Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Point de mire du 21 avril 2020

Face à la crise économique, climatique et sanitaire, l’urgence et la nécessité de sortir du capitalisme

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

Dans cette édition de Presse-toi à gauche, Ghislaine Raymond décrit la réalité des travailleurs agricoles étrangers qui viennent à chaque été soutenir la production agricole québécoise mais qui le font cette année dans un contexte de pandémie, Yvan Perrier revient sur la campagne anti-syndicale de François Legault dans le dossier de la rémunération des préposé.e.s aux bénéficiaires et les chercheurs de l’IRISEric Pineault et Mathieu Dufour nous invitent à « penser l’après. »
 
Ghislaine Raymond qualifie d’essentiel le travail effectué par les salariés oeuvrant dans les fermes québécoises, des personnes qui proviennent majoritairement du Mexique et du Guatemala. Elle explique que si leur travail est si important en temps normal, il l’est d’autant plus en cette pandémie. Par contre, leurs conditions de travail et les mesures imposées par le gouvernement fédéral risque de poser problème alors que nous vivons une crise dans les CHSLD, « comment nous assurer qu’une situation semblable ne se développera pas dans les lieux isolés que sont les fermes du Québec ? » s’interroge l’auteure.
 
Yvan Perrier analyse la gestion caquiste de la crise du Covid-19 et croit voir les premières failles dans l’armure du gouvernement. C’est ainsi qu’il situe la croisade du premier ministre contre les médecins spécialistes et les syndicats de salarié.e.s. Si on écoute attentivement les discours du gouvernement, tout portent à croire qui derrière les discours rassurants, d’importants cafouillages se produisent. Legault cherche des boucs émissaires et « manifestement, monsieur Legault ne connaît pas l’historique des négociations dans les secteurs publics et parapublics » ajoute l’auteur qui rappèle les offres ridiculement basses que la CAQ a mis sur la table avant la crise.
 
Plusieurs personnes croient qu’il y aura un « avant » et une « après » la pandémie de coronavirus. Eric Pineault et Mathieu Dufour souhaitent que l’on profite de cette pause imposée pour réfléchir à l’après-crise. Ils soulignent que la crise aura montré l’extrême fragilité de l’économie capitaliste. Celle-ci est caractérisée par un lourd endettement des ménages et des entreprises, une intégration à l’économie mondiale qui nous rends dépendants à plusieurs niveaux et les actions récentes des Etats montrent que l’économie ne peut subir de crise sans que l’État ne lui vienne en aide. Ils plaident pour une meilleure coordination de l’économie par le biais de l’État et une valorisation des ressources des régions en s’appuyant sur les coopératives et l’économie solidaire.
 
Par ailleurs,Anne Plourde et Arnaud Theurillat-Cloutier croient qu’il est temps de nationaliser les résidences pour personnes âgées, Louise Boivin décrit la privatisation progressive du « marché du vieillissement ». Nous vous offrons les traductions de contributions de syndicalistes du Canada-anglaisDavid Bush et Doug Nesbitt sur différents aspects de la crise actuelle etElisabeth Germain plaide pour une analyse féministe des conséquences de la pandémie.

Presse-toi à gauche veut souligner l’importance de l’initiative prise par le Regroupement Militant Écologiste de Québec solidaire (RMÉ) sur la relance du débat sur le plan de transition. Le RMÉ a organisé une vidéoconférence qui a rassemblé le 19 avril dernier plus de 80 personnes. Nous publions publions les interventions d’ouverture de cette vidéoconférence : celle de Roger Rashi intitulée : « Construire dès maintenant la transition écologique et sociale » et celle d’Éric Pineault qui répondait à la question : Comment sortir du capitalisme fossile ?. Des fichiers audios de leurs interventions sont également disponibles. Le RMÉ prépare d’autres vidéoconférences pour nourrir les débats sur le plan de transition dans cette période de crise. Nous suivrons attentivement leur démarche.
 
Nous vous invitons également à parcourir le bulletin du collectif Tenir bon !. (https://www.pressegauche.org/Le-lundi-20-avril-2020-no-2-info-tenir-bon-gmai)
 
Nous vous invitons également à participer au webinaire organisé par le collectif Tenir bon ! ce jeudi 23 avril en suivant ce lien.

