La majorité de la population du Québec, il ne faut pas l’oublier, cherche avec raison à se débarrasser d’Harper. À cette question importante, Duceppe place libéraux et néo-démocrates sur le même pied et les invite à régler la question dans le reste du Canada alors que lui s’occupera des intérêts du Québec. Mais de quels intérêts au juste ? Ce type de discours, qui sert aussi de porte-voix aux politiques du PQ, obnubile la conscience de classe, ce qui empêche de livrer une véritable bataille contre les politiques d’austérité.
Par exemple au plan économique au Québec, les deux budgets déposés par le ministre des finances du Parti Québécois, Nicolas Marceau allaient exactement dans le même sens que le dernier budget Leitao du parti Libéral. Marceau proposait en effet une croissance des dépenses de programme de 1,8% dans l’objectif de l’atteinte du déficit zéro avant 2013-2014. Il était même plus austère que le dernier budget Bachand de 2011 qui proposait des augmentations des dépenses de l’ordre de 3,7%.
L’accès à la souveraineté représente un changement de rapport de force de la classe ouvrière par rapport à l’État canadien. L’indépendance du Québec ne pourra se réaliser que dans un projet de société émancipateur et inclusif où la population sentira qu’elle est appelée à prendre le contrôle de sa destinée, de ses ressources naturelles, de son environnement. Cette mobilisation citoyenne pour un Québec souverain aura aussi un impact en dehors de nos frontières.
Il est dans le propre intérêt du mouvement social canadien de nous appuyer parce que cela changera aussi leur rapport de force envers l’État canadien. En retour leur appui sera aussi un élément important pour nous contre la réaction canadienne. Objectivement nos intérêts sont les mêmes, mais nos dynamiques sociales sont différentes. L’exemple de la Grèce nous indique qu’un pays ne peut compter seulement sur ses seules forces, surtout devant la centralisation du contrôle économique dont les banques, les multinationales et les agences de notations comptent parmi les plus importants bénéficiaires.
À ce chapitre le BLOC dresse un mur entre les forces sociales du Québec et du reste du Canada qui empêche toute possibilité de tisser ces liens et d’établir des rapports d’appui et de compréhension mutuels dont nous avons grandement besoin.
Le NPD quant à lui est un parti social-démocrate issu du mouvement syndical canadien, avec toutes les déformations que cela représente. Mais il représente en ce moment le seul outil qui n’appartient pas aux secteurs de la grande bourgeoisie et qui peut permettre un changement. Cette conscience de classe, forgée à partir des luttes syndicales et politiques, et qui a fait chavirer le vote d’identité nationale vers un vote gauche-droite au Québec ne s’apprend pas dans les livres. La gauche doit s’en servir pour aller plus loin et travailler à construire une véritable alternative politique progressiste pan canadienne qui soutiendra la souveraineté du Québec. Comme le disait Lénine, on soutient les sociaux-démocrates comme la corde soutient le pendu.