Édition du 17 juin 2025

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Amérique centrale et du sud et Caraïbes

En mission officielle, la Directrice de l’OIM Amy Pope s’immerge dans la détresse silencieuse des déplacés internes

Port-au-Prince, 14 avril 2025 – Sous un soleil de plomb, entre des allées boueuses et des tentes de fortune en plastique noir, la Directrice Générale de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), Madame Amy Pope, foule le sol craquelé d’un camp de déplacés internes à Delmas 33. Sa visite, très attendue, résonne comme un moment de reconnaissance pour les milliers de familles ayant fui les balles, les incendies, les menaces et les cauchemars imposés par les gangs armés dans la région métropolitaine.

Le regard grave, Amy Pope échange avec des mères qui racontent leur fuite de Martissant ou de Cité Soleil, avec des enfants qui n’ont pas mis les pieds à l’école depuis des mois, et avec des chefs de famille qui ne savent plus à qui s’adresser pour se faire entendre.

“La résilience ne doit pas être confondue avec une solution,” a-t-elle déclaré, d’une voix ferme. “Ces gens n’ont pas choisi cette vie. Ils ont été arrachés à leurs maisons, à leur quotidien, à leur dignité. Ils ont un besoin urgent de protection, d’abris et de soutien.”

Une humanité en suspend

Depuis plusieurs années, les camps de déplacés internes se multiplient à travers la capitale haïtienne. La recrudescence de la violence des groupes armés a vidé des quartiers entiers, forçant des dizaines de milliers de personnes à chercher refuge dans des espaces publics transformés en zones de survie. Écoles abandonnées, cours d’églises, places publiques… les abris improvisés ne protègent ni du froid, ni des maladies, encore moins de la faim.

Marie-Ange, 38 ans, mère de trois enfants, raconte : “Ils sont venus en pleine nuit. On n’a rien pu emporter. Depuis, je dors par terre. On survit comme on peut.”

Comme elle, des milliers de femmes, souvent seules à porter le fardeau familial, dénoncent le manque d’assistance, l’insécurité dans les camps et l’absence de perspective.

Une visite au goût d’alerte

La venue d’Amy Pope marque un tournant. Rarement un haut responsable onusien s’est montré aussi direct dans ses propos. Sa visite n’était pas un simple geste diplomatique : elle a mis en lumière la gravité d’une crise humanitaire que le pays ne peut plus ignorer. Et elle a lancé un signal clair à la communauté internationale : Haïti ne peut pas affronter seule cette catastrophe.

Face à la presse, Mme Pope a insisté : “Nous devons sortir ces familles de l’ombre. La situation actuelle n’est pas soutenable. L’OIM fera tout son possible, mais cela demande un effort collectif, national et international.”

L’État haïtien face à ses responsabilités

Cette visite soulève aussi une question brûlante : que fait l’État haïtien ? Malgré les promesses répétées d’une meilleure coordination humanitaire, les structures publiques restent désorganisées, sous-financées, voire absentes sur le terrain. Les déplacés internes sont devenus les symboles d’un effondrement progressif, où l’aide humanitaire supplée un État défaillant.


Un appel à l’action

En quittant le camp, Amy Pope a laissé derrière elle des regards remplis d’attentes. Sa visite ne guérira pas les blessures ni ne restaurera les toits perdus. Mais elle aura permis une chose essentielle : remettre la lumière sur ceux qu’on ne veut plus voir.

Derrière chaque chiffre, chaque tente, il y a des noms, des histoires, des vies en attente de justice. Il est temps de passer de l’observation à l’action.

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