Sur la scène internationale

Cette semaine, nous jetons un coup d’oeil vers l’économie dans le contexte de la pandémie et dans l’après pandémie. Et nous nous intéressons au sort des minorités et des travailleurs et travailleuses dans la crise actuelle.

Concernant l’économie
Cédric Durand : « L’enjeu de cette crise est de planifier la mutation de l’économie »

Cet article est en fait un entrevue avec Cédric Durand, économiste touchant un point particulier et peut abordé de la crise actuelle : la question de la planification.

L’auteur mentionne que ce qu’on voit dans la crise actuelle c’est que le marché est inefficace pour produire rapidement une reconversion des industries et pour produire des masques ou du gel.

Plusieurs raisons expliquent ces limites « Chaînes d’approvisionnement à flux tendu, dispersion des processus productifs et faiblesse des réserves stratégiques rendent le tissu social et productif vulnérable et entravent sa faculté d’adaptation en cas de modification brutale de la situation. »

Avant d ‘aborder la question de la planification, l’auteur aborde les faillites actuelles de l’État et ne s’en surprend pas vu la longue période d’austérité qui a marqué la santé, l’éducation mais aussi toute la fonction publique.

Quant à la planification, l’auteur affirme qu’elle fonctionne et fonctionne même bien. Et il en donne plusieurs exemples entre autre autour de la Deuxième guerre mondiale.

Mais il reconnaît aussi les limites de la planification : « les plans ont buté sur deux principaux écueils : l’absence de démocratie et des capacités de calcul limitées. L’absence de démocratie a conduit à un développement déséquilibré, une dictature sur les besoins pour reprendre l’expression de la philosophe Ágnès Heller, dans laquelle les demandes du secteur militaro-industriel écrasaient celles de la population et étouffaient toutes préoccupations écologiques, pourtant très présentes au lendemain de la révolution russe.

La seconde limite est informationnelle, c’est-à-dire exactement là où se situait l’objection d’Hayek. Incapable de mobiliser des technologies de l’information encore balbutiantes, le traitement bureaucratique de la planification est alors de plus en plus lourd, extrêmement chronophage et sujet à de multiples erreurs, retards et manipulations. »

À l’heure actuelle, les données informationnelles ne sont plus un obstacle. Pour l’auteur, même de grandes entreprises multinationale (Wallmart ou Amazon) utilise une planification de leur stock. Reste donc le défi et l’importance de la planification démocratique.

Et pour l’auteur,parler de planification, c,est parler de l’après crise pour surtout éviter de revenir à ce qui était avant soit une société sous contrôle des banques et des multinationales. « Le pire serait de poursuivre dans cette voie d’un sauvetage uniforme de l’économie, un peu comme l’après 2008 n’a été qu’une continuation de l’avant, les pouvoirs publics venant épauler une hégémonie financière chancelante »

Pour les personnes férues d’économie, nous vous suggérons la lecture de l’article suivant. Mais c’est du lourd...vous êtes prévenu-e-s

L’état de l’économie mondiale au début de la grande récession Covid-19 : repères historiques, analyses et illustrations

Aussi sur l’économie un petit article intéressant posant clairement le sexisme dans la crise actuelle.

Covid-19 : budgets et méthodologies sexistes

« En 2020, le budget de la santé représente 3,03% du budget de la Défense. Il baisse de 2,2% par rapport à 2019 et de 6,1% d’ici à 20223, alors que pour la même période celui de la Défense augmente de 13,25%. »

« la féminisation des métiers de la santé est croissante : 44,3% de femmes parmi les médecins en 20156, 89% parmi les infirmiers et les sages-femmes, 93% dans les métiers liés à la santé et l’action sociale en 2014

les métiers de la défense sont massivement occupés par des hommes : en 2018, les femmes représentent 15,5% des effectifs militaires et 38,4% des effectifs civils des armées, soit au total 20,7% des effectifs »8
Voilà les propos de l’auteure clairement exposés concernant la question du travail.

