Édition du 3 décembre 2024

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Québec

L’affaire Elghawaby : une manœuvre fédérale pour coincer le Québec

Des partis non crédibles pour rejeter un au-delà du Quebec bashing

L’affaire Elghawaby renvoie le peuple québécois à sa position en sandwich entre l’oppressif Quebec bashing et son racisme systémique inhérent aux peuples blancs occidentaux que nie le gouvernement caquiste mais non le gouvernement Libéral canadien spécialisé dans l’hypocrisie patentée. L’illustre sa politique d’emprisonnement sans date de libération de personnes réfugiées jugées suspectes tout comme son refus de mettre en œuvre la « réconciliation » avec les peuples autochtones dont « seulement 13 des 94 recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation ont été réalisées depuis 2015 » en passant par sa politique de travailleurs temporaires attachés à un seul employeur et sans possibilité de résidence permanente.

3 février 2023 | www.marcbonhomme.com

Des partis québécois nationalistes qui jouent à la roulette russe avec l’islamophobie

L’électoralisme caquiste a intérêt à entretenir l’islamophobie francophone au point que le Premier ministre québécois ne s’est pas présenté à la commémoration à la mosquée où a eu lieu la tuerie de Québec, contrairement au Premier ministre canadien. Les partis fédéraux canadiens, sauf le parti Conservateur vis-à-vis les peuples autochtones, n’ont pas intérêt à entretenir le racisme étant donné le poids démographique des minorités racisées au Canada particulièrement dans le Grand Toronto, électoralement crucial, où presque la moitié de la population en fait partie. Même le gouvernement Conservateur ontarien, très apparenté par ailleurs à la CAQ, s’en abstient.

Ce racisme larvé inhérent à la CAQ afin de concurrencer l’ultradroitier parti Conservateur du Québec (PCQ) qui menace son fief de la région de Québec lui enlève toute crédibilité pour critiquer la nouvelle représentante spéciale de la lutte contre l’islamophobie du gouvernement fédéral d’autant plus que ce parti n’a jamais sanctionné son ministre du Travail pour ses propos outrageusement anti-immigrant. Idem pour le PQ trahi par son lapsus révélateur malgré des excuses ultérieures. Quant à la crédibilité du Bloc québécois qui demande aussi sa démission et dont le chef, selon un de ses tweets daté du 15/02/19, a pris un « [d]éjeuner de St-Valentin à #Québec, capitale de l’amour, avec Éric Duhaime [futur chef du PCQ]. Peut-être le début de quelque chose de cute... » et a ensuite maintenu quatre candidatures ayant tenu des propos islamophobes, on repassera.

La représentante spéciale est anti-démocratique tant envers le peuple québécois qu’iranien

Il n’en est pas moins vrai que malgré des excuses tardives, la représentante fédérale a tenu dans le passé des propos sur les réseaux sociaux qui relèvent du Quebec bashing et par là lui enlève toute crédibilité pour dialoguer avec le peuple québécois sauf avec les personnes converties d’avance. Moins remarqué mais tout aussi problématique est son gazouillie (tweet) d’octobre dernier à l’encontre des manifestations au Canada en soutien à la lutte des femmes et du peuple iraniens : « Les gens qui sont en colère contre le gouvernement iranien s’en prennent aux citoyens canadiens qui sont musulmans ici. » (“People who are angry with the government in Iran are taking it out on Canadian citizens that are Muslims here”). Indépendamment de ses déclarations Quebec bashing, ce soutien à la sanguinaire dictature fondamentaliste, malgré son gazouillie mitigé limitant les dégâts, la discrédite auprès de n’importe quel démocrate.

Le retour de Trudeau père brossant contre le Québec l’identitarisme dans le sens du poil

Comment le gouvernement du Canada, sans totalement se discréditer, a-t-il pu nommer une telle personne comme représentante spéciale et de persister à la défendre malgré sa visible tendance anti-démocratique ? On reconnaît là une caractéristique du fédéralisme canadien qui au nom de son sacro-saint multiculturalisme érigé en dogme brosse dans le sens du poil l’identitarisme aux dépens de la nation québécoise. Le Québec, dans la tradition de Trudeau père, reste son bouc émissaire pour préserver l’unité de l’État canadien soi-disant un modèle de démocratie et de tolérance. Ce n’est certainement pas l’opinion des Nations unies au sujet de son traitement des peuples autochtones ni une terre d’accueil pour ces personnes afghanes et leurs familles, très majoritairement musulmanes, qui ont aidé l’armée et les fonctionnaires du Canada en Afghanistan et qui se terrent dans la peur des Talibans.

Québec solidaire, après avoir à l’encontre du piège caquiste reporté sa prise de position après une rencontre qui sera sans doute riche en excuses tardives, pliera-t-il comme il l’a fait lors de l’affaire du serment d’autant plus qu’il y a davantage ici que le Quebec bashing ? Ce n’est pas tout d’appeler à la manifestation de ce samedi-ci (13h, 4 février, Monument G.É. Cartier) Femme, Vie, Liberté. Il faut aussi s’assurer que la chef de file canadienne de la lutte contre l’islamophobie soit non seulement crédible auprès du peuple québécois mais aussi qu’elle soutienne sans faille la lutte des peuples du Moyen-Orient et du Nord de l’Afrique contre les régimes autoritaires instrumentalisant la religion musulmane.

Marc Bonhomme, 3 février 2023

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