Édition du 23 avril 2024

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États-Unis

La persistante injustice d'Attica

Il y a 40 ans de cela, plus d’un millier de prisonniers enfermés dans l’établissement correctionnel d’Attica, débutèrent un mouvement de contestations d’envergure en faveur de la défense de leur droits civils et humains. Cette insurrection, à peine mentionné dans les manuels scolaires, était l’une des plus importante rébellion dans l’Histoire des États-Unis.

de

traduction : Shelly D. D’Cruz

L’effrayant centre pénitencier d’Attica, qui ouvrit en 1931 (situé à mi-chemin entre les villes de Buffalo et de Rochester), était surpeuplé et soumis par des pratiques carcérales rigides et bien souvent arbitraires.

Les matons étaient des hommes blancs venant des zones rurales du Nord de l’État de New York ; les prisonniers étaient pour la plupart, des Afro-Américains et des Porto-ricains venant des centres urbains. Ils voulaient obtenir des soins médicaux décents afin que des prisonniers tels que Angel Martinez, 21 ans puisse recevoir un traitement pour sa polio débilitante. Ils voulaient plus de programme de liberté conditionnelle afin que quelqu’un comme L.D. Barkley, également 21 ans, ne finisse pas enfermé dans une prison de sécurité maximale pour avoir conduit sans permis de conduire. Ils voulaient aussi moins de règles discriminatoires afin que les prisonniers noires comme Richard X. Clark n’ait pas à s’occuper uniquement des pires tâches tandis que les Blancs se voyaient attribuer les meilleures. Ces hommes ont d’abord essayer d’écrire aux autorités, mais leur revendications pour des réformes furent largement ignorés. Inévitablement, ces premières ont éclaté au grand jour.

Durant cinq jours, les Américains étaient scotchés à leur écran de télévision suivant le déroulement de ce soulèvement. Ils assistèrent avec étonnement à l’élection de représentants pour chaque unité carcérale , afin que ceux-ci puissent mener les négociations. Ils regardèrent incrédules, ces même prisonniers protéger les civiles et le personnel pris en otage.

Ils observèrent aussi ces prisonniers exiger la présence d’observateurs officiels pour s’assurer que ces négociations soient effectives et pacifiques avec les autorités : parmi eux, le chroniqueur du New York Times, Tom Wicker ; l’avocat radical William M. Kunstler ; des politiciens tels que Arthur O. Eve, John R. Dunne et Herman Badillo ; des religieux ainsi que des militants.

Alors que la rébellion se poursuivait, la pelouse entourant le centre pénitencier d’Attica se remplissait de centaines de réservistes lourdement armés, ces observateurs furent alors inquiets que le Gouverneur Nelson A. Rockefeller, ayant déjà refusé d’accorder l’amnistie aux prisonniers s’ils se rendaient, allait recourir à la force. Si le cas était, ces observateurs avaient pleine conscience que cette situation allait finir dans un bain de sang.

Plusieurs observateurs supplièrent le gouverneur de venir à Attica. A défaut d’une amnistie, ceux pensèrent que sa présence pourrait au moins assurer aux prisonniers que les autorités allaient honorer les termes des accords si une issue était trouvé et que sa présence empêcherait toutes représailles dans le cas où ils arrêteraient leur mouvement de contestations. Rockefeller ne considéra même pas l’offre.

Le matin du 13 septembre 1971, le gouverneur donna le feu vert aux hélicoptères de survoler la prison et d’épandre du gaz lacrymogène. Tandis que les prisonniers et les otages tombèrent à terre aveuglés, suffocants et neutralisés, plus de 500 réservistes investirent les aires de promenade et la cour en les criblant de milliers de balles.

En moins de 15 minutes, l’air se remplit des hurlements et les corps de 39 personnes – déjà mort ou agonisant -recouvraient le sol (29 prisonniers et 10 otages). « Je pouvais voir tout ce sang coulant parmi la boue et l’eau » se souvint un prisonnier « c’est tout ce que je pouvais voir. »

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