La deuxième partie de l’article aborde la question de la santé en période de pandémie. Les certitudes là sont plus difficiles à rendre compte mais l’auteure pose bien le contente d’inégalité sociale, et des violences faites aux femmes.

Concernant les minorités et les travailleurs et travailleuses : Asie. Travailleurs en lutte sous fond de pandemie

Cette article fait un tour d’horizon de la situation des travailleurs et travailleuses en Asie au prise avec le corona virus.

Dans la culture du thé, les travailleurs et travailleuses ont déclaré un jour férié par peur d’attraper le Covid -19. Mentionnons que leur salaire est moins de 1 $ par jour pour un travail exténuant et vivent dans des conditions de proximité et de pauvreté extrêmes.

Mais c’est dans l’industrie du textile que les conditions se sont les plus difficiles.
« Toujours au Bangladesh, un million de travailleurs de l’habillement ont été licenciés ou licenciés parce que des marques nord-américaines et européennes ont invoqué des clauses dans leurs contrats pour annuler des commandes et refusent d’en passer de nouvelles. L’industrie du vêtement est le principal moteur de l’économie et des millions de personnes dépendent des salaires des travailleurs de l’habillement. En moyenne, les travailleuses du vêtement bangladaises, principalement des femmes, gagnent moins de 100 dollars par mois. »

Là aussi la proximité demeure un problème grave.

Au Cambodge c’est la grève d’un millier de personnel du textile pour avoir leur salaire. « Au 1er avril, au moins 91 usines de confection ont été fermées, le gouvernement s’engageant à payer les salaires des 61 500 travailleurs touchés. ». Au Myanmar licenciement aussi dans le textile.

Autre problème en Inde et en Thailande et aux Philippines. le retour en masse des travailleurs et travailleuses dans leur pays d’origine risquant ainsi de généraliser la maladie.

Ce tour d’horizon nous permet de voir le sort des travailleuses et des travailleurs asiatiques. Un sort de pauvreté, de proximité et de dangerosité face au virus.

Les Afro-américains durement frappés par le Covid : le poids des discriminations

Les États Unis sont une société d’inégalité pour les minorités visibles et particulièrement pour les personnes noires, inégalités dans les conditions d’existence mais aussi face à la maladie. « dans l’Illinois, les Noirs représentent 14% de la population mais 42% des décès de l’épidémie. A Chicago, c’est 72% des morts, alors qu’ils représentent moins d’un tiers des habitants : des disparités qui « coupent le souffle », a déclaré la maire de la ville, Lori Lightfoot. »

On peut trouver des raisons à commencer par les conditions de santé : diabète, hypertensions etc ...mais joue aussi la pauvreté « les quartiers pauvres et noirs ont moins de médecins et des hôpitaux de moindre qualité. Que les couvertures médicales des emplois de service sont inférieures à d’autres emplois mieux rémunérés. Un phénomène de discrimination a aussi été vérifié selon lequel les patients noirs se voient prescrire moins d’examens et de consultations avec des spécialistes que les blancs. »

Et en conclusion « C’est un immense programme de lutte contre les inégalités, dont celles de santé, qui doit être imposé afin de mettre fin à ce drame sanitaire terrible »

Etats-Unis. La double peine subie par les populations amérindiennes face au COVID-19

Cet article est un recensement précis des impacts du corona sur les populations autochtones américaines.

Le texte commence par détailler la situation des personnes amérindiennes :

« La population des Indiens d’Amérique et des Indigènes de l’Alaska (American Indian, AI ; Alaska Native, AN) s’élève depuis peu à 2% de la population américaine »

« 42% des Amérindiens et des Indigènes de l’Alaska ont moins de 25 ans. »

« En 2016, 26,2% d’entre eux vivaient dans la pauvreté alors que le taux de pauvreté global aux Etats-Unis était de 14% ».

Ensuite les situations d’éloignement sans services adéquats de proximité, de logements salubres, de financement adéquat des services santé sont bien décrites.

L’article se termine en posant le problème du recensement des personnes autochtones qui réussit difficilement à se faire dans cette nation : première puissance mondiale.

Bonne lecture

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