seul Québécois dans la course, j’aurais plus de chances de recréer la vague orange de Jack Layton en 2011. En fait, ma stratégie au Québec consisterait à remettre en question le soutien, ce « confort et indifférence » des libéraux et du Bloc québécois envers le militarisme et le génocide perpétré par Israël à Gaza. Le Québec a une tradition pacifiste et internationaliste qui offre au NPD une certaine marge de manœuvre pour gagner du terrain. À mesure que les coupes budgétaires imposées par le militarisme radical de Mark Carney prendront effet, la question gagnera en importance. Si Carney entre en guerre, le sujet deviendra encore plus controversé.

Avec un seul siège au Québec, le potentiel de croissance est considérable. Mais surtout, le NPD doit devenir un lieu où les gens peuvent discuter du capitalisme, du militarisme et de l’impérialisme.

Dans les deux langues officielles du Canada.

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Yves Engler

Yves Engler a été surnommé « l’une des voix les plus importantes de la gauche canadienne aujourd’hui » (Briarpatch), « dans le moule de I.F. Stone » (Globe and Mail), et « fait partie de ce groupe rare mais croissant de critiques sociaux qui n’ont pas peur de confronter les mythes autosatisfaits du Canada » (Quill & Quire). Il a publié neuf livres.